Depuis quelques jours, le fleuve Niger est en train de mettre en péril la vie des hommes. Elle a provoqué de très graves inondations dans la région de Niamey où elle met en péril les populations et les biens, notamment depuis la nuit du 17 au 18 Août 2012.
Depuis le début de la deuxième décade du mois d’Août 2012, le fleuve Niger connaît une crue exceptionnelle dans le secteur du Niger Moyen. Selon les informations reçues des services Météorologiques, plusieurs épisodes pluvieux pour partie de caractère exceptionnel, se sont succédé dans la région du Niger Moyen et notamment sur le bassin versant des affluents burkinabé, depuis la fin du mois de juillet. Compte tenu du volume relativement modeste des écoulements en provenance du Niger supérieur en cette période de l’année, les eaux à l’origine de cette crue proviennent principalement de ces affluents. Face à un événement de cette ampleur, il est indispensable pour l’Autorité du Bassin du Niger (ABN) qui coordonne les activités de suivi du fleuve d’agir promptement pour acquérir, valoriser, et conserver toutes les informations utiles sur son déroulement et ses conséquences, afin d’en garder la mémoire, de contribuer à améliorer la connaissance des phénomènes et d’éclairer les décisions à prendre, tant au niveau régional que dans les pays concernés.
Selon les spécialistes, l’importance et l’étendue des inondations par débordement d’un cours d’eau sont liés à la fois à l’importance de son débit, au volume écoulé et aux caractéristiques hydrauliques des zones inondables à l’extérieur de ce dernier. Pour ce qui concerne la localité de Niamey en particulier, il faut souligner la lenteur du régime de crues et de décrues (plusieurs semaines), du fait de la faiblesse des pentes du lit du Niger. Cet état de fait conduit à l’allongement de la durée des submersions et contribue ainsi à accentuer l’ampleur des dégâts. Une autre raison qui explique l’importance des inondations actuelles est liée au remblaiement partiel du lit mineur du fleuve qui s’est, de fait, exhaussé consécutivement au phénomène d’ensablement. D’autre part, du fait de la péjoration climatique des quatre dernières décennies, les établissements humains sont multipliés dans la zone inondable du lit majeur du fleuve Niger, en raison de la faiblesse des crues et des inondations qui en résultent. La conjonction des conséquences de ce phénomène et de l’accroissement des volumes ruisselés soulignés plus haut, conduira très probablement dans les prochaines années, à des inondations de plus en plus fréquentes et de plus en plus dommageables pour les populations de la région de Niamey.
Pour ce qui est de la lutte contre les effets néfastes de ces inondations, s’il est possible de prévoir l’évolution du débit et de la hauteur d’eau correspondante dans le lit du cours d’eau, l’état de l’art en matière de modélisation hydraulique opérationnelle ne permet pas à ce jour de déterminer les champs d’inondation sur l’ensemble de la ville de Niamey. Les résultats d’une étude réalisée en 2007, conjointement par le Centre régional AGRHYMET (CRA) et l’Autorité du Bassin du Niger (Trebossen, H. et al. 2007), montre cependant qu’une partie considérable de la ville de Niamey est située en zone inondable. Toutefois, la vérification à postériori de certaines conclusions de l’étude montre qu’il faudrait les nuancer. En effet, la carte produite par l’étude montre qu’à la cote 600 cm (crue centennale) à la station hydrométrique de Niamey, les locaux de la Direction technique de l’ABN, sur la rive droite du Niger à Niamey, ainsi qu’une grande partie du CRA seraient inondés, y compris une partie du domaine universitaire où seuls les bâtiments administratifs et la cité des étudiants seraient épargnés. Si une bonne partie du domaine du CRA et du domaine universitaire ont été inondées à l’occasion de la crue en cours, la Direction Technique de l’ABN n’a pas été touchée, de même qu’une bonne partie du domaine universitaire est restées hors de l’eau, jusqu’à la cote 617 cm. Cette différence résulte très probablement des erreurs sur les données topographiques, compte tenu de l’échelle de la carte qui avait été utilisée par l’étude.
L’onde de la crue enregistrée à Niamey va évoluer d’amont vers l’aval et devrait affecter d’autres localités comme Karimama et Malanville (dans un délai d’une semaine environ) à la frontière Niger-Bénin et le nord du Nigeria. D’autre part, en cas d’apports significatifs par le Goroubi, la Tapoa et la Mékrou en aval de Niamey, on devrait logiquement s’attendre à une amplification des effets des inondations. Dans le cas contraire, l’onde de crue va aller décroissant d’amont en aval avec la perte d’une partie des eaux par infiltration dans les zones d’épandages successives traversées. Si cette tendance devait persister, il est fort probable que la crue de cette année 2012 y atteigne un niveau très important pouvant occasionner des inondations. Si en plus de cela une vidange préventive de Kainji devait intervenir, des dispositions supplémentaires devraient être prises pour la protection des populations et des biens, en raison de son impact sur les inondations dans la localité et ses environs.
Destin GNIMADI
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