Opération Taxi de l’ANPE : Un moyen de lutte contre le chômage et le sous-emploi

0

Après la réussite de l’opération motos taxis «TAXINI», voici aujourd’hui l’opération véhicules taxis «TAXIBA» de l’Agence Nationale pour  l’Emploi (ANPE). Tout comme la première opération, la présente s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de la Politique nationale de l’emploi. Cette initiative de l’ANPE  est un véritable moyen de lutte contre le chômage et le sous-emploi. La venue de cette opération est fortement  appréciée par la population qui ne disposait pas de système de transport urbain fiable et adéquat.

Depuis 2007, le système de transport urbain a connu une révolution avec le lancement de l’opération  taxis de l’ANPE. Aujourd’hui, les artères de la capitale malienne sont inondées par des voitures  jaunes, avec des plaques de fond rouges, autrement dit des taxis flambants neufs. Ces taxis dictent leur loi dans toutes les Communes du District de Bamako et, plus récemment, dans la Région de Sikasso.

A travers cette opération, l’ANPE et ses partenaires répondent ainsi à deux soucis majeurs du Gouvernement.  Il s’agit, d’une part,  d’assurer le renouvellement du parc de taxis pour  l’amélioration de la mobilité urbaine et, d’autre part, de permettre aux demandeurs d’emploi de créer leurs propres entreprises. «Face au phénomène de chômage et avec faible taux de chauffeurs propriétaires de leurs taxis, ce qui ne participe ni à leur autonomie financière, ni à un usage optimal, l’ANPE a décidé d’élaborer ce projet en partenariat avec la Coopérative de chauffeurs et conducteurs de taxis du Mali qui compte plus de 2000 membres.  Ce projet intégré a une triple dimension : sociale, environnementale et économique», explique Makan Moussa Sissoko, le Directeur Général de l’ANPE.

Pour la mise en œuvre de cette opération, les deux partenaires stratégiques du projet (ANPE et la Coopérative des chauffeurs et conducteurs de taxis) ont bénéficié  de l’accompagnement total de certaines banques de la place. Ainsi, la phase test a été réalisée avec la Banque Régionale de Solidarité (BRS) qui s’est engagée à financer 500 taxis. Tout comme la BRS, la Banque Internationale pour le Mali (BIM-Sa) s’est engagée pour 500véhicules. «En plus de ses deux banques, nous sommes actuellement en négociation avec la Banque de Développement du Mali (BDM) et la Banque Atlantique qui vient de signer l’accord de partenariat. Aujourd’hui, toutes les banques partenaires sont disponibles pour accompagner l’ANPE dans ce vaste programme de création d’emplois», se réjouit Makan Moussa Sissoko. A l’en croire, les différents acteurs du programme disposent d’un véritable mécanisme qui permet non seulement d’assurer la continuité du projet, mais aussi de permettre aux bénéficiaires de répondre à leurs engagements auprès des partenaires et de satisfaire leurs propres besoins.

Un projet qui suscite de l’engouement

A en croire Ibrahim Ag Cissé un bénéficiaire, la venue de ces taxis de l’ANPE est plus que salutaire. Il rassure que depuis qu’il a obtenu son taxi, il parvient à respecter ses engagements en versant régulièrement ses recettes journalières. A noter que celles-ci varient entre 8.000 FCfa pour les véhicules essences et 11.000 et 11.500 pour les véhicules diesel. «Moi, j’ai eu un taxi diesel. Je travaille comme tous les autres, 28 jours dans le mois et je respecte les deux jours  d’entretien de mon véhicule comme il est exigé. Je verse chaque jour 11.000 FCfa. En plus, de cela je parviens à nourrir ma famille et à faire une économie», nous explique M. Cissé, tout en invitant les autres bénéficiaires à respecter leurs engagements pour permettre au programme d’atteindre son objectif initial qui est la création d’emplois.

Selon le Secrétaire général de la Fédération Nationale des Syndicats Conducteurs Routiers du Mali, Marafa Touré, ce projet vise à professionnaliser le métier du chauffeur. D’ores et déjà, révèle-t-il, plus de 1.500 emplois ont été créés avec 385 taxis dans la ville de Bamako et 15 autres dans la ville de Sikasso. Et d’ajouter qu’il y a un engouement populaire autour de ce projet «TAXIBA», car, sa Coopérative enregistre aujourd’hui plus de 10.000 demandes. Il a aussi indiqué que l’innovation majeure de cette opération «TAXIBA» est l’intégration du volet, Taxi-Women avec environ 70 femmes conductrices de taxis.

