Le directeur général de l’Agence pour la promotion de l’emploi des jeunes (Apej), Aly Kébé, était, dimanche dernier, sur les plateaux de l’émission Actu Hebdo et du journal parlé de 13 h de l’Ortm.
Au cours de ces émissions, Aly Kébé, interrogé par le journaliste Ibrahim Diombélé puis le journaliste Mohamed Ould Mamouny, il a essentiellement été question des activités Himo (Haute intensité de main d’œuvre) menées par sa structure à Bamako et dans les régions de l’intérieur.
Il a d’abord remercié l’ORTM pour avoir donné à l’Apej l’opportunité de parler de ses activités de promotion de l’emploi avant de souligner que conformément aux engagements de S. E. Monsieur le président de la République, chef de l’Etat, la jeunesse sera au cœur des priorités du quinquennat qui s’ouvre. A ce titre, dira-t-il, l’Apej est appelée à jouer toute sa partition sous la haute directive du ministère de la Jeunesse, de l’Emploi et de la Constitution citoyenne.
En effet, Himo est l’abréviation de Haute intensité de main d’œuvre qui fait référence à une méthode de réalisation d’infrastructures par l’utilisation et la gestion optimales des ressources humaines, des matériels et matériaux disponibles localement.
Généralement l’on compare cette méthode à d’autres méthodes de réalisation d’infrastructures telles que le Hieq pour dire Haute intensité d’équipements qui fait appel aux engins lourds. Selon les statistiques du BIT, l’Approche Himo utilise 2 à 5 fois plus de main d’œuvre que l’approche Hieq. Le coût de réalisation va du simple au double (en rapport qualité, coût efficacité).
L’objectif recherché par l’Apej à travers la mise en œuvre des activités Himo est de former les jeunes aux techniques de réalisation des ouvrages. D’où le terme chantier-école ou cahier de démonstration. Il s’agit d’utiliser la main d’œuvre locale pour promouvoir l’emploi des jeunes et les rémunérer. Les revenus distribués atteignent 40 % du coût de réalisation.
Par extension, l’Himo peut faire référence à l’utilisation maximale de la main d’œuvre dans le cadre de certains projets : assainissement, curage des caniveaux, nettoyage des rues, reboisements, etc.
L’Apej utilise la méthode Himo pour sa promotion, sa vulgarisation et sa démonstration. Dans ce cadre, elle a mis en place un cadre de concertation comprenant plusieurs structures du secteur public et du secteur privé (Assemblée nationale, Haut conseil des collectivités, Agetipe, l’AMM, les centrales syndicales, la direction nationale du génie rural, la direction nationale des Routes, etc.)
L’Apej est par exemple intervenue sur la carrière de Kognoumani à partir de 2007 avec l’accompagnement du BIT et du Grand-Duché du Luxembourg afin d’évaluer la production de pavés dans le district de Bamako. Elle a apporté son assistance aux exploitants en les organisant en GIE puis en améliorant leurs techniques d’extraction et de taille de pavés à travers des formations.
Aujourd’hui, les exploitants de cette carrière sont des partenaires privilégiés de l’Agence dans la fourniture des pavés et des dalles de roche. Le ministre de la Jeunesse, de l’Emploi et de la Construction citoyenne s’est rendu jeudi 11 octobre 2018 sur le site afin de se rendre compte de la réalité de la carrière et d’échanger de vive voix avec les exploitants afin de voir ensemble les voies et moyens pour apporter des solutions idoines. Il est important de signaler que le défi le plus urgent reste l’occupation du site par les habitations.
En effet, le Mali regorge d’un immense potentiel de roches. Cependant, toutes les roches n’ont pas les mêmes qualités. La roche recherchée pour les activités de pavage/dallage est le grès plus facilement taillable par rapport au granite. Au Mali, il y a plusieurs habitations en pierre et elles durent longtemps. Concernant l’Apej, elle a identifié des carrières de grès dans la plupart des régions administratives notamment autour des villes de Bamako, Kayes, Koulikoro, Sikasso, Mopti et Kidal.
