Les jeunes sont aujourd’hui confrontés à des défis mondiaux majeurs : taux de chômage élevé, conditions de travail précaires et marginalisation dans les processus décisionnels.
Plongé dans une effervescence cérébrale, je me suis rendu compte que la réalité du chômage au Mali est alarmante et constitue une bombe sociale à retardement.
En effet, notre Pays le Mali connaît une croissance rapide de sa population et est entré dans une phase de lente transition démographique qui va augmenter la pression à laquelle beaucoup de pays sont confrontés en termes de création d’emploi.
Les jeunes constituent la majorité de la population active, mais sont très fortement touchés par le chômage et le plus souvent confinés dans des activités informelles peu productives. Cependant, avec cette forte jeunesse désœuvrée, l’enjeu majeur est la menace qui pèse sur la stabilité et la cohésion sociale du pays. En effet, l’instabilité sociale est particulièrement aiguë dans les pays où le chômage des jeunes est élevé ou en hausse rapide.
Beaucoup de jeunes quittent la campagne pour la ville dans l’espoir d’y trouver des emplois et de meilleures conditions de vie, laissant derrière eux dans les campagnes des personnes âgées et des enfants en bas âge peu productifs. Mais parce que le Mali comme la plupart des pays de la sous-région, n’est pas encore engagé sur la voie de l’industrialisation, les centres urbains ne sont pas en mesure de créer une grande masse d’emplois. Par conséquent, à court terme, seules les activités rurales, agricoles ou non, peuvent effectivement créer des emplois pour la plupart des nouveaux arrivants sur le marché du travail.
Egalement, il faut mentionner le phénomène de la ruée vers l’or (environ 700 000 personnes sont concernées par l’activité d’orpaillage selon le PNUD, 2011), impliquant de plus en plus des jeunes qui abandonnent l’école, s’exposant à de nombreux risques et compromettant ainsi leur avenir.
Quant-aux perspectives pour une dynamisation des actions de promotion d’emplois, il faut retenir que la création d’emplois est une question transversale.
Compte tenu des difficultés que rencontrent les jeunes sur le marché de l’emploi, seul un ensemble d’actions concertées sur le long terme, couvrant un large éventail de politiques et de programmes, permettra de leur assurer un emploi. Des interventions fragmentées et isolées ne peuvent en aucun cas déboucher sur un succès durable.
Une stratégie intégrée de développement rural, de croissance et de création d’emplois représente non seulement une nécessité mais constitue de ce fait le fil directeur primordial qui doit guider l’action des pouvoirs publics. Cette stratégie devra couvrir les deux aspects de l’offre et de la demande du marché du travail, et tenir compte de la mobilité des jeunes vers les zones urbaines. Elle devra aussi être associée à des interventions ciblées aidant les jeunes à surmonter les handicaps qu’ils rencontrent pour entrer sur le marché du travail et s’y maintenir.
Si les Gouvernants ont pris l’option de créer un ministère en charge de la problématique de l’emploi, c’est la manifestation d’une volonté politique affichée de faire de l’emploi une préoccupation centrale. Sinon, en réalité, tous les autres ministères et autres institutions sont créateurs d’emplois.
La perspective à ce niveau c’est d’abord de faire trêve de parole et donner place aux actes, en mettant en place un dispositif performant de capitalisation des emplois créés par toutes les structures.
Ensuite, il faut consolider les acquis en renforçant les initiatives en cours et promouvoir des projets innovants. La jeunesse malienne n’a plus besoin de promesses mais plutôt d’actions concrètes. Il est donc nécessaire d’améliorer le cadre de l’investissement et l’environnement macroéconomique, d’encourager et soutenir l’esprit d’entreprise et le secteur informel, d’améliorer l’accès à l’éducation et à la formation, de prêter attention aux problèmes démographiques, de s’attaquer au problème des jeunes aux prises avec la violence et les conflits.
Telles sont à mon avis, les mesures urgentes que les pouvoirs publics doivent prendre pour remédier durablement aux problèmes de l’emploi des jeunes au Mali afin que ces derniers qui constituent la force et l’espoir de la nation, l’avenir ne soit plus ce qui va arriver, mais ce que nous allons en faire.
Dr Bréhima CISSOKO, Médecin Nutritionniste diététicien