Après avoir été mis en échec dans sa tentative de voler dès le premier tour la vedette à ses différents concurrents dans la course pour Bagadadji, Ladji Bourama, qui se croyait imbattable en Commune IV supposée être son fief politique, ne ménage plus aucun effort pour renverser la vapeur au soir du second tour de ces consultations électorales, prévu pour le dimanche prochain. L’homme, qui jadis prétendait ne jamais pactiser avec( selon ses propres termes) « n’importe qui » a aujourd’hui abandonné son cadre de vie bourgeois pour se livrer à une campagne d’alliance tous azimuts, avec même des partis qu’il a combattus dans le temps en les qualifiant de tous les noms d’oiseaux et en les accusant de tous les péchés d’Israël.
En 2001, quand le prince du Mandé avait été buté à une farouche résistance de la part du clan CMDT au sein de l’Adema PASJ, qui lui avait barré le chemin à son objectif d’être parachuté à la tête de la République, il avait, on se rappelle, eu à l’époque des propos désobligeants envers certaines têtes de proue du parti en particulier, et l’ensemble de la ruche en général. Pour tant, l’homme devait à l’époque un respect total à cette formation politique grâce à laquelle il avait connu son ascension politique, marquée par l’aura dont il bénéficiait sur le plan international. Depuis, l’homme n’avait plus jamais accepté aucune action politique provenant de cette formation politique, qu’il regardait désormais de haut. Même si, après avoir échoué à la présidentielle de 2002 menée sur fond d’affrontement avec ses anciens camarades, IBK a pu cohabiter pendant cinq ans avec ses anciens compagnons devenus ennemis, il n’avait jamais voué un grand respect aux Abeilles qu’il qualifiait de « n’importe qui ».
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En 2007, lors de la présidentielle du 29 avril, lorsque la même personne a été mise en échec contre le président sortant Amadou Toumani Touré, il a récriminé contre ce même parti sans le citer nommément. Quand, au palais des Congrès, lors du baroud d’honneur des mauvais perdants du scrutin présidentiel du 29 avril, regroupés dans le FDR, Ladji Bourama en s’adressant au public de la salle Jelