Dans un contexte marqué par une pression croissante sur les ressources fauniques et forestières, le Mali a donné le coup d’envoi de la Campagne de reboisement nationale, édition 2024, ce jeudi 8 août 2024, à la Cité universitaire de Kabala. Les ambitions de cette 30e édition sont : la plantation de plus 18 millions de plants et le reboisement aux 8000 hectares sur l’ensemble du territoire.
“Les superficies forestières, estimées à 10,1 % de la superficie totale du Mali en 2008, sont continuellement en régression”, alertait le Programme de définition des cibles nationales de la neutralité de dégradation des terres (PDC/NDT) dans son rapport national de 2020.
Les tendances de la dégradation des terres en cours dans ces zones, selon le Programme, sont les feux de brousse, le surpâturage du fait de l’élevage extensif et de la transhumance entraînant la coupe abusive. Ce n’est pas tout.
Si pour le rapport national NDT, ces zones sont aussi affectées par la progression de l’agriculture extensive dans un contexte de réduction de la durée de la jachère, “la dégradation des terres et la mauvaise utilisation des ressources naturelles coûtent chaque année plus de 20 % du PIB, soit plus de 680 milliards F CFA au Mali”.
Ce constat a été récemment confirmé par la direction nationale des eaux et forêts dans les évaluations sur l’état des forêts au Mali. Chaque année, 450 000 à 500 000 ha de forêt disparaissent au Mali, indiquait le Système d’information forestier (Sifor) de la Dnef.
C’est face à ces nombreux défis que le Mali a lancé la 30e édition de la campagne nationale de reboisement 2024, ce début août. La campagne se poursuivra durant tout le mois sur l’ensemble du pays. Elle ambitionne la production de plus 18 millions de plants à prédominance d’espace locale et reboisement d’au moins 8 000 hectares, affirment les autorités de la Transition.
Selon le ministre de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable, Mamadou Samaké, “la campagne de reboisement a pour objectif principal de sensibiliser l’opinion nationale sur la nécessité d’investir davantage dans la lutte contre la dégradation des ressources naturelles, notamment forestières et fauniques ; la lutte contre la désertification, les effets néfastes du changement climatiques et la perte de la biodiversité”.
Les réseaux sociaux s’en mêlent
La campagne porte aussi sur d’autres activités connexes de conservation de la nature, sur les actions de défense, de fixation biologique des dunes, de restauration et conservation des eaux et sols… aux dires du ministre Samaké.
Le thème retenu pour cette année est : “Plantons des arbres, restaurons nos terres pour la résilience des écosystèmes”. A Bamako, la campagne de reboisement est suivie de près par les associations et ONG de défense et la protection de l’environnement, mais aussi par des citoyens. L’événement a reçu beaucoup de réactions sur le réseau social Facebook.
“Un Mali vert et reboisé”, l’initiative est saluée et encouragée par certains pour qui le problème est sérieux. “Il faut mettre en place un système efficace contre la déforestation dans les campagnes et continuer à sensibiliser les populations sur l’importance du reboisement”.
L’avis d’A. S. est tout autre. Pour l’internaute, “que 10 % sur les milliers des pieds d’arbres survivent après chaque campagne. Alors avant de planter, il faut mettre en place un système d’entretien durable”, a-t-il recommandé. Yacouba Tikambo quant à lui, “demande après le reboisement, l’évaluation nationale du taux de réussite de la campagne passée”.
Comme les deux internautes, beaucoup de Bamakois restent sur leur faim quant au bilan des décennies d’activités de la campagne de reboisement national car, disent-ils, “il ne s’agit pas de planter seulement, un reboisement sans suivi ne sert à rien”.
Kadiatou Mouyi Doumbia