Il y a quelques jours de cela, le ministre attributaire des pouvoirs de tutelle, Amadou Koïta et son homologue de l’Environnement ont également visité une expérience de reboisement en Himo à Farabana. Il s’agit d’un projet mené dans le cadre du développement environnemental par l’approche Himo. Il a consisté à l’enrichissement (reboisement) de 30 ha dans la forêt classée des monts Mandingues en collaboration avec la direction régionale des eaux et forêts de Koulikoro (DREF/Koulikoro) et de la Commune rurale du Mandé. Le projet total a coûté 25 millions de F CFA et a formé 90 jeunes. Son objectif était de former les jeunes sur les techniques de reboisement ; créer des emplois saisonniers pour les jeunes ; promouvoir l’approche Himo et contribuer à la restauration du couvert végétal.
Ainsi donc, les activités Himo réalisées par l’Apej vont de la construction de pistes rurales, aux périmètres irrigués et maraîchers en passant par les aménagements urbains, le reboisement, le surcreusement de mares. Par exemple, les carrières ont permis la réalisation de projets d’aménagements urbains par exemple à Somankidy, Nioro, Sikasso-Wayerma, Mopti ville, Bandiagara. “A Bamako, nous avons mené des projets de pavage au Badialan, Marché de Dibida, aux logements sociaux de Tabakoro. Dans les jours à venir, nous aménagerons la rue 816 de Faladié sur près de 800 m avec 40 ouvriers durant 120 jours et un coût total de 159 millions de F CFA y compris le suivi et le contrôle des travaux. Des aménagements hydroagricoles ont été réalisés, entre autres, à l’Office du Niger, Youri (Nioro), San, Mopti (Tiroguel)”, a expliqué M. Kébé.
L’Apej a réalisé des pistes rurales, notamment dans la région de Ségou (Ngara, Konodimini, Moussokorobougou, Tiékelenbougou, Saminé, Dougadougou), à Mopti (Konio, Dianweli, Komo).
Globalement quelque 3000 jeunes et plusieurs dizaines de collectivités urbaines et rurales ont été concernés par les activités de formation en Himo pour un coût total de quelque 4 milliards de F CFA et 1,5 milliard de revenus redistribués.
Interrogé sur le stage de formation professionnelle Aly Kébé a indiqué qu’il sert à donner une première expérience professionnelle aux jeunes durant 12 mois. Plusieurs jeunes y créent également leurs conditions d’emploi (autour de 30 % d’insertion). Le ministre de la Jeunesse, de l’Emploi et de la Construction citoyenne demandé récemment à l’Apej de conduire une évaluation des quatre derniers programmes qui ont concerné plus de 20 000 jeunes diplômés. Le stage de formation professionnelle est à démarquer du stage de qualification qui se déroule exclusivement dans les entreprises privées avec un coût partagé entre l’Etat et la structure d’accueil pour ce qui concerne les allocations.
Créée par la loi n°03-31 AN/RM du 25 août 2003, modifiée par la loi n°2014-068/AN-RM du 31 décembre 2014, l’Apej est un établissement public à caractère administratif, doté de la personnalité morale et de l’autonomie financière et placé sous la tutelle du ministre en charge de l’Emploi.
Organe d’exécution du Programme emploi-jeunes (Pej), l’Apej a pour missions de concourir à la création d’emplois pour les jeunes en milieux urbain et rural, notamment en facilitant leur accès au marché du travail et au crédit. Le groupe cible de l’Apej est constitué de jeunes (hommes et femmes) âgés de 15 à 40 ans y compris ceux de la diaspora.
Le Pej est axé sur trois composantes : le renforcement de l’employabilité des jeunes : apprentissage, stages de qualification et de formation professionnelle, reconversion/adaptation à un poste de travail, chantier-école Himo, Espace orientation jeunesse (EOJ). La deuxième composante est le développement de l’esprit d’entreprise chez les jeunes : formation en entreprenariat, information et sensibilisation à l’entreprenariat, renforcement des capacités des bureaux d’études, aide et assistance aux jeunes dans l’élaboration des plans d’affaires, développement du système d’incubateur. La dernière composante concerne le renforcement du dispositif de financement des projets des jeunes : financement et/ou garantie des projets, identification et la mobilisation de lignes de crédits pour assurer le financement et/ou la garantie.
CICOM APEJ