A la réunion des ministres du secteur (RMS) du partenariat Assainissement et Eau pour tous (SWA), en mai, à Jakarta, (Indonésie) le Mali s’est de nouveau engagé à accroître le taux national d’accès au service d’eau potable de base, de deux points en pourcentage par an, soit passé de 70,9 % en 2021, à 85 % à l’horizon 2026 et à assurer l’accès à l’eau potable pour 90 % des écoles et centres de santé public, à l’horizon 2026. Des promesses de plus qui viennent s’ajouter à d’autres ? Retour sur les premiers engagements SWA au Mali, pris il y a quelques années.
Le Mali adhère à l’initiative Assainissement et Eau pour tous, SWA (en anglais Sanitation and water for all). Le Swa est un partenariat mondial de multi-parties établi avec plus de 100 partenaires et conduit un objectif commun « l’eau, l’assainissement et l’hygiène pour tous, toujours et partout ».
Le Mali, dès ses premières années d’adhésion, s’engage à accorder 5 % de son budget à l’eau et l’assainissement. Djoouro Bocoum est l’un des acteurs du gouvernement qui accompagne ce processus depuis ce jour. Le directeur national de l’Hydraulique voit en SWA un cadre de redevabilité par « excellence » qui réunit tous les acteurs du secteur de l’Eau, hygiène et assainissement (Wash).
« Au niveau de ce partenariat mondial, nous avons élaboré un document stratégique qui vise trois objectifs : construire et entretenir la volonté politique pour mettre fin aux inégalités dans l’eau, l’assainissement et l’hygiène, défendre des approches multipartites pour atteindre l’accès universel aux services. Le troisième objectif du partenariat consiste à rassembler des parties prenantes pour renforcer les performances des systèmes et attirer de nouveaux investissements. C’est dans ce contexte que le Mali a pris des engagements de façon multipartite dans un processus national », explique M. Bocoum.
Huit après son adhésion, le Mali comptabilise de nombreux acquis à son compte, souligne le directeur national de l’hydraulique, aussi point focal SWA du gouvernement. Conformément au Cadre stratégique pour la relance économique et de Développement durable (Credd) et les Objectifs de développement durable (ODD), le premier engagement que le Mali a pris dans un processus national était l’élaboration de nouveaux documents politiques et les programmes de mise en œuvre et les adopter en conseil des ministres.
A ce jour, les dits documents de politiques ont été élaborés et validés ainsi que leurs programmes de mise en œuvre, informe le point focal Swa. « Le processus d’adoption est en cours et nous pensons que d’ici 2022 ses documents de politiques vont être adoptés au conseil des ministres », dit-il.
La tenue d’un dialogue sur le financement du secteur pour aboutir à une approche concertée de mobilisation des ressources en eau est un autre engagement du gouvernement qui a pu être réalisé par le Mali en 2020, note Djoouro Bocoum. « Quand nous l’avons réalisé, on était déjà dans le contexte de crise sanitaire. Ça été une véritable étape de processus qui a abouti à une certaines recommandations dont la révision tarifaire du service public de l’eau et la poursuite des efforts par rapport à l’allocation de 5 % du budget d’Etat au secteur eau et assainissement ».
Quant à ce dernier engagement, il y a eu des efforts, fera remarquer M. Bocoum. Selon lui, « grâce aussi aux processus SWA et différentes catégories d’acteurs, le Mali a connu une augmentation par rapport au montant du budget d’Etat qui est passé de 1,3 % en 2017 à 2, 62 % en 2018 jusqu’à 3, 6 % en 2020 malgré le contexte ».
Par rapport à l’accélération du taux d’accès à l’eau potable, l’interlocuteur évoque
La réalisation de beaucoup d’actions dont, entre autres : la mise en œuvre du projet structurant d’adduction à l’eau potable de la ville de Bamako à partir de Kabala avec le lancement de 100 000 branchements sociaux ; la mise en œuvre de plusieurs projets et programmes sur le budget national dédiés exclusivement uniquement aux localités qui n’ont pas d’accès à l’eau ou qui ont en nombre insuffisant en milieu rural.
Des résultats visibles à ce jour sur le terrain ? « Évidemment », répond le directeur national de l’hydraulique. Il poursuit et citera qu’au titre de 2021, la réalisation d’un projet de 9 milliards de F CFA sur le budget national pour affirmer la volonté politique d’éliminer les inégalités. Et l’allocution des deux tiers du fonds de souveraineté du président de la transition pour l’accès à l’eau. A ses dires, « en une année, 200 forages ont été réalisés pour les populations prioritairement nécessiteuses. Cette volonté politique que recherche SWA pour réduire les inégalités, au Mali, nous sommes cités en exemple », se réjouit le directeur national de l’hydraulique.
