L’avènement de la démocratie dans notre pays en 1991, a été salutaire certes. Cependant, la première conséquence de ce phénomène, a été l’incivisme criard. Et dans la capitale de l’or blanc et du Miniankala, Koutiala, les populations refusent l’assainissement. Cela depuis quelques temps malgré la sensibilisation et autres tentatives de démontrer les bienfaits de l’assainissement, synonyme de sauvegarder la santé des populations de la commune par la mairie.
rnKoutiala, ville de la troisième région du Mali, est une commune qui tente de se développer depuis 1966. Deuxième ville peuplée après Bamako et la troisième ville la plus peuplée après Bamako et Sikasso avec 105 000 habitants, la ville de Koutiala est subjuguée par les ordures et les odeurs pestilentielles des usines qui la quadrillent et qui refusent de payer les taxes municipales, à en croire le maire. Ville carrefour et frontalière dans laquelle les Mianka, les Sénoufos, les Bambaras, les Soninkés, les Dogons, les Peulhs, les Bobos, cohabitent, les autorités communales lancent un véritable SOS afin que les populations et les industrielles l’aident à assainir la ville.
L’économie de la ville est agro-industrielle, le commerce et l’artisanat aussi y sont développés. Le visiteur qui débarque à Koutiala pour la première fois en faisant un tour dans la ville, aura l’impression que la ville n’a pas de maire, ni de service d’assainissement ou de service d’hygiène. Faux, Koutiala est dirigée par une équipe municipale qui à vrai dire, est confrontée à un incivisme des populations qui n’obtempèrent à ses ordres.
La ville qui a connu son premier lotissement depuis 1936, n’est pas encore viabilisée, il n y a pas d’infrastructures d’assainissements (collecteurs, caniveaux, dépôts d’ordure de transit final, poubelles). « A Koutiala les unités industrielles occupent le cœur de la ville et sont les plus grands pollueurs (déchets solides, liquides et gazeux) et comble du scandale, la majorité refusent de payer les taxes et autres amandes de pollution », nous confie le maire.
Ville industrielle car, à Koutiala, les populations cohabitent avec les petites unités de transformations et les garages de telle sorte que l’environnement prend un sacré coup. Aujourd’hui, tout le monde se pose la question de savoir, à quoi a servi le Schéma Directeur qui a prévu une zone industrielle et une zone artisanale dignes de ce nom. La ville qui compte plus de 400 camions remarques avec un élu transporteur et propriétaire de camion, n’a aucun programme de gestion pour ces camions sachant bien que l’occupation anarchique des rues et carrés sont à la base de plusieurs accidents. Notamment la route qui mène aux Travaux Publics (TP) ou l’Avenue de la mort,car cause de bien d’accidents souvent mortelle.
Idem pour les parcs à bétail qui ont élu domicile dans les rues et dans les concessions avec des animaux qui divaguent à tout moment sans compter qu’avec l’hivernage, des populations peu soucieuses de leur santé, ont cultivé dans leurs concessions et certains, aux alentours au vu et au de tout le monde sans être inquiétées. Aujourd’hui, avec une démographie galopante, la ville de Koutiala, n’a pas de camions Spiros pour vider les toilettes, pire, les latrines sont vidées avec des charrettes. Ainsi, leurs contenus sont souvent versés dans les rues et les environs à ciel ouvert, au vu et au su de tout le monde.
Mieux, les épaves de véhicules encombrent beaucoup les rues malgré les mises en garde de la mairie.
Cet incivisme à en croire un habitant, « ne date pas d’aujourd’hui, il a élu domicile dans les esprits depuis fort longtemps. L’avènement de la démocratie, n’a fait qu’aggraver une situation devenue habituelle par manque sanctions exemplaires ».
En guise de rappel, tous les programmes initiés pour assainir la ville ont échoué parce que les populations refusent l’assainissement. Et ce n’est pas l’ONG AMAPROS et la dizaine de GIE qui diront le contraire car, elles tentent le mieux pour le mieux pour créer un bon cadre où il fait bon vivre, en vain. Présentement, aucun GIE ne marche à Koutiala parce que la population refuse de collaborer et garde jalousement ses ordres dans les concessions et devant leurs portes pour alimenter leurs champs.
« L’arrivée de la coopération suisse dans la ville, est un ballon d’oxygène que la municipalité et les populations doivent prendre au sérieux. Et avec les deux mains », nous confie un sexagénaire de l’administration à la retraite. Il faut rappeler que la coopération Suisse existe à Koutiala depuis 2004 avec une vision d’asseoir une culture d’un environnement saint et propre à Koutiala appelé « Koutiala 21 ». Pour la réalisation de ce programme, la coopération Suisse a investi des millions pour changer le cadre de vie du koutialais en organisant des concours entre les quartiers, les écoles, financement de collecteurs, de routes, des visites d’échanges au Kenya, en Suisse, au Pérou, mais aujourd’hui, le constat est amer. Disons que c’est l’échec total. Il faut craindre que les Suisses ne plient bagages.
La grande question aujourd’hui est ce que les koutialais ont compris et adhéré au « SIGUI DA KURA» ? Est-ce que les décideurs de Koutiala sont vraiment décidés à faire l’assainissement ? Autrement dit prendre ce problème à bras le corps et jouer corps et âme ? Sans quoi il n’est un secret pour personne que le koutialais est réfracteur à l’assainissement et des slogans du gouvernement tels que, « Santé pour tous », « Un corps sain dans un esprit sain », « Une moustiquaire pour tous », demeurent lettres mortes. Il suffit de débarquer dans cette ville pour que vous soyez accueilli par des odeurs pestilentielles, des montagnes d’ordures déposées ça et là. Et même dans le marché central, n’eût été la pression de la mairie, il y a eu des moments où, des taudis étaient entassés ça et là.
C’est ce qui fait que le maire tire sur la sonnette d’alarme en invitant les plus populations et les opérateurs économiques à plus de compréhension pour rendre la ville de Koutiala propre et vivable.
Wait and See !
Sidiki Diabaté, CP à Koutiala
21 septembre 2007
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