Certains Bamakois comme les habitants de Djicoroni Para ne sont pas loin d’en arriver là. Ils ont tourné le dos aux Groupements d’intérêt économique parce que Ozone enlevait les déchets gratuitement. Aujourd’hui, ils ne voient plus passer les camions de cette société.
Parmi la pléiade d’intervenants directs ou indirects dans l’assainissement de notre pays, les associations (communauté à la base) ne sont pas certes en première ligne. Pour autant, de part leur omniprésence (elles sont dans toutes les régions, communes et cercles) dans la gestion des déchets solides, elles jouent, selon la Politique nationale d’assainissement (PNA), « un rôle de plus en plus important dans la gestion des déchets par la réalisation des ouvrages et par la sensibilisation ».
Djicoroni Para, 10 heures du matin sur les horloges dans cette rue passante nommée les « 20 mètres ». L’hygiénisme, ce courant de pensée mettant en avant l’hygiène pour la santé humaine, semble être bien pratiqué ici. Eu égard à la salubrité qui s’y manifeste d’emblée par le balayage de la rue et son équipement en poubelles métalliques. Mais Ousmane Diarra, président de l’Association Sigida Sanya Ton de Djicoroni nous expliquera plus tard que les rues ne sont plus aussi propres qu’elles l’avaient été dans un passé récent. La raison ? Suivez !
Deux pâtées de maisons après l’école fondamentale Dontèmè I, il y a la famille Diarra. Pour franchir le seuil de la maison des Diarra qui se distingue par une évidente hygiène, il faut marcher sur une dalle en béton. Cette dalle couvre partiellement un fossé aujourd’hui presque débordé d’eau usée, à cause d’une obstruction quelque part le long de cette excavation qui traverse longitudinalement la rue « 20 mètres » de Djicoroni Para.
Dans la cour des Diarra, les vestiges de ce qu’on peut appeler une période faste de salubrité sont omniprésents. Dans un coin de la cour, on peut voir un tas de poubelles métalliques, propriété de l’association, dont il assure la direction. Dans un autre coin, ce sont des sacs suspendus au toit d’une pièce qui semble servir de magasin. Ces sacs contiennent des déchets de différente nature. En fait, cet ancien vétérinaire à la retraite avec lequel notre équipe de reportage s’est entretenue, trie ces déchets, cela lui permet de gagner quelque pécule.
PRÊCHER LA SALUBRITÉ – Quand M. Diarra parle d’assainissement, la véhémence de ses propos traduit une grande rigueur dans la conduite des affaires de cette association. Qui a pour but de procéder à l’assainissement, l’aménagement et l’équipement des rues de Djicoroni Para en vue d’améliorer les conditions de vie de ses membres. Une bonne organisation des communautés à la base reste la seule solution pour l’assainissement de la ville de Bamako, cela est une conviction inébranlable de ce groupe de femmes, d’hommes et de jeunes qui composent cette association. Dans sa cour meublée de quelques arbres, Ousmane Diarra reçoit des membres de l’association ce jour de mars 2019, dont certains venaient chercher leur carte de membre. Ce mordu de l’hygiène ne manque jamais d’occasion de prêcher la salubrité. L’hygiène, nous explique-t-il, passe par la responsabilisation des chefs de concession dans le quartier. « Le maire reste maire de sa commune. Le chef de quartier reste le chef de son quartier et le chef de concession reste le chef de sa concession et de son environnement. De ce fait, l’assainissement lui incombe. C’est lui qui salit. On peut l’aider à rendre l’environnement propre, mais, on ne peut pas le faire à sa place. Le chef de famille doit être en pôle position, car, insiste-il, il est le premier responsable de la maison. S’il ne remplit pas sa part, c’est peine perdu », ajoute-t-il.
Même son de cloche à la mairie de la Commune IV du district de Bamako. En matière d’assainissement, les principales bénéficiaires ce sont les communautés, précise Oumar Camara, chef service assainissement et contrôle des pollutions à ladite municipalité. Elles sont les principales bénéficiaires, mais, ce sont aussi elles qui polluent et déversent des ordures dans les caniveaux. La communauté est directement impliquée. Il faut donc qu’elles jouent pleinement leur rôle, ajoute le spécialiste. Il est revenu sur la pertinence de l’institution par l’Etat d’une Journée nationale citoyenne de salubrité, dont l’objectif est de créer chez les Maliennes et les Maliens le reflexe de l’assainissement et de «l’écocitoyenneté».
