Le Ministre de l’Emploi, de la Formation professionnelle, de la Jeunesse et de la Construction Citoyenne, Mahamane Baby, puisque c’est bien de lui qu’il s’agit, avait habitué la Presse et l’opinion publique à une traditionnelle conférence de presse trimestrielle pour faire le point avec des chiffres à l’appui, sur la promesse de campagne d’IBK, 200 000 emplois en 5 ans. Cet exercice hautement républicain et transparent de redevabilité politique tant salué avait fini par donner espoir aux 200 000 jeunes qui sortent chaque année de nos universités, écoles et instituts de formation. Pourquoi a-t-il brusquement arrêté cet exercice qui faisait tant sa touche personnelle pour annoncer le nombre d’emplois crée ? A-t-il eu peur de la sagacité des journalistes pour ne préférer qu’un face à face avec le Dr. Etienne Fakaba Sissoko ?
Le Candidat IBK a promis au peuple malien lors de sa campagne présidentielle, la création de 200 000 emplois en cinq ans soit l’équivalent du nombre de jeunes diplômés attendus pour un an. Cette promesse bien que moins ambitieuse avait servi d’encouragement aux jeunes à voter pour lui. On se rend bien compte aujourd’hui que cette promesse n’est qu’une goute d’eau dans l’océan des besoins d’emplois des jeunes au Mali. L’engagement est en passe de devenir un rêve, tant la question se pose avec acuité. La crise de l’emploi avec son corollaire le chômage des jeunes risque de causer des lendemains troubles au gouvernement d’IBK si des mesures concrètes et urgentes ne sont pas prises pour atténuer cette oisiveté des jeunes. Le cerveau de l’oisif est l’atelier du Diable, le ministre Mahamane Baby le sait-il ? Lui qui avait gratifié le peuple de conférence de presse pour annoncer des chiffes, s’est poissé aujourd’hui dans un silence inquiétant, laissant des milliers de demandeurs d’emplois dans l’expectative, ne sachant plus à quel Saint se vouer. La question que l’on est en droit de se poser est celle de savoir si les autorités mesurent à sa juste proportion la lancinante question de l’emploi des jeunes surtout en milieu rural. A en croire les statistiques de la banque mondiale, ils sont 200 000 jeunes à inonder le marché de l’emploi malien chaque année, soit un million pour un quinquennat. Et seul 10% des 200 000 chômeurs ont des chances d’emplois fixes. Et dire que ce chiffre ne prend pas en compte les jeunes ruraux ou les déflatés du système éducatif. En se promenant dans les rues et quartiers de Bamako, on ne voit que des « Grins » de jeunes désœuvrés autour du traditionnel thé malien. N’ont-ils pas d’autres alternatives, après tant d’années d’études et de privations ? Nos forces armées de défense et de sécurité, qui manquent tant de combattants pour sécuriser nos frontières et nous garantir la paix face à la nébuleuse terroriste et aux guerres de rébellions successives contre notre pays, ne peuvent-elles pas les absorber tous ? Les autorités sont-elles conscientes du danger qu’elles encourent en laissant ces jeunes sur l’île de la tentation ? Se souviennent-elles de la célèbre phrase de l’ancien Président de la République française Jacques Chirac, lors du 23e sommet Afrique-France tenu ici même à Bamako où il affirmait sans ambages que si les dirigeants africains ne prenaient pas en compte les multiples aspirations de leur jeunesse, ils encourraient de gros risques d’instabilité. Parce que si elle venait à prendre conscience de la force qu’elle représente, elle pourrait empêcher n’importe quel régime de dormir tranquille. Et comme le disait le poète dogon, Feu Hamadoun Issébéré qui fut pendant longtemps le représentant du Mali au mouvement panafricain de la jeunesse à Alger, demain le soleil pourrait bien se lever à l’ouest. On peut éviter ce jour si les autorités prenaient dès maintenant le taureau par les cornes. C’est la seule façon d’anticiper une telle crise au lieu de jouer tout le temps au sapeur-pompier.
Pourquoi, c’est plutôt lors d’une conférence-débat qu’il a avancé le chiffre difficilement vérifiable de 78 000 emplois crée en 2 ans de gouvernance IBK sur un taux de chômage qui avoisine les 21,5% de la population active ? Le ministre Baby, peut-il donner au peuple malien des indicateurs SMART de vérification des domaines dans lesquels ces 78 000 emplois ont-ils été crées si vite ?
En définitive, la question de l’emploi reste lancinante et doit être inscrite dans le registre des priorités au même titre que la lutte contre le terrorisme.
Youssouf Sissoko
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