De très fortes précipitations attendues au cours de l'hivernage : Les risques d'inondations restent très élevés à Bamako et à l'intérieur du pays

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Depuis quelques années, Bamako et plusieurs capitales de l’Afrique de l’ouest connaissent de graves inondations, occasionnant sur leur passage de nombreux dégâts matériels et des pertes en vies humaines. Selon les prévisions météorologiques, les précipitations attendues à Bamako cette année  indiquent une quantité de pluie identique à celle tombée en 1977. Laquelle, rappelle t- on, avait plongé le district et une grande partie du pays dans les eaux et causé des pertes en vies humaines. A Bamako, où de nombreux écueils se dressent sur le passage des eaux de pluie et empêchent ainsi toute possibilité d’évacuation, il y a vraiment péril en la demeure.

Dans beaucoup de nos pays, surtout ceux d’Afrique de l’ouest, il est devenu courant que derrière toute bonne pluviométrie se cache une forte inondation, avec son cortège de malheurs. Pour preuve, le bilan des inondations en Afrique de l’ouest aura fait, entre 159 et 180 décès, et plus de 600 000 sinistrés.

Le 1er septembre 2009, il est tombé, dans la seule ville de Ouagadougou, 26,3 centimètres d’eau en 12 heures. Une quantité équivalente au quart de la pluviométrie annuelle du Burkina Faso. Il y avait eu plus de 24 000 maisons détruites et 150 000 personnes déplacées, selon l’Organisation mondiale de la santé. Le même jour, au Niger, précisément dans la ville d’Agadez, 3500 maisons étaient détruites et 28000 personnes sinistrées. Des pluies diluviennes ont frappé aussi le Sénégal, le Ghana, la Guinée, la Côte d’Ivoire, la Mauritanie et le Mali, pour ne citer que ceux-là. A Bamako et dans certaines villes de l’intérieur du Mali, les eaux en furie n’ont rien épargné sur leur passage : habitations, réserves de céréales, infrastructures routières et de télécommunications.

Il tombera sur Bamako et Bougouni, une quantité de pluie similaire à celle de 1977

Nous sommes prévenus ! Cette année, ce ne sera pas la pluie qui va se désirer. Elle sera bonne pour l’ensemble des Etats du sahel, elle sera d’ailleurs très bonne à Bamako, a déclaré Mohamed Kouyaté, chargé du volet prévisions météorologiques à la direction du service du même nom. Il a indiqué, au cours de l’entretien que nous avons eu avec lui, que le service de la météo qui excelle dans la publication de bulletins hebdomadaires, a toujours su sonner l’alerte pour prévenir tout risque d’inondations. Les inondations survenues entre 2008 et 2009 ont été annoncées par la météo avant même qu’elles ne surviennent. C’est en cela qu’elle sert, à savoir donner de l’information sur les mouvements de l’atmosphère, les précipitations climatiques, dira notre interlocuteur. Autrement dit, maintenir constamment en état d’éveil les populations pour qu’elles adaptent leur quotidien au mouvement des changements climatiques.

Les trois mois à venir seront très pluvieux. Des localités comme Bamako et Bougouni vont enregistrer des quantités similaires à celles des années 1977 et 1991. Mais sur l’ensemble du pays, il est attendu la même quantité que celle de 1995. Une période jugée tout aussi abondante.

En ce qui concerne la saison en cours et qui est à ses débuts, des signes annonciateurs d’une forte pluviométrie sont déjà là. Il y a quelques jours de cela, plusieurs localités de notre pays ont été abondamment arrosées par les eaux de pluie. La pluviométrie enregistrée fut énorme dans la ville de Ségou : 115 mm. Du jamais vu depuis 1977. Le spectacle le plus saisissant était dû au fait que plusieurs quartiers de l’ancienne capitale bambara étaient dans les eaux. Des maisons se sont effondrées dans certains endroits, alors que les infrastructures étaient quasiment invisibles aux coins de la ville.

Mohamed Kouyaté, du service de la météorologie est formel, lorsqu’il affirme que la plupart des inondations, comme on en voit un peu partout dans une grande et majeure partie de l’Afrique, sont dues à un problème d’urbanisation de nos villes, plutôt qu’aux facteurs de la pluie : absence totale de réseaux de canalisation, dépôts anarchiques d’immondices, manque de suivi dans le curage des caniveaux.

A la Cellule technique d’appui aux communes (Cetac), service dont le domaine de prédilection est l’assainissement du district de Bamako et, où nous avons débarqué, le directeur, Oumar Konaté, et son équipe, ont d’ores et déjà mis le pied à l’étrier. Histoire de débarrasser les caniveaux des quelques déchets obstruant le passage des eaux, aux seules fins d’éviter tout risque de débordement.

Faut -il préciser que quatre structures interviennent constamment sur le terrain, dans le cadre de l’assainissement de la ville de Bamako. Il s’agit, entre autres, de la direction de l’assainissement chargée du curage des collecteurs et des marigots, l’Ageroute,  qui intervient dans le cadre de l’entretien routier et s’occupe du curage des routes, la mairie centrale et la Cetac. S’y ajoutent diverses associations et organisations et aussi des bonnes volontés.

La Cetac intervient à l’intérieur des quartiers, lesquels concentrent des facteurs occasionnant les phénomènes liés au risque d’inondation. Les collecteurs et caniveaux des quartiers ne sont jamais curés. C’est pourquoi la cellule technique d’appui aux communes a voulu y étendre ses actions. Il n’est pas surprenant de constater, dans les coins et recoins des habitations, des ouvriers à l’œuvre pour vider les caniveaux de leurs immondices.

 

Manque criard de réseaux de drainage des eaux dans les nouveaux quartiers de Bamako

Il est aberrant de constater que la plupart des nouveaux quartiers n’ont pas de réseaux de drainage des eaux de pluie. Les seuls caniveaux existants se trouvent tout au long des voies aménagées. Ils ont été faits dans ces endroits précis, dans le seul but de protéger les voies principales, déplore, pour sa part, Oumar Konaté, directeur de la Cetac.

Seulement les anciens quartiers réalisés du temps de la colonisation disposent de réseaux de drainage. L’une des actions de la Cetac consistera à réhabiliter les caniveaux des vieux quartiers. Il s’agit de les réhabiliter, mais aussi de les couvrir, soutient Oumar Konaté.

A l’ACI 2000, le flux d’eau est des plus évidents, en raison aussi de la politique d’urbanisation de ce quartier, qui non seulement subit les courants d’eau venant des quartiers de Hamdallaye et Lafiabougou, mais ne dispose pas de réseaux de drainage. Les eaux de pluie peuvent remonter jusqu’à 40 centimètres de la surface de la chaussée.

Ce qui fera dire, au directeur de la Cetac, que les problèmes sont identifiés, mais les moyens financiers ne sont pas mobilisés.

La question de l’assainissement, relève-t-il, ne doit pas être dévolue aux seules personnes intervenant dans le domaine. C’est une activité qui a besoin de l’implication de tous. C’est à partir de là, précise-t-il, que nous contribuons à rendre nos villes propres et à empêcher les risques d’inondation.

Abdoulaye DIARRA

 

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