Assainissement : Bamako ou le théâtre du festival des ordures

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Si nous ne prenons pas garde Bamako disparaitra dans une décennie sous les décombres de montagnes de déchets en sachets plastiques.

Il fut un moment où rien ne se créait tout se transformait.  Nos ancêtres ont su mettre cette philosophie en pratique pour vivre en harmonie avec la nature. Hier, nos ancêtres ont su gardé intact leur cadre de vie. Généralement, les matériaux utilisés par leur soin étaient biodégradables. Que ce soient des peaux de bananes, d’orange, de mangues ou de « zaban » jusqu’aux ustensiles de cuisine tout faisait farine au moulin et retournait autrement pour la nature notre mère nourricière.

L’homme actuel enrobé dans la spirale incontrôlée du progrès est en cours de laisser accumuler sur terre une flambée de déchets. Notre environnement est le reflet de notre propre comportement. Ce n’est pas pour rien ni un hasard que Bamako est devenue une ville très insalubre. Le constat est amer de nos jours où chaque commune dispose de sa colline ou montagne de sachets plastiques à ciel ouvert. La grande majorité d’individus se débarrassent de leurs sachets plastiques dans l’espace public. Il n’existe aucune rue, aucun coin ou recoins qui ne sont pas inondés de sachets plastiques. Les canalisations d’eau sont bouchées au quotidien par ces déchets industriels. Apparemment, pour que ces éléments envahissent ces endroits ce sont des mains qui l’ont transportée. Le respect de l’environnement est le garant de la longévité et du bon vivre ensemble. Pour développer le Mali il faut agir avec beaucoup de fermeté.

On aurait pu croire que nos concitoyens méconnaissent ou ne mesurent pas les effets néfastes des sachets plastiques non biodégradables sur l’environnement. Cet accessoire domestique que nous utilisons au quotidien constitue pourtant une grande menace pour la santé. Ils sont loin de savoir qu’au terme de la fabrication, sa durée de vie s’étend sur plus de 400 ans avant qu’il ne se dégrade. Aujourd’hui, nos rues infestées de sachets plastiques. Notre santé publique est en grand danger car non seulement ces sachets dégrade la terre et constituent des poches de prolifération de vecteurs de maladies tels que les mouches et les moustiques. Par ailleurs ils provoquent l’irritation des voies respiratoires et des yeux lorsqu’on y met le feu. La conséquence extrême liée à ces phénomènes conduit droit aux maladies cardiovasculaires et respiratoires. Enfin, en consumant ces sachets ils dégagent des polluants organiques hautement cancérigènes. Ceux-ci sont à l’origine de la production d’une quantité inestimable  de gaz carbonique et de la vapeur d’eau qui sont des gaz à effet de serre contribuant ainsi au réchauffement climatique.

Les usagers sont loin de savoir que dans notre pays les sachets plastiques non biodégradables font objet d’interdiction par la loi n°2014-024 du 3 juillet 2014. Le décret d’application est sorti le 31 juillet 2014. Il fixe très clairement les modalités d’application portant interdiction de la production, de l’importation, et de la commercialisation de sachets plastiques non biodégradables en République du Mali.

Actuellement, les maliens attendent avec impatience le démarrage de la phase de répression. Malheureusement, celle-ci tarde indéfiniment à commencer sur toute l’étendue du territoire national. Finalement le grand peuple du Mali a bien raison de se demander à quoi servirait de voter des lois qui ne sont jamais appliquées ? Ou bien faudra-t-il une personne à la hauteur du gouverneur de Bamako en la personne d’Ami Kane à la tête du Ministère de l’environnement pour freiner l’incivisme chronique et ignorance exacerbée ?

Face à ce fléau, il faut nécessairement que des mesures d’accompagnement suivent la mise en œuvre du projet. Ce phénomène constitue un manque et un frein au développement. En outre, notre pays se retrouve encore une fois confronté à un problème d’autorité de l’Etat. La seule bataille contre les sachets plastiques pourra créer 1000 nouveaux emplois en terre malienne. Ces agents seront chargés de veiller sur l’environnement pour l’application stricte de la loi sur le terrain au cœur des grandes agglomérations et des communes rurales. De cette manière, ils pourront sans doute lutter contre cette pratique tout en contribuant à renflouer les caisses publiques en délivrant aux fautifs un procès-verbal digne de ce nom payable auprès des services des impôts lié à leur comportement honteux de violation flagrante des textes administratifs.

Aboubacar Eros Sissoko

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