BAMAKO – Des pluies diluviennes qui se sont abattues mercredi en quelques heures sur Bamako ont fait au moins 23 morts, détruit une centaine de maisons et fait des milliers de sinistrés, a déclaré jeudi à l’AFP un responsable au ministère malien de l’Action humanitaire.
“Les pertes en vies humaines sont au nombre de 23 (personnes qui ont été) identifiées” et dont les corps ont été transportés dans deux centres de santé de la capitale, a indiqué Alassane Bocoum, directeur national du Développement social.
Il a également fait état de “milliers de sinistrés et d’une centaine de maisons” détruites après ce déluge inhabituel même pour la saison des pluies.
Les services météorologiques du Mali ont annoncé avoir relevé 85 mm d’eau mercredi à leur station de référence dans la capitale. Selon un spécialiste, la moyenne maximale tourne autour de 50 mm pour la saison des pluies.
“Un groupe de veille a été mis en place pour sensibiliser les populations à abandonner les habitations généralement construites en banco (terre séchée) qui risqueraient de s’effondrer”, a ajouté M. Bocoum.
Des précipitations importantes ont été enregistrées en province mais sans causer de dégâts importants, a-t-il ajouté.
“Il a beaucoup plu à Tessalit (extrême nord-est), mais rien de grave” n’a été enregistré dans cette localité, et “en dehors de Bamako, aucune inondation majeure n’a été signalée”, a-t-il expliqué.
Les zones touchées sont généralement situées dans de vieux quartiers marécageux où les habitations sont pour la plupart en banco ou dans le lit de cours d’eau.
La télévision publique malienne ORTM diffusait jeudi des images apocalyptiques de certains quartiers, avec des maisons éventrées, des biens éparpillés: Un homme tente de traverser une rue avec de l’eau à hauteur d’épaule et finit par se lancer à la nage, des pompiers et habitants forment une chaîne pour secourir, à l’aide d’une corde, d’autres habitants piégés par les eaux.
“Nos maisons sont en banco depuis des dizaines d’années, mais c’est la première fois que nous sommes vraiment inquiétés” par la pluie, a affirmé à l’AFP Oumou Dabo, une ménagère du quartier de Banconi.
A Taliko, “les dégâts sont énormes”, a témoigné Gaoussou Konaté, un habitant de ce quartier.
“Il a plu trop longtemps. Il n’y a pas eu de pertes en vie humaine chez nous mais l’eau de pluie a atteint nos genoux à la maison”, a-t-il précisé en mettant en cause la spéculation foncière et des pratiques véreuses de certains responsables municipaux.
“Les maires ont vendu (des terrains à usage d’habitation) jusqu’au lit du marigot, et aujourd’hui, nous ne pouvons même pas dormir quand il pleut” de peur de mourir noyés, a-t-il lancé.
“Nous avons tout perdu: céréales, matériels, habits. C’est une véritable catastrophe”, a indiqué une victime des inondations, Sory Ibrahima Dabo, cité par le quotidien pro-gouvernemental L’Essor.
D’après des sources officielles, trois sites devant accueillir les
sans-abri ont été dotés de couvertures, nattes et moustiquaires. Certains étaient déjà rassemblés dans deux écoles mais beaucoup de sinistrés refusaient de quitter leurs quartiers.
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