Ces résultats enregistrés par le Mali ont fortement contribué à sa désignation parmi les membres du comité directeur de ce partenariat mondial depuis 2018 pour représenter les catégories des pays d’Afrique de l’ouest et du centre.
Reconnaissance
Dans ce processus la société civile malienne n’a pas baissé de garde non plus. Dans le partenariat SWA, elle s’est notamment engagée à faire reconnaître l’eau et l’assainissement comme un droit constitutionnel au Mali et à inscrire leur accès dans le Credd 2019-2023 comme un axe prioritaire. Des engagements qui sont aujourd’hui déjà acquis.
Par rapport au premier point, des actions fortes ont été posées afin que le gouvernement et les parlementaires à travers le Conseil national de la Transition (CNT) puissent accorder une attention particulière à la question, rappelle Boureima Tabalaba, coordinateur de la coalition nationale de la Campagne internationale pour l’eau potable et l’assainissement (CN-Ciepa).
« Pour nous, depuis 2011, l’eau et l’assainissement sont reconnus comme un droit fondamental. Cette reconnaissance à laquelle le Mali fait partie au niveau mondial devrait s’articuler au niveau local dans le cadre de leur constitution », informe le coordinateur ajoutant que la question est sur la table et des rencontres continuent à se tenir.
L’augmentation du budget dédié à l’eau et l’assainissement et les réformes politiques dans le secteur sont des cas positifs soulignés par Boureima Tabalaba, aussi point focal SWA de la société civile au Mali. Ce ne sont pas les progrès relevés par les représentants de la société civile.
Si le Mali s’est engagé depuis 2014 dans ce partenariat, en 2018 déjà, constaté le spécialiste Wash, il a été élu pays pionnier sur huit dans le monde.
« Une telle distinction ne saurait être acquise que sur la base de travail. C’est pour vous dire combien aujourd’hui le secteur est bien vu au niveau national qu’international », admet le coordinateur de la Cn-Ciepa. Des efforts, dit-il, qui ont été obtenus grâce à l’implication de la société.
Malgré ces acquis obtenus, le Mali devrait faire face aujourd’hui à quelques défis, estime M. Tabalaba.
« C’est vrai que le taux d’accès national à l’eau potable est de l’ordre à l’eau, 70,9 %. Pour l’assainissement c’est assez flottant dans l’ordre de plus 30 % », relève le point focal SWA société civile. Pour lui, le travail se fait en tandem avec les autres départements et les acteurs du secteur pour que la question Wash puisse avancer.
Les défis les plus urgents de l’avis de Boureima Tabalaba dans le secteur sont le financement du secteur, la gouvernance en matière de participation, de transparence et de redevabilité. L’implication des OSC et la capacité de mobilisation des fonds en faveur du secteur eau, assainissement et hygiène (Wash) sont d’autres contraintes citées par l’interlocuteur.
Nouveau processus entamé
Le bilan SWA du Mali obtenu de part et d’autre a été présenté à Jakarta, en mai dernier, au cours des travaux de la Réunion des ministres du secteur (RMS) du partenariat mondial Assainissement et Eau pour tous (SWA).
Dans la capitale indonésienne, le Mali a également entamé un deuxième processus sur de nouveaux engagements. Une dizaine au total. Deux engagements concernent l’ accroissement du taux national d’accès au service d’eau potable de base, de deux points en pourcentage par an, soit passé de 70,9 % en 2021, à 85 % à l’horizon 2026 à l’amélioration du taux d’accès à l’eau potable pour 90 % des écoles et centres de santé publics, à l’horizon 2026. Des secteurs dans lesquels les autorités visent une couverture de 100 %, à l’horizon 2030.
Le taux d’accès au service amélioré d’eau potable en 2021, selon les données du Recensement général de la population et de l’Habitat du Mali (RGPH 2009) est de 66,8 en milieu rural, 81,1 % en milieu semi urbain et urbain 70,9 au niveau national.
Les statistiques du ministère de l’Education et la DNH estiment à 80 % la proportion d’écoles publiques disposant d’un point d’eau moderne, en 2020. Le taux est de 79 % dans les centres de santé publique d’après la DNH et le ministère de la santé.
Avec les nouveaux engagements que le Mali a pris en mai à Jakarta, la société civile estime que dans les années à venir l’eau, hygiène et assainissement se portera mieux. Car « les questions liées à l’hygiène au Mali sont assez complexes et constituent des questions prioritaires dans la plupart de nos centres de santé et écoles à ce jour », estiment-ils.
Kadiatou Mouyi Doumbia