Les différents mécanismes de financement de l’emploi et de la formation professionnelle ont sans doute montré leur preuve au Mali. Sans les supprimer, le gouvernement vient de réduire sérieusement la capacité d’intervention de ces mécanismes. En supprimant leurs principales sources de financement qu’est la taxe emploi (TEJ) et la taxe de la formation professionnelle (TFP). Ce qui constitue une régression de notre pays en la matière. Face à cette situation défavorable à la jeunesse, l’Association des Diplômés Initiateurs et Demandeurs d’Emploi (ADIDE) et ses partenaires ont organisé une conférence débat sur la problématique du financement de l’emploi au Mali. C’était le samedi 2 mars au Mémorial Modibo Kéita.
La TEJ et la TFP étaient une taxe de 4% prélevée à la masse salariale des travailleurs du secteur privé au profit de l’APEJ (2%) et du FAFPA (2%). Ainsi, ces taxes pouvaient procurer à chacune de ces structures un fonds de 4 milliards de FCFA, à en croire le conférencier Modibo Kadjogué. Puisqu’il s’agit du secteur privé, le Patronat a formulé des recommandations à l’endroit du gouvernement pour plus de transparence dans la gestion de ces mécanismes de financement. Il avait demandé au gouvernement de nommer les directeurs de l’APEJ, FAFPA et autre suite à un appel à candidature et de leur donner un mandat de trois ans renouvelable une seule fois. Il avait également demandé au gouvernement de renforcer le pouvoir du conseil d’administration. Mais le gouvernement n’a pas donné de suite à ces demandes du patronat. En conséquence, le patronat s’est servi de ses forces pour supprimer ces taxes qui étaient plus qu’important pour l’exécution des programmes de l’APEJ et du FAFPA.
Or, selon les statistiques, en 2015, le taux de chômage au Mali était de 9,6%. Ce taux passe à 15,5% quand il s’agit des jeunes de 18 à 24 ans. A cela, s’ajoute l’augmentation de l’âge à la retraite encore sous la pression des syndicalistes.
Face à cette situation, l’ADIDE et ses partenaires ont fait appel à un fin connaisseur du sujet, Modibo Kadjogué, ancien Ministre de la jeunesse. L’objectif était d’expliquer aux jeunes en quoi la suppression de la TEJ et de la TFP leur est défavorable et à quel degré. C’est un véritable coup de pilon aux jeunes. Car avec la suppression de ces taxes, ces deux structures sont obligées de retourner à la case de départ, la subvention. Alors que, selon le conférencier, cette méthode de financement a déjà montré ses limites. Aux dires de M. Kadjogué, avec la subvention, les directeurs de ces structures sont contraints d’aller plaider au Trésor qui, en fonction de l’argent disponible, leur accorde ou pas quelques millions à la place des milliards qu’ils obtenaient à travers la TEJ et la TFP.
Par ailleurs, M. Kadjogué qui fut directeur de l’APEJ a proposé des alternatives à la TEJ et la TFP. Pour lui, les trous laissés par la suppression de ces taxes peuvent être comblés par d’autres taxes sur les ressources minières, les télécom, les TIC, le PMU-Mali ou même les importations.
Yacouba TRAORE