« Sans eau potable, hygiène et assainissement dans les centres de santé », certains Objectifs du Développement Durable (3 et 6) ne seront pas atteints à l’horizon 2030. Ce constat, fait par l’OMS à Genève, en mai 2019, a occasionné l’adoption de 11 engagements par les pays membres dont le Mali. A six ans de la date butoir, le Mali est à la traîne dans la mise en œuvre des engagements : les défis sont à la fois politiques et humains.
Service “Pédiatrie” du Centre de Santé de référence de Kalancoro (Bamako). Nous sommes le samedi 2 mars 2024, trois médecins sont en consultation à un rythme effréné. Dehors, certains patients arrêtés, tenant leur enfant par la main attendent leur tour pour entrer dans la salle de consultation. Une salle avec une table où sont prescrites les ordonnances, un lit de consultation, des tabourets plastiques de différentes couleurs entassés au milieu de la salle. Près du lit, se trouve un lavabo raccordé à l’adduction d’eau potable. Pendant tout le temps de notre passage, pas un seul pédiatre ne portait un gang pour la consultation. Pis, pas une seule fois, l’un d’entre eux n’a lavé sa main au savon avant ou après une consultation à notre présence.
Au Centre de Santé communautaire de Kabala, le constat est le même. Au moins cinq kits de lavage des mains sont installés dans la cour. Aucun patient ni aucun accompagnant n’a lavé sa main en rentrant dans le centre de santé ou en y ressortant. A la Maternité dudit centre, pas de lavabo dans la salle de consultation prénatale. La sage-femme, à notre passage, ne portait aucun gang de protection. Comme à Kalabancoro, à Kabala aussi, on constate qu’il y a un pas entre la présence de l’eau dans les centres de santé et son utilisation effective par les patients et accompagnants, d’où la nécessité de sensibiliser les agents pour relever le défi humain.
Au niveau politique…
A Genève, les Etats se sont engagés à intégrer dans les centres de santé : l’Eau, l’Hygiène et l’Assainissement pour la Prévention et le contrôle des infections (WASH / PCI). A ce jour, sur les 11 engagements pris par le gouvernement du Mali à travers le ministère de la Santé, six (6) sont avancés dans leur réalisation. Le reste (5 engagements) est à – 50% du taux d’exécution. L’engagement n°2 qui consiste à « établir et appliquer des normes minimales WASH/PCI et les intégrer dans un système d’accréditation et de réglementation » est en cours d’exécution.
En janvier dernier, la Direction générale de la Santé et de l’Hygiène Publique (DGSHP) a lancé une étude d’évaluation complète de la situation Eau, hygiène et Assainissement en milieu de soins. Il s’agit de l’engagement n°1 de Genève. « Cette évaluation permettrait de disposer de données factuelles assez complètes », assure Ousmane Témé, point focal WASH/PCI à la Sous-Direction Hygiène Publique et Salubrité. Les résultats de l’évaluation, explique le point focal, orienteront les gestionnaires des établissements de soins.
Selon Mahamane Touré, chargé de programmes à WaterAid Mali, l’étude d’évaluation sur l’état des lieux WASH dans les centres de santé devait être réalisée avant décembre 2022. « Les conclusions de cette étude sont très attendues. Car elles sont nécessaires pour élaborer et mettre en œuvre une feuille de route de mise à niveau WASH/PCI des établissements de santé », a indiqué Touré. Sans cette feuille de route, insiste Touré, « tout le processus est un pilotage à vue ».
Au bureau de l’OMS au Mali, le Conseiller Sory Ibrahim Bouaré souligne l’importance de l’eau, l’hygiène et l’assainissement dans les centres de soins. Cela permettra entre autres : la prévention des infections, l’amélioration de la qualité des soins, la prévention de la résistance aux antimicrobiens dans les établissements de soins ainsi que la préservation de la santé maternelle, néonatale et infantile.
Alors que les décideurs trainent le pas à Bamako, à l’intérieur du pays, l’urgence est réelle. Dans plusieurs centres de santé, les agents puisent de l’eau dans les puits à grand diamètre, et dans le meilleur des cas, avec des pompes manuelles à eau. Une situation déplorable dans les maternités où le besoin en eau potable pendant et après l’accouchement est énorme. La situation est telle que depuis janvier 2020, WaterAid Mali a lancé le projet BESEYABLON pour apporter l’eau, l’hygiène et l’assainissement dans 14 centres de santé dans les centres de Bla et Kati.
Mamadou TOGOLA/maliweb.net
Un pays à l’abandon total
On peut espérer des groupes de travail, des feuilles de route, ……, blabla blabla