Le Mali regorge de jeunes diplômés sans emploi dont la plupart attend pratiquement tout de l’Etat. Mais le secteur public ne peut pas prendre tous ces jeunes en charge. L’accroissement du secteur privé et l’augment ation de ses possibilités constituent donc seul moyen de parer aux problèmes relatifs au manque d’emploi des jeunes, ou du moins réduire considérablement le nombre des jeunes diplômés sans emploi.
Il faut au préalable améliorer la situation de l’emploi au Mali : il y a d’abord la formation. Il parait essentiel que le pays continue de développer la formation, l’éducation continue, l’enseignement et tous les moyens d’améliorer les compétences tout en accordant une attention particulière aux jeunes. Mais la formation professionnelle ne doit plus être considérée comme un simple moyen de « ramener à l’école » les jeunes pour lesquels le système éducatif de base a échoué. Il faut un système de formation qui assure aux jeunes un maximum de compétences durables (maîtrise de la lecture, de l’écriture et du calcul) et de compétences pour l’apprentissage tout au long de leur carrière. Cette formation doit améliorer les compétences liées à des technologies précises et les développer par la suite sur le lieu de travail.
Beaucoup de jeunes comptent aussi sur une agriculture moderne qui pourrait être un moyen important de création d’emplois et de richesses et absorber un grand nombre de jeunes candidats à la migration ou de jeunes qui ploient dans les villes sous le joug du sous-emploi. Mais pour cela, il faut trouver les stratégies qui rendent l’option agricole suffisamment attractive pour que les jeunes s’y intéressent et s’y engagent. Il faut, entre autres, passer d’une agriculture centrée sur la subsistance à une agriculture qui se soucie davantage de la commercialisation, des gains de productivité par l’innovation technologique et l’appui des infrastructures.
Les zones rurales pourraient devenir plus attrayantes pour les jeunes travailleurs Ce qui, à la longue, freinerait l’exode rural.
L’économie de certaines de nos régions dépend encore de la production d’une ou deux marchandises de base. Elles pourraient diversifier leurs activités en transformant ces marchandises ou en développant l’industrie manufacturière légère. Les régions qui cherchent des solutions immédiates et de court terme pour remédier au problème du chômage retiennent souvent les projets de travaux publics. Mais dans un contexte de pauvreté chronique, ces projets n’ont pas d’effet important ou durable. Les emplois ainsi créés sont de courte durée (4 mois environ) et les salaires sont bas.
On peut encore encourager la diaspora africaine à investir. Exemple : la région de Kayes. Les migrants peuvent contribuer à la création d’emplois par le biais d’envois de fonds. Dans plusieurs localités de la région, des Kayesiens à l’étranger ont financé des projets collectifs dans leurs villages : la poste, le système d’alimentation en eau potable, les dispensaires communautaires et la rénovation des écoles. De même, les migrants de retour peuvent tirer parti de leur expérience et de leurs contacts pour établir des entreprises. Ces réseaux de migrants doivent être considérés comme un actif et être mieux exploités.
Pendant longtemps, le secteur public a été le plus gros pourvoyeur d’emplois au Mali. Aujourd’hui, il ne peut plus remplir ce rôle. Il faut donc que l’État fasse tout pour mettre en place des conditions propices au développement du secteur privé, qui provoquera une augmentation de l’investissement et de l’emploi. Les principaux objectifs à réaliser pour faire face aux problèmes de l’emploi des jeunes sur les marchés du travail sont les suivants : intégrer les programmes et politiques en faveur de l’emploi des jeunes ; réformer l’éducation ; établir des partenariats public-privé pour rassembler les ressources nécessaires et assurer aux jeunes des soins de santé.
Par ailleurs, il est essentiel qu’au-delà de l’emploi, les leaders maliens développent des stratégies intégrées pour la jeunesse, incluant, entre autres, l’amélioration de leur participation à la vie politique et à l’action sociale.
Cheick Oumar Keïta