Emploi des jeunes au Mali : Le programme emploi jeunes (PEJ 3) en cours d’évaluation

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Le siège du Conseil national du patronat du Mali (CNPM) a servi de cadre à un atelier d’évaluation du programme emploi jeunes (PEJ), le lundi dernier, sur le thème : « Problématique du chômage des jeunes au Mali : rôle des acteurs sociaux et gouvernementaux pour une politique inclusive et efficace d’emploi des jeunes ». La cérémonie était présidée par le secrétaire général du CNPM, Modibo TOLO, en présence de l’ambassadeur des Pays-Bas dans notre pays, Jolke OPPEWAL, le  représentant de CNV International, Timothé BOKO, et des centrales syndicales, Issa BENGALY.

Organisée par l’organisation néerlandaise CNV International, en collaboration avec les confédérations et centrales syndicales (CSTM et l’UNTM),  cette rencontre  s’inscrit dans la logique de l’évaluation objective et responsable du PEJ II. Elle a porté sur l’évaluation du PEJ II et a permis d’apprécier les résultats obtenus, de recenser les difficultés et prévoir des actions futures dans l’élaboration d’un nouveau programme pour l’emploi des jeunes.

Pour le représentant de CNV International, Timothé BOKO, la problématique de l’emploi des jeunes reste un défi planétaire avec des conséquences sur le développement socioéconomique durable des nations. « Je suis sûr que nous évoluons vers l’atteinte des résultats. Pour une première fois de façon très ouverte tous les acteurs à savoir les jeunes, les employeurs, les syndicats, les organisations de la société civile et pourquoi pas les partenaires techniques et financiers ont eu à échanger sur ce qui a marché et ce qui n’a pas marché, ce qu’on doit faire en termes de perspectives pour améliorer le programme de l’emploi des jeunes. Je crois que c’est une occasion rêvée que nous pouvons saisir pour aller vers des propositions concrètes qui permettent d’améliorer le PEJ 3, en voie d’élaboration d’ici 2020», a souligné Timothé BOKO

Selon le secrétaire général du CNPM, le dialogue social permet d’éviter des conflits au sein des entreprises, notamment entre employeurs et travailleurs. Modibo TOLO a également souligné que l’emploi des jeunes est une préoccupation majeure du patronat, et plusieurs appuis sont faits dans ce sens par les employeurs. Le représentant du président du CNPM a fait la genèse du PEJ dans les années 2000 et qui a vu une participation active du CNPM. Ce programme était financé par 2% de la masse salariale payée par les entreprises. Il a ajouté que les employeurs paient 1% de la masse salariale à l’Agence nationale pour l’emploi (ANPE). Les chefs des entreprises apportent également 2% du financement de la formation professionnelle. « Ce n’est pas un gouvernement qui va appeler les syndicalistes pour dire de venir siéger dans un conseil d’administration. Il faut vous battre. Il y a des conventions de l’Organisation International du Travail qui disent que les syndicats doivent être là. Si vous devrez vous en prendre à quelqu’un, c’est à vous-mêmes et pas à d’autres partenaires. Au niveau des syndicats, il faut vous trouvez une solution à ces problèmes. Il faut que vous vous battiez pour avoir ce que vous voulez. Au niveau du conseil d’administration de l’APEJ, il n’y a rien que des fonctionnaires. Quand un ministre préside, ceux qui sont sous la tutelle du ministre voient la position du ministre et se rallient facilement à sa position» a indiqué Modibo TOLO.

Philippe Charles le Bon MESSE

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Réactions des participants :

Ibrahim Mahamane, Conseil national de la Jeunesse, vice-président chargé des questions à l’employabilité de la jeunesse malienne

80% du fonds de lutte contre le chômage est alloué au budget de fonctionnement

Le problème d’emploi des jeunes au Mali est lié à plusieurs facteurs selon nos analyses. Nous savons qu’il y a de l’argent qui vient pour la lutte contre le chômage. Mais le drame, c’est que 80% de cette somme est alloué au budget de fonctionnement de la structure responsable des jeunes. Seulement les 20% restant, sont utilisés pour les jeunes. Comment peut-on atteindre les résultats ? Au Bénin, quand l’argent vient pour lutter contre le chômage,  les 90% sont utilisés directement pour créer de l’emploi, et c’est seulement les 10% qui sont utilisés pour le budget de fonctionnement. Tant que ce processus continue au Mali, on ne verra jamais de résultats. On voit à la télé des milliards qui viennent pour créer des emplois, mais en réalité l’essentiel de ces montants part dans le budget de fonctionnement. Le peu aussi que les jeunes doivent avoir, est mal donné. Par exemple, quand un jeune doit bénéficier de 5 millions pour s’installer à son propre compte, la structure sous-traite avec un cabinet de la place qui achète les matériels et qui les donne au jeune. Il y a aussi la surfacturation à outrance. Nous sommes contre ces pratiques de corruption.

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Mme COULIBALY Saran Rokiath, Syndicaliste, Membre du Conseil Exécutif national chargé de la protection de l’environnement social et l’économie solidaire au CSTM

« APEJ, FAFPA, cadres stratégiques pour rehausser les riches et enterrer les pauvres »

Aujourd’hui, il y a inadéquation entre formation et emploi. La majorité des jeunes filles qu’on envoie dans les écoles de formation semble être une perte de temps, à cause des préjugés qui sont au niveau de notre société. On préfère écarter les jeunes filles au niveau des sélections à l’emploi et par la suite, elles se retrouvent au foyer. J’interpelle le Gouvernement et l’ONU qui prônent la promotion des femmes au niveau des écoles. Aujourd’hui on parle de promotion genre, mais dans quelle dynamique ? Il n’y a pas de promotion genre, puisse qu’en réalité, on n’arrive pas à employer les femmes à cause des préjugés de la société malienne. Depuis 2003, j’ai mes diplômes, je suis gestionnaire économiste mais malheureusement mon Etat n’est pas en mesure de m’employer. Et combien de jeune femme comme moi, sont aujourd’hui au foyer. Toutes ces politiques et stratégies développées par l’APEJ, le FAFPA et autres structures similaires, sans coordination entre eux, ne peuvent créer des emplois décents, générateurs de revenus stables, des emplois pérennes. On parle  de cadre stratégique de la lutte contre la pauvreté mais, on crée des cadres stratégiques pour rehausser les riches et enterrer les pauvres.

Propos recueillis par Philippe Charles le Bon MESSE

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