Assainissement de Bamako : 5,69 milliards rongés

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Les avantages anciens et présents hypothéqués à cause de piètres prestations sur fond de détournement d’argent.

Le suivi d’une société bénéficiaire d’un marché est essentiel pour mener à bien les prestations avec efficacité. Le service qui ne parvient pas à assurer ce suivi finit par le payer de plusieurs manières, et la mauvaise exécution des tâches assignées peut être énorme. Lorsqu’il n’est pas en mesure d’assurer le suivi, il ne peut pas enjoindre aux responsables de l’entreprise d’adopter une approche proactive pour apporter les correctifs. En clair, les Bamakois ont été insatisfaits des prestations d’Ozone Mali et ont invité en son temps les autorités à se tourner vers un prestataire,  et pourquoi pas la Direction des services urbains de voirie et d’assainissement (DSUVA) dont le parc de camions avait tout l’air d’un cimetière de ferraille.

Les avantages anciens et présents hypothéqués à cause de piètres prestations. Bamako croule sous les ordures. Les coûts engagés pour la collecte des déchets ménagers, le balayage des rues, l’éradication des dépôts sauvages sont en partie perdus. Dans les faits, tout ceci figurait en bonne place dans le chapelet de prestations prévu par la convention. Des détails livrés dans le rapport du Vérificateur général laisse pantois le lecteur. Bien de dysfonctionnements sont épinglés portant entre autres sur « l’octroi »  par la Mairie du District de Bamako d’un « avantage irrégulier à un soumissionnaire, le non-respect de la garantie de bonne exécution par les titulaires de marché. Le rapport enfonce davantage le clou : «  la Mairie du District de Bamako a fait exécuter des marchés avant leur approbation et sans visa du Délégué du contrôle financier ».

Coûts identifiables et cachés 

Les coûts financiers directs sont facilement identifiables, faciles à quantifier. D’autres coûts financiers bien réels sont moins évidents à identifier. Une avalanche de chiffres donne  du tournis. Jugez-en !  « Le montant total des irrégularités financières s’élève à quelque 5,69 milliards de F CFA. Ils ont trait aux faux enregistrements de marchés publics par leurs titulaires pour un montant total de 1,06 milliard de F CFA et à la validation de décomptes indus de la société Ozone Mali par le Directeur de la DSUVA pour un montant total d’un peu plus de 5,69 milliards de F CFA » a relevé le rapport.   A juste raison, les pensées vont en particulier aux coûts induits par l’explosion des cas de paludisme, de diarrhées et l’apparition de la dengue. Ces coûts cachés ne doivent pas être négligés. Des dépotoirs sont à ciel ouvert à côté des maisons. Ces différents dépotoirs constituent des réservoirs d’insectes nuisibles et des microbes responsables des plusieurs maladies mortelles, ce qui constitue des véritables problèmes de santé publique. Ces décharges polluent l’atmosphère ou leur dispersion contamine des eaux. Ainsi des contaminants chimiques ou microbiologiques ayant pour origine les déchets bruts ou les résidus encore actifs stockés dans des conditions de confinement insuffisantes peuvent se répandre dans le milieu.

Sans surprise, « le Vérificateur général a transmis et dénoncé ces faits au Président de la Section des comptes de la Cour suprême et au Procureur de la République chargé du Pôle national économique et financier ». En outre, il a « saisi le Directeur général des Impôts pour des redressements et recouvrements des droits d’enregistrement et de redevances de régulation éludés. Les autorités judiciaires, notamment la Section des comptes de la Cour suprême et le Pôle national économique et financier ont également été saisis pour le recouvrement desdits droits ».

Ibrahim Yattara

 

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3 COMMENTAIRES

  1. Ozone est une société marocaine qui n’assure avoir JAMAIS été payée malgré les termes du contrat et donc naturellement elle n’a pas (ou en parti) assuré ses engagements contractuels
    La partie adverse assure que l’argent a été décaissé
    On est donc passé l’argent ?
    En attendant Bamako est sûrement la ville la plus sale d’Afrique et du monde

  2. C’est dommage de voir ce maire du district et ses acolytes maires de la ville de Bamako détourner toutes les richesses de la ville devant tout le monde, on dirait qu’il n’y a pas de dirigeants et tout le monde laisse faire sans broncher, quelle honte pour ce pays? Ce qui fait et très mal, l’état continue par complicité, de mettre de l’argent et toujours de l’argent sans cesse, on dirait que personne ne réfléchi dans ce pays. Nos maires doivent aller voir dans les autres pays du monde pour apprendre à débarrasser la ville de Bamako de ses déchets, on n’invente pas la roue, il suffit tout juste d’aller voir et de venir appliquer ce qu’ils auraient vu dans ces pays bien propres. C’est dommage de voir que nos ministères impliqués dans ce nettoyage de la ville de Bamako, restent totalement dans la léthargie, on dirait qu’ils dorment, il faut qu’ils réveillent très rapidement sinon, notre pays est devenu une porcherie.
    Ce qui est certain « Si vous voulez changer, ne commencez pas par les choses les plus difficiles, commencez par les plus faciles pour que les gens en retiennent comme impression : Bon, on peut le faire et nous avons survécu, ce n’était pas trop dur et voit le résultat. » Peter Drucker

  3. Les dépotoirs sauvages, les ordures dans la rue, des tas de merdes partout doivent être mis en valeurs pour constituer un atout touristique. La valorisation des modes de vies et coutumes des maliens doivent constituer le socle de l’action publique en terme d’attrait pour les futurs touristes.

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