LÀ OÙ LE BÂT BLESSE. Selon l’article 15 de la Constitution de 1992, « Toute personne a droit à un environnement sain. La protection, la défense de l’environnement et la promotion de la qualité de vie sont un devoir pour tous et pour l’Etat ». Preuve irréfutable de l’importance de ce secteur pour un Etat comme le nôtre. Toutefois, l’assainissement dans notre pays est en butte à certaines difficultés. Comme le manque de dépôt de transit dans la capitale par exemple, qui est devenu un secret de polichinelle, les spécialistes en parlent partout. Selon eux, il faut 30 dépôts transitoires dans la capitale pour lui éviter d’être surchargée de montages d’ordures comme le « kilimandjaro II » de Lafiabougou qui avait atteint les 700.000 m3. Mais l’autre problème, c’est le manque de symbiose entre les intervenants dans le ramassage des ordures.
Certains spécialistes, comme Oumar Camara, pensent qu’on a été dur à l’endroit des Groupements d’intérêts économiques qui s’occupent du ramassage des ordures. « Avant l’arrivée de la société Ozone, les GIE faisaient face à des difficultés qu’on aurait dû chercher à résoudre. Celles-ci étaient liées aux dépôts de transit auxquels ils avaient difficilement accès. Ils étaient victimes d’une situation, dont ils ne sont pas responsables. Car, c’est la commune qui gère le dépôt. L’insuffisance et le mauvais entretien des dépôts greffés au retard de paiement importunaient ces intervenants. Parmi les difficultés, l’on notait aussi la logistique. Car, la traction asine avait montré ses limites dans le transport des déchets, regrette ce spécialiste. Selon lequel une option de mécanisation des GIE avait été analysée par un projet allemand. « On avait doté certains GIE en tracteur remorque, a-t-il précisé. Je pense qu’au lieu de faire venir une autre société on aurait du résoudre le problème des GIE. Quand Ozone est arrivée, on nous a demandé de résilier les contrats avec les GIE. Chose que les mairies n’ont pas accepté. Comment en un clin d’œil, casser le pont avec un partenariat âgé de plusieurs décennies ? »
Oumar Camara conseille d’explorer la possibilité de symbiose des différents intervenants dans le ramassage. Les GIE travaillent d’un côté, Ozone, de l’autre, il y a également des informels. Le fait que ces trois acteurs ne soient pas en symbiose, a inévitablement des incidences sur l’assainissement. La preuve ? L’insalubrité est toujours récurrente, argumente-t-il.
Ousmane Diarra, lui aussi, a des griefs sur la façon dont Ozone est arrivée. Selon lui, on aurait dû consulter de façon effective l’ensemble des intervenants de l’assainissement. « Nous ne faisons pas de ramassage, nous ne sommes pas un GIE. On veut juste vivre dans un environnement sain. Nous nous sommes procurés des équipements d’assainissement et nous répandons au sein de la communauté les bonnes pratiques hygiéniques. Nous avions des contrats avec des GIE qui venaient ramasser nos ordures ménagères. A la fin du mois on réglait leur facture. Les familles ont adhéré peu à peu à l’association avec une année pic en 2013, où, nous étions 84 concessions inscrites à Djicoroni Para, secteur Dontèmè I », a-t-il expliqué.
Mais quand Ozone a commencé à venir ramasser les ordures gratuitement les membres ont commencé à se retenir. Ils ont arrêté le paiement des cotisations. Quand les gens ont commencé à croire que ce serait dans la durée, ils ont donc fait l’impasse sur le contrat existant avec les GIE, refusant ainsi de payer les cotisations. « Je les comprends car Ozone venait ramasser gratuitement.
Mais deux mois après, Ozone ne venait plus. Entre-temps, le non paiement des cotisations pour le ramassage des déchets a paralysé les GIE. Ils ne viennent plus, en tout cas pas dans le cadre du contrat qui les liait à l’association. Nos rues ne sont plus aussi assainies comme par le passé, regrette M. Diarra. Remettre sur pied notre initiative est problématique, car quand on perd les bonnes habitudes, il est difficile de les recouvrer. Mais on y travaille. On a même récemment organisé une journée de salubrité avec les sections jeunesse de notre association. »
Selon Ibrahim Traoré, président de la jeunesse de l’association, non moins médecin chef de l’Association de santé communautaire de Djicoroni (ASSACODJI) « dans les pays en voie de développement, le facteur environnemental à lui seul est la cause d’un tiers des maladies, c’est-à-dire l’air, la terre, les aliments. Ce sont des maladies infectieuses, qui sont liées à des bactéries, des virus ou des parasites fongiques. Elles sont plus fréquentes dans les pays en voie de développement. Pour lui, il faut prôner la sensibilisation pour le changement de comportement d’abord dans la gestion de nos ordures ménagères et la production de déchets.
Khalifa DIAKITÉ
au Sénégal, le service est assuré l’état.
le carburant, au Burkina, est géré par l’état, car Blaise a toujours considéré, vue le niveau de développement du pays, le carburant est stratégie.
il faut un choix dans un pays.
tout le contraire du mali.
Ordur€uropéennes
Comments are closed.