Au nombre des priorités du Cadre Stratégique de Réduction de la Pauvreté y figure le secteur de l’eau. Il demeure une priorité aujourd’hui pour les autorités du pays dans un contexte de décentralisation mieux elles viennent de mettre en place une nouvelle Société des Eaux dans l’objectif de renforcer la desserte en eau potable au Mali en favorisant le retour des investissements dans le sous-secteur de l’hydraulique urbaine.
Au Mali, l’accès à l’eau est garanti par les pouvoirs publics à travers des politiques et stratégies adoptées depuis la période des indépendances. Aujourd’hui, tirant les enseignements qui s’imposent des expériences conduites depuis les années 60, s’appuyant sur les potentiels portés par le processus de décentralisation en cours et après plusieurs réformes, les responsables du secteur ont mis l’eau à la portée de la quasi-totalité des populations maliennes.
Les actions menées sont autour de trois grands axes : un plan national d’accès à l’eau potable (2004-2015), un programme de renforcement des politiques et stratégies du secteur et un programme de réforme et de développement. Cela a permis de 2002 à nos jours la réalisation sur l’ensemble du territoire de 1 192 puits modernes à grand diamètre et cuvelés, 1 367 forages équipés de pompe à motricité humaine, 63 systèmes d’hydraulique villageois ou pastoral améliorés (soit 945 équivalents points d’eau), 73 nouvelles adductions d’eau (soit 1 095 équivalents points d’eau) et 26 petits barrages pour l’eau potable et l’irrigation.
A ces réalisations physiques, il faut ajouter la réhabilitation de 126 puits modernes, de 3 165 forages équipés de pompe à motricité humaine, de 30 adductions d’eau. Ce qui fait un total de 8 339 points d’eau modernes au cours de cette période. Le taux de couverture des besoins en eau est ainsi passé de 57% à 73,1%.
Les réalisations physiques sont renforcées par des dispositifs dans le domaine de la gestion des ressources en eau. Il y a lieu de citer entre autres la carte de l’eau élaborée en 2004, le suivi hydrométrique des eaux de surface (fleuves Niger et Sénégal notamment), le démarrage du projet de gestion des risques hydrogéologiques et la réalisation de 2505 analyses bactériologiques et de 2854 analyses physico-chimiques des eaux par le laboratoire de la qualité des eaux.
Le transfert des compétences étant une des caractéristiques du processus de décentralisation en cours dans notre pays, il a été conçu un guide méthodologique des projets d’approvisionnement en eau potable et textes législatifs dont l’objet est d’aider les Collectivités Territoriales à concevoir et mettre en œuvre un projet d’approvisionnement en eau potable et d’en déléguer et contrôler la gestion. Mieux, 331 conseils communaux sur les 703 que compte notre pays ont été formés et déjà 295 décisions de transfert de compétences leur ont été accordées.
Il reste cependant à mettre en œuvre la Stratégie de développement des aménagements hydrauliques en milieu pastoral, la Stratégie de mobilisation des ressources en eau de surface et la Stratégie nationale d’intervention en matière d’assainissement lié à l’eau potable.
Le secteur est marqué par des réformes importantes, notamment la révision du cadre contractuel et juridique du service public de l’eau potable en milieu urbain ; l’amélioration du mode de planification, de financement et de suivi.
C’est ainsi que les ministères en charge de l’eau et de l’environnement ont mis en place un cadre de programmation budgétaire unifié présentant l’ensemble des besoins correspondants aux objectifs à atteindre vis-à-vis des aspects de réalisation d’infrastructures, de développement institutionnel et de renforcement des capacités des acteurs et intégrant l’ensemble des démarches et des orientations stratégiques.
L’avènement de La nouvelle société Malienne des eaux qui est née de la réforme institutionnelle tant réclamé de l’Energie du Mali (EDM.SA) entre dans ce cadre. La nouvelle politique en cours dans tous les pays africains et même en France (le Gabon et le Mali sont les seuls à la traîne) vise à trouver la meilleure forme de gestion des services de l’eau potable dans le pays. La nouvelle société des eaux s’installera avec dans sa cagnotte plus de 156 milliards de F CFA débloquer par les partenaires techniques et financiers (BAD, BOAD, UEMOA, BID, Banque Européenne d’Investissement, Facilité Africaine de l’Eau etc.…) pour asseoir l’ambition gouvernementale qui est de dépasser le taux d’évolution nécessaire de l’accès à l’eau potable à l’horizon 2015.
A cette date, les Objectifs du Millénaire pour le Développement en matière d’accès à l’eau potable seront atteints dans la mesure où, dans cette perspective, 10.782 nouveaux points d’eau modernes seront réalisés et 7.144 autres seront réhabilités. Toujours dans cette perspective, il est attendu la réalisation d’une nouvelle station de pompage et de traitement sur la rive droite du fleuve Niger pour la sécurisation de l’alimentation en eau potable de la ville de Bamako avec comme incidence le doublement de la production d’eau potable existante d’ici 2015. Enfin, il faut s’attendre à un programme de renforcement et d’extension des systèmes d’adduction d’eau potable des centres gérés par la nouvelle société des eaux du Mali.
Daouda Coulibaly