Je viens d’aménager à Badalabougou Sema Gexco, un quartier bien sympathique. Ce qui me plaît moins, c’est que je viens de recevoir un avertissement de la Mairie de la Commune V, m’intimant de régler des arriérés de ramassage d’ordures : 9000 Fcfa ! trois mois de services rendus par la Voirie à mon prédécesseur qui, paraît-il, a filé à la cloche de bois, sans honorer également 3 factures EDM. Je crois rêver! 3000 Fcfa par mois pour ce service de la Voirie ; un simple calcul me met devant l’évidence d’une anomalie : Chez nous, au Mali le salaire minimum n’est-il pas d’environ 30 000 Fcfa ? La Mairie de cette commune ferait-elle payer, à un honnête citoyen, le 10% de son salaire pour le délester de ses déchets ! C’est aberrant mais ce qui m’inquiète encore plus, c’est l’indifférence de mes voisins « Semagexcois » qui restent insensibles devant l’imposition de ce tribut digne des temps féodaux ou coloniaux.
Si les Mairies, avec leurs subventions et leurs tracteurs ou camions, reçus généreusement en dons, ne peuvent pas faire mieux que les GIE de ramassage qui, elles, sont capables de nous débarrasser de nos déchets, quotidiennement, dans de nombreux quartiers, avec leurs ânes et leur charrettes, au prix de 750 F ou, maximum, de 15OO Fcfa, qu’attendons-nous pour économiser notre argent, garder nos ordures, les trier, en faire du compost domestique ? Nous pourrions ainsi embellir nos cours et nos jardins sans bourse délier.
A quand une campagne de formation du citoyen pour le tri des déchets et l’élaboration du compost domestique ? A quand le tri sélectif des ordures à la Sema ? A quand les points de ramassage et de tri collectifs dans les quartiers ? A quand des services rendus par la Mairie à des prix raisonnables ? Pourquoi ne pas transformer les dépotoirs qui surgissent, même dans les quartiers les plus huppés, en terrains de dépôt sélectif des ordures et de containers de compost collectifs ? Nos associations spécialistes du recyclage de plastique et nos artisans chaudronniers, qui font toutes sortes d’objets, superbes et utiles avec les déchets métalliques, y trouveraient leur compte.
Faut-il que nous attendions un demi-siècle pour résoudre le problème du traitement des ordures ? Mobilisons-nous au sein des quartiers. Finissons-en avec ces coins malodorants qui détériorent notre paysage urbain et faisons preuve d’imagination. Par ce temps de vaches maigres, les Maires se doivent de mettre en marche des plans pour aider leurs citoyens à mieux vivre sans délester leurs poches.
Mahamane Sidibé