Lancée en avril 2016 et adoptée en septembre dernier, l’Initiative pour l’Adaptation de l’Agriculture Africaine (AAA) a pour ambition de mettre l’agriculture africaine au rang des priorités internationales. Car, le continent africain peine à drainer les fonds nécessaires au renforcement de sa résilience. Sur les 100 milliards de dollars du fonds climat alloués à cet effet, l’Afrique ne perçoit que quelques 5%, dont la quasi-totalité va à l’agriculture. Et, l’adaptation de l’agriculture aux effets du changement climatique reste un défi majeur pour l’Afrique. Cette Initiative, lancée pour sauver l’Agriculture africaine face aux effets du changement climatique présente deux volets. Il s’agit du volet négociations pour mettre l’adaptation de l’agriculture africaine au cœur des enjeux des COP et celui pour l’obtention d’une répartition équitable des fonds climat.
Faut-il le rappeler, l’initiative triple «A» présentée à la COP 22 qui se déroule à Marrakech du 7 au 18 novembre 2016, vise à améliorer à travers des projets et programmes novateurs, la maîtrise de l’eau agricole, la gestion des sols, des risques climatiques, les capacités et les solutions de financement. Cette initiative, adoptée par 27 pays dont le Mali réduira la vulnérabilité de l’Afrique et de son agriculture aux effets du changement climatique.
L’Initiative ambitionne de mobiliser les fonds climat que les pays développés se sont engagés à verser aux pays en développement dans le cadre des négociations de la COP21.
Selon les statistiques, le constat est alarmant. L’Afrique qui n’est responsable que de 4% des émissions de gaz à effet de serre, possède 6 des 10 pays les plus menacés par le changement climatique, les 2/3 de sa population sont déjà affectées et 65% des terres arables au niveau de la planète sont africaines et potentiellement menacées. Les statistiques indiquent aussi que la baisse des rendements agricoles qui pourraient atteindre 20% d’ici 2050, pousseraient des populations à quitter leur lieu de vie. De nos jours, selon l’Organisation internationale des migrations, on enregistre plus de 10 millions de réfugiés climatiques. La prise de mesures nécessaires à l’adaptation du continent africain au changement climatique s’impose aujourd’hui comme une urgence.
Des projets innovants au Mali et dans les pays du sahel
Au Mali, la politique agricole est basée sur le développement d’une agriculture intelligente et les projets de résilience développés bénéficient du financement de la Banque islamique de développement (BID), de la Banque mondiale ainsi que de la BAD et de la FAO. Il s’agit entre autres du Projet de renforcement de la résilience contre l’insécurité alimentaire au Mali (PRIA), du Programme de renforcement de la résilience à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle au Sahel (P2RS), du Projet de renforcement de la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans la Région de Koulikoro (PRESAN-KL et PRESA-DCI), des programmes d’irrigation de proximité (IPRO). Autant de projets qui ont besoin d’être soutenus et renforcés financièrement pour prendre en compte toutes les zones vulnérables de notre pays. A ceux-ci, il faut ajouter les différents projets et programmes développés par le CILSS pour renforcer la résilience des pays du Sahel aux effets du changement climatique, notamment le Projet régional d’appui au pastoralisme au Sahel (PRAPS) et le Projet d’appui régional à l’initiative pour l’irrigation au Sahel (PARIIS-SIIP).
Retenons enfin que l’Agriculture africaine est un secteur vital qui concentre entre 25% et 35% des emplois directs selon les pays et génère des revenus de près de 70% de la population. A cela s’ajoute le fait que d’ici 2050, un quart de la population mondiale vivra en Afrique. Elle se situera entre 2 et 3 milliards puis 4,2 milliards en 2100. Tant de chiffres qui appellent, en effet, à revoir le tableau des priorités mondiales.
Dieudonné Tembely