COP-27 à Charm El-Cheikh en Égypte : L’Afrique entre industrialisation et la gestion du réchauffement climatique

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C’est sans doute l’une des problématiques majeures qui se pose à l’humanité en ce début du 21e siècle. Le réchauffement climatique encore appelé le changement climatique pose de nombreux défis aux dirigeants de la planète et frappe durement certaines régions du globe notamment l’Afrique.

Fort de ce constat, l’Organisation des Nations Unies (Onu) a instauré depuis 1995 une conférence annuelle sur le climat dénommée « La conférence des parties »- Cop. La première Cop a donc eu lieu en 1995 à Berlin, en Allemagne. Cependant, l’histoire de la Cop remonte en 1992. Cette année-là, 178 pays se sont réunis à Rio de Janeiro (Brésil) lors du « Sommet de la terre ». Le sommet a été sanctionné par la Déclaration de Rio de Janeiro sur l’environnement et le développement. Dans cette déclaration, figure une Convention sur le climat. L’objectif de cette convention est de « réduire les émissions de gaz à effet de serre afin de minimiser l’impact humain sur le changement climatique. ». De 1995 à nos jours, une conférence annuelle sur le climat est organisée sous l’égide des Nations Unies. En cette année 2022, la Cop-27 se déroule dans la ville égyptienne de Charm el-Cheikh au bord de la Mer rouge.

L’industrialisation: gage du développement économique de l’Afrique

Le continent africain est le moins industrialisé de tous les autres continents. Pourtant, c’est un continent qui regorge d’énormes ressources minières et naturelles (gaz, pétrole, or, uranium, coton, café, cacao…) C’est dire que l’Afrique est une terre de matières premières. Cependant faute d’unités industrielles suffisantes, la plupart de ces matières premières ne sont pas transformées sur place. Conséquence, le chômage et la pauvreté deviennent monnaie courante.

II va sans dire donc que l’industrialisation est le seul gage de la croissance économique de l’Afrique. La nature ayant bien servi les États africains (l’or au Mali, au Ghana, en Afrique du Sud, le pétrole au Nigeria, en Algérie, l’Uranium au Niger, le café, le cacao en Côte d’Ivoire, le lithium en République Démocratique du Congo, le coton au Burkina Faso…), il ne manque plus que les unités industrielles pour amorcer une véritable croissance économique. Prenons l’exemple du café et du cacao, la Côte d’Ivoire est le deuxième pays producteur de ces matières premières dans le monde. Si la transformation était faite sur place, cela représenterait à des milliers d’emplois créés. Les agriculteurs verront également leur travail plus valorisé et donc mieux rémunéré. Les produits finis (chocolat,..) seront moins chers sur le marché. Pour paraphraser un célèbre chanteur burkinabé, producteur de café de cacao mais difficile d’avoir du chocolat au petit déjeuner tel est le cas de nombreux agriculteurs en Afrique.

Si le pétrole et le gaz étaient transformés dans les pays producteurs de ces matières premières en Afrique, en plus de la création d’emplois, le coût du carburant et du transport reviendraient moins cher que c’est le cas aujourd’hui. Il est paradoxal aujourd’hui que l’Afrique continue à importer des vêtements faits à base de coton. Le coton produit au Mali, au Bénin et au Burkina Faso suffit pour vêtir les africains. Si nous parvenons à mettre en valeur nos produits, nous n’aurons pas du mal à les exporter et donc à terme nous redressons la balance commerciale. Aujourd’hui notre balance commerciale est déficitaire tout simplement parce que les autres viennent chercher nos matières premières, les transformer puis reviennent nous les vendre chers. Tout ceci constitue un frein au développement économique du continent africain.

La lutte contre le réchauffement climatique: un obstacle à l’industrialisation

La lutte contre le changement climatique est devenue aujourd’hui une problématique majeure de l’humanité. C’est pourquoi chaque année, tous les pays de la planète se réunissent sous l’égide de l’Onu afin d’adopter des « mesures idoines ». Nous utilisons les guillemets parce que ces mesures ne sont pas tout à fait idoines pour l’ensemble des pays en particulier ceux d’Afrique. Pour prendre l’exemple le plus récent, dans les résolutions de la Cop-26, il est recommandé d’aller vers un abandon progressif des énergies fossiles notamment le charbon. Les énergies fossiles sont issues de la transformation de matières organiques enfouies dans le sol pendant des millions d’années. Elles proviennent des réserves composées principalement de carbone. Ces énergies sont dites « non renouvelables ». Est-ce bien le cas? Pas vraiment. Si la transformation peut prendre du temps, elle n’en demeure pas moins impossible.

Comme nous l’avons vu plus haut, la plupart des matières premières présentes en Afrique proviennent des énergies fossiles. Autre constat, les pays les plus industrialisés ont utilisé ou continuent d’utiliser des énergies fossiles à l’instar des États Unis, de la Chine ou de l’Inde. D’ailleurs c’est l’Inde qui a mis son veto pour que le mot « abandon » (des énergies fossiles) ne figure pas dans le communiqué final de la COP 26. Si les pays qui sont déjà industrialisés, développés, ne veulent pas toujours abandonner ces énergies, quid de l’Afrique qui est en phase préliminaire de l’industrialisation? Un seul chiffre, l’Afrique contribue à 3% d’émission de gaz à effet de serre dans le monde. Pourquoi doit-on demander les mêmes efforts à tous les pays avec ce taux extrêmement déséquilibré ?

Il est évident qu’à l’état actuel des choses, le continent africain ne devrait pas appliquer ces mesures sinon ce serait synonyme de renoncer à sa croissance économique. Nous soutenons cette thèse pour la raison suivante: les pays développés, donc responsables du réchauffement climatique, sont censés remplir leur part du contrat en finançant les projets d’énergies vertes ou énergies renouvelables (centrales solaires, énergies éoliennes, énergie hydraulique) à hauteur de 100 milliards par an après la Cop-21 à Paris. Sauf que cette promesse n’a jamais été tenue. Et pour cause, le pays qui contribue le plus aux États-Unis, s’est retiré de l’accord de Paris. Même si les États-Unis ont rejoint l’accord après l’élection de Joe Biden, les 30 milliards qui étaient promis n’ont jamais été décaissés. Doit-on s’en tenir aux promesses d’une Cop à une autre pendant que les autres pays continuent à se développer ?

Une solution pour l’Afrique?

Après avoir démontré que le développement de l’Afrique passe par l’industrialisation, que la question du réchauffement climatique constitue à un obstacle à cette industrialisation, nous allons à présent parler des solutions qui s’offrent aux pays africains. La solution la plus évidente, et ce n’est pas une surprise, c’est de créer des unités industrielles. Ce faisant, on crée de l’emploi et donc de la richesse. En utilisant tout le potentiel qui existe, le taux de pauvreté va considérablement baisser. Le niveau de vie des populations sera amélioré. En parallèle, il faudra adopter des mesures alternatives pour lutter contre le changement climatique. Le reboisement est l’une des solutions. Dans la plupart des pays africains, les principales activités sont l’agriculture, l’élevage, la pêche… En faisant du reboisement, on obtient une bonne pluviométrie. Ce qui favorise les activités agro- sylvo- pastorales qui favorisent à leurs tours la création des unités industrielles dans le domaine agroalimentaire.

Vous l’aurez compris, l’Afrique doit, tout en luttant contre le réchauffement climatique à sa manière, développer des industries pour sa croissance économique.

Brehima Sidibé

Doctorant à CY Cergy Paris Université

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