Débarqué dudit département alors que le milliard qu’avait investi
Il est utile de rappeler que cette Journée nationale de salubrité devait avoir lieu tous les derniers samedis de chaque mois et qu’après le lancement qui a eu lieu ici à Bamako, la Commission interministérielle mise en place pour la cause allait procéder aux différents lancements dans les régions et cercles.
À l’époque ministre de l’Environnement et de l’Assainissement, Ousmane Ag Rhissa avait évoqué, lors d’une conférence de presse, la mise en place du Programme d’urgence d’assainissement, les évacuations déjà faites des déchets sur des sites (6 sur 9) ; l’attribution des marchés ; la recherche d’un avenant pour achever le travail, car le milliard débloqué par le gouvernement est insuffisant ; la réouverture de la décharge de Doumanzana à laquelle les riverains sont toujours hostiles ; l’achèvement des travaux de celle de Noumougou dans la commune rurale de Tienfala ; la création d’une dizaine de décharges finales pour la ville de Bamako ; l’interdiction de la fabrication et de l’usage des sachets plastiques ; le renforcement de la Voirie du District et de la Brigade urbaine d’assainissement pour l’évacuation des ordures et le contrôle, ainsi que la surveillance des sites évacués et la répression des récalcitrants, le lancement de la Journée nationale de la salubrité…
Tout cela n’était qu’un catalogue de bonnes intentions. Où sont alors passées les faramineuses sommes qui devaient servir à la réalisation de tous ces projets qu’évoquait M. Rhissa ? À l’époque, sa mauvaise gestion du Département avait été décriée. Chose qu’il ne voulait pas entendre d’une bonne oreille, mais qui, finalement, lui a valu d’être débarqué. Aujourd’hui, il serait intéressant qu’il nous fasse un bilant détaillé de la gestion du milliard déboursé par l’Etat et de l’avenant qu’il a pu avoir avec les partenaires financiers.
Une gestion chaotique
Paradoxalement, c’est après le lancement de cette Journée nationale de salubrité, qui n’a jamais été une réalité sur le terrain, que le gouvernement malien fait appel au groupe marocain Ozone pour l’assainissement du District de Bamako. Ce qui confirme, s’il en était besoin, que l’institution de cette Journée n’était que du folklore et qu’il s’agissait d’un moyen pour ruiner les caisses de l’Etat. Comme cela ne suffisait pas, il faut maintenant débloquer des milliards pour Ozone-Mali.
Soulignons qu’Ozone est un service marocain implanté au Mali qui a signé une convention d’assainissement de la ville de Bamako avec la mairie du District de Bamako, pour un montant de 9 milliards de Fcfa et une durée de 8 ans. Au grand dam des GIE qui sont contraints au «chômage technique». «Nous ne sommes pas contre l’intervention du contrat avec Ozone-Mali. Loin de là. Nous voulons seulement jouer notre partition. Nous ne connaissons que ce travail. Malgré nos faibles moyens, nous avons toujours essayé de faire de notre mieux depuis maintenant 20 ans. Nous demandons aux autorités de montrer la place des GIE dans ce nouveau système après plus de 20 ans d’activité», martelait le président du Collectif des groupements intervenant dans l’assainissement au Mali (Cogiam), Bamadou Sidibé, lors d’un point de presse.
Autant dire qu’il faut que nos autorités revoient leur copie et leur gestion en matière de politique nationale d’assainissement.
Bruno E. LOMA