Quelques critères d’obtention d’un taxi
Approché par nos soins, le Secrétaire général de la Fédération Nationale des Syndicats Conducteurs Routiers du Mali, Marafa Touré, nous a signifié que ce projet repose sur le système de crédit-bail. Le mécanisme financier mis en œuvre se décline suivant le principe du prêt et de la sécurité, via la bonne gestion.  La durée du contrat est de 48 moins pour un montant de 7.500.000FCfa à 12.500.000 Cfa selon les catégories de véhicules.

Et pour être bénéficiaire, il faut impérativement avoir le permis A33 (transport en commun), être âgé entre 18 et 45 ans,  être membre d’un Syndicat des chauffeurs, avoir un compte bancaire dans l’une des banques partenaires, être inscrit obligatoirement en qualité de demandeur d’emploi à l’ANPE et avoir une couverture sociale à l’INPS.

Sanctions disciplinaires
Le non payement journalier des recettes est la véritable difficulté rencontrée par le projet. Pour palier à cela, des garde-fous ont été mis en place. Ainsi, c’est la Coopérative qui collecte les remboursements journaliers et les reverse dans un compte «collector» et qui a la responsabilité des impayés de ses membres. Elle est accompagnée dans sa tâche par le Cabinet Challenge-Consulting pour les alertes sur les impayés. Et en cas d’impayé, la Coopérative prend attache le jour avec le chauffeur afin que ce dernier s’acquitte de sa dette. En cas d’impayé de deux jours, la Coopérative procède elle-même à la régularisation via le compte «collector» qui débite la caution d’entrée. Le chauffeur emprunteur doit impérativement se conformer aux règles définies dans le cadre de la Coopérative. Il peut être exclu du projet en cas d’un arrêt des payements au-delà de la caution d’entrée de 500.000 FCfa ; d’un manque à la régularité des entretiens dans les garages agréés et d’un problème comportemental illégal ou grave. Pour donner plus de chance aux chauffeurs, la Coopérative traduit, avant toute sanction, le fauteur devant le Conseil de discipline.

Un vide comblé
Cette opération  taxis de l’ANPE est  venue combler un vide. En effet, se déplacer pour se rendre à son lieu de travail, pour aller à l’école ou pour ses loisirs est un besoin primordial que de nombreux usagers avaient du mal à satisfaire. Cela était dû à l’incapacité chronique des services de transports structurés à répondre à une demande croissante. Ainsi, le matin pour rallier le centre ville, les habitants des quartiers dépourvus de moyens de déplacement propres avaient le choix entre une longue attente et un pénible exercice pour  attraper un bus. Depuis l’arrivée des  taxis, ce calvaire de nos populations a été presque rangé au rayon des mauvais souvenirs. Les taxis ratissent les quatre blocs de la cité à la recherche de clients.

Ce nouveau moyen de transport a non seulement soulagé les élèves, les salariés, mais aussi les femmes  qui ne sont plus obligées de se contenter des taxis motos, des Sotramas et des bus  pour leurs différentes courses. Avec ces taxis, les femmes gagnent  non seulement en temps, mais aussi et surtout en énergie. Idem pour les personnes qui stressaient devant la nécessité d’attraper un bus pour aller au travail. Mohamed Koné,  un client de ces taxis, ne cache pas sa satisfaction avec la venue de ce moyen de transport. «Malgré que la notion de taxis ne soit pas encrée dans nos cultures, aujourd’hui, ils répondent à un souci de modernisation du système de transport. En plus du confort, cette opération constitue un véritable moyen de lutte contre le chômage des jeunes. Ça permet aux jeunes de créer leurs entreprises  avec le système de crédit-bail. L’avantage des taxis de l’ANPE, c’est qu’ils vous déposent devant votre portail ou à l’endroit où vous vous rendez. Ils peuvent vous conduire à des endroits que vous ne connaissez pas bien. Mieux, en saison pluvieuse, ils sont prêts à vous emmener même dans les zones enclavées», a-t-il indiqué.

Comme, on peut le constater ce projet de l’ANPE est innovant et porteur. Mais, pour atteindre les objectifs que cette Agence s’est assignés, elle compte particulièrement sur l’appui du Ministère de l’Economie et des Finances pour obtenir l’exonération des droits de douanes, afin d’en assurer sa pérennité. Disons en somme que l’ANPE voit grand, puisqu’après le succès enregistré par les opérations Motos Taxis et Véhicules Taxis qui est en cours, elle envisage de lancer très bientôt une autre opération dénommée «Opération Mini-Bus ANPE». En outre, une «Journée du meilleur chauffeur» sera organisée, si tout se passe bien, dès l’année prochaine.

Au regard de tout ce qui précède, nous pouvons affirmer sans risque de nous tromper que l’ANPE répond à l’une des préoccupations majeures du Gouvernement malien, à savoir la création d’emplois pour les jeunes en vue de leur autonomisation.
Nouhoum DICKO
 

Commentaires via Facebook :