Concession de la foret classée de la Faya à Mamadou Sinsi Coulibaly : Le ministre de l’Environnement et le directeur national des eaux et forêts au centre d’un scandale

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Les forêts classées ont vocation d’approvisionner les villes en  bois d’énergie, charbon et autres usages comme l’exploitation à but pharmaceutique. Elles ne peuvent être utilisées autrement. Le ministère de l’Environnement et de l’Assainissement, à travers la Direction nationale des Eaux et Forêts et la société Tam Voyages, ont signé, lundi dernier, des contrats de concession de ladite forêt et de bail des réserves de faune du Sounsan et du Banifing Baoulé. Dans un tel contrat, quel sort sera réservé aux dizaines d’agents forestiers qui sont déployés dans la protection des forêts? Vu déjà le nombre réduit de l’effectif, quel sera le moyen pour l’Etat de suivre la gestion de ces forêts ?

 

Troisième du genre dans la gestion forestière au Mali, le présent contrat,  qui a été signé en catimini, en l’absence de toutes informations du public sur les enjeux, profite bien aux auteurs qui ont exploité la situation actuelle du pays pour signer ledit contrat. La concession d’une forêt classée prive l’Etat de tout contrôle sur les ressources naturelles et halieutiques. Aucune information n’a été donnée sur le cahier de charges du concessionnaire ni sur le montant du contrat. La part des collectivités et des populations riveraines des forêts n’est pas définie. Alors qu’en la matière, l’article 37 du décret n°2011/PRM, déterminant les modalités et conditions d’exploitation des massifs du domaine forestier de l’Etat et des collectivités territoriales, stipule que «dans les domaines forestiers de l’Etat et des collectivités territoriales, les droits d’usage portent sur : le sol forestier ; les fruits et les produits de la forêt naturelle (…). Toutefois, la nature et la quantité de ces produits doivent être au préalable, précisées dans le cahier des charges  de l’exploitation ». Il y a là un risque sérieux de l’appropriation de ce patrimoine public  par le concessionnaire. Il y a nécessité de revenir là-dessus. De sources concordantes, le ministre de l’Environnement et de l’assainissement, Ousmane Ag Rhissa, aurait été hésitant. Mais le directeur national des eaux et forêts, Alassane Boncana Maïga, l’aurait convaincu de cautionner l’affaire, en prétextant que celle-ci n’est pas la première du genre.

Classée en 1943, la forêt classée de la Faya couvre une superficie de 80 000 hectares et s’étend dans les cercles de Kati, Dioïla et Koulikoro. Rappelons que cette forêt était, à ses débuts, une réserve de bois pour Bamako et pour la régie des chemins de fer Dakar-Niger. Elle est composée de 75 633 ha de forêt naturelle contre 4 367 ha de plantations. La Faya subit, de nos jours, trois agents de dégradation: exploitation abusive et incontrôlée du bois, forte pression pastorale sur les formations naturelles, les plantations artificielles et feux de brousse. A tout ceci est venu s’ajouter cette scandaleuse concession au patron du groupe Tam voyages.

La cérémonie de concession de la forêt classée de la Faya s’est déroulée, lundi dernier,  au Conseil national du patronat malien, sous la présidence du ministre l’Environnement et de l’assainissement, Ousmane Ag Rhissa. C’était en présence du directeur national des eaux et forêts, Alassane Boncana Maïga, du patron de Tam Voyages, Mamadou Sinsi Coulibaly, et de plusieurs fonctionnaires du service des eaux et forêts. Cette signature de contrat pose une  nouvelle empreinte dans le partenariat public-privé basé sur le népotisme et l’inégalité, cultivée par le gouvernement pour rétrograder l’économie malienne.

Rokia DIABATE

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