Dans le même ordre d’idées, dit Vauvenargues (un des grands moralistes du classicisme français) : « l’ouvrier n’est pas sale ; mais il porte les traces du travail ! »
Tout en espérant apporter des précisions, je voudrais donc souhaiter une action d’envergure, genre “opération serval”, dirigée contre l’emploi précaire au Mali, en Afrique et partout dans le monde.
D’une manière générale, il n’est pas aisé de cerner les contours de toutes les terminologies que nous utilisons quand bien même qu’elles nous paraissent banales et que nous croyons maîtriser à première vue.
L’exercice devient beaucoup plus fastidieux encore lorsqu’il s’agit d’un usage spécialisé.
Ainsi, élucider le concept “emploi précaire” incite à poser le questionnement suivant :
Qu’est-ce qu’un emploi ?
Qu’est-ce qu’un emploi précaire ?
Qu’est-ce qui est susceptible de précariser, de rendre fragile, instable et incertain l’emploi ?
Qu’est-ce que la précarité ?
Quelles en sont les caractéristiques ?
Qui sont concernés ?
Quel en est l’ancrage ?
Que faut-il faire ?
D’un point de vue zététique, les réponses justes ici aideront sans nul doute à éclaircir les zones d’ombre y afférentes.
Vraisemblablement, tout comme l’emploi durable, le domaine de définition de l’emploi précaire reste lié aussi à la dimension axiologique (c’est-à-dire, les valeurs).
Si le premier se veut très fascinant ; le second, lui, paraît moins reluisant. Néanmoins, à son tour, il vaut mieux que l’oisiveté.
De façon laconique, un emploi est un “lieu assigné pour le travail” ; autrement dit, un “poste rémunéré” dans une entreprise ou une administration. Tout emploi digne de ce nom demande à être garanti, sécurisé au risque d’être vite dépassé par l’évolution socioéconomique, scientifique et technologique.
Personnellement, je pense que les vrais emplois sont comme des êtres vivants en ce sens qu’ils naissent, grandissent, se multiplient et disparaissent.
Pour plus de longévité, ils doivent donc être entretenus, soignés, réadaptés, voire repensés périodiquement.
Un emploi précaire est un emploi dont la durée et la stabilité ne sont pas assurées. C’est un emploi qui est aux antipodes de l’emploi durable.
Grosso modo, ce qui est susceptible de précariser, de rendre fragile, instable et incertain l’emploi, ce sont :
_ les propositions de réforme mal pensées (Exemples : Les Privatisations anarchiques et les Programmes d’Ajustement Structurels des années 80) ;
_ le durcissement de la législation surtout à l’endroit des immigrés clandestins ;
_ les crises politiques et institutionnelles à répétitions.
Il est évident que la problématique de la précarité est bien transversale à différents domaines d’études (notamment la santé, la météorologie, l’agriculture, la climatologie la sociologie urbaine, la politique de la ville, l’aménagement du territoire, la décentralisation, l’éducation, l’emploi).
Mais quel que soit le domaine dans lequel on l’entend, la précarité demeure “l’antichambre” de la pauvreté et renvoie socialement à la situation d’une personne dont le revenu, le logement et/ou l’emploi est instable et peu assuré pour l’avenir. En clair, ni la santé, ni l’alimentation saine et équilibrée, ni un enseignement de haut niveau ne sont garantis. En un mot, c’est l’incertitude, l’absence de lendemain ou d’issue favorable. Comme on le dit : “Vogue la galère ! C’est le système D”. Les conséquences sont néfastes : vie de ghetto, de taudis (terreau du saturnisme et de toutes autres pathologies des plus chroniques avec son cortège d’automédication, de la violence et de la criminalité), travail “au noir” (où l’employé est condamné de rester à la merci de l’employeur), “petit boulots ” (emplois mal rémunérés et de peu de durée) ou “sales besognes” (travail pénible et répréhensible).
L’emploi précaire, des fois, peut être d’un haut niveau de salaire ; mais il n’en est rien en réalité puisqu’il débouche infailliblement sur des ennuis. (Par exemple : Les postes et salaires suscités en période de troubles par les envahisseurs) !
En fait, il ne s‘agissait là que d’emplois à très haut risque, voire, de mirages tentateurs.
Autrement, dans la plupart des cas, c’est des salaires dérisoires, incapables de nourrir son homme, a fortiori, le sortir du bourbier inextricable de la pauvreté et du sous-développement.
Les personnes touchées par la précarité sont les chômeurs, les intérimaires ainsi que les exclus de certains systèmes d’organisation socio économique et politique ou des réformes. (Exemple : Emploi et immigration).
Afin de lutter efficacement contre la précarité de l’emploi, il faut :
_ un Etat stable, juste et beaucoup plus stratège ;
_ cultiver la performance et la pérennité des entreprises : Sur ce plan, la régie du chemin de fer semble déterminée à relever le défi au moment où des gisements miniers (et donc gisements d’emplois), semblent pédaler à contre sens ; eux qui, jusqu’à une date très récente, ont donné non seulement de l’espoir ; mais continuent à faire rêver encore tout un peuple durement affecté et affligé par les dernières secousses sociopolitiques, sécuritaires et territoriales.
Je crois qu’il faut bien prier pour que l’or continue de contribuer à desserrer l’étau du chômage et de la pauvreté ;
_ bien revoir les traitements des employés (notamment les salaires et autres avantages) ;
_ fixer les employés sur un seul emploi : Cela peut présenter un énorme avantage :
_ éviter la débauche (ou la dispersion) d’énergies des employés ;
_ garantir la qualité des services ;
_ sécuriser l’emploi (Plus d’emplois tuent l’emploi pour celui qui le fait car à vouloir être sur des fronts multiples et divers en même temps, le risque d’épuisement est très élevé tandis que le rendement, lui, à l’inverse, baisse partout) ;
_ contribuer à atténuer le chômage en permettant au plus grand nombre d’avoir au moins un emploi pour assurer son équilibre “bio-psycho socioéconomique”.
A ce niveau, la Déclaration solennelle de 2005 demeure plus percutante : « Nous sommes résolument en faveur d’une mondialisation équitable et décidons de faire du plein emploi et de la possibilité pour chacun, y compris les femmes et les jeunes, de trouver un travail décent et productif, les objectifs fondamentaux de nos politiques nationales et internationales en la matière et de nos stratégies nationales de développement, y compris celles qui visent à réduire la pauvreté, dans le cadre de nos efforts pour atteindre les objectifs du millénaire pour le développement…..Nous décidons également de veiller au respect absolu des principes et droits fondamentaux relatifs au travail. » Extrait du Document final du Sommet mondial adopté en Septembre 2005 par 150 chefs d’État lors de l’Assemblée générale des Nations Unies à New-York sur le travail décent.
L’emploi, à l’image du vieil adage bamanan, est semblable à “la viande d’éléphant : celui dont le couteau est bien tranchant, saura se faire servir une part importante ”. C’est pourquoi les capacités des uns et des autres doivent être bien renforcées et mises à jour d’abord ; ensuite, une attention particulière devra être faite pour qu’il n’y ait pas de cumul de responsabilités et de tâches ou d’emplois. A mon humble avis, là est le bout du problème et, en même temps, le début de la solution.
Merci de votre bonne compréhension !
M. Moussa SIBY Professeur Principal en service à la
Direction Nationale de l’Emploi
Mobile : 78 61 76 01 et 62 15 16 30
Email : moussasiby01@yahoo.fr
Bamako
République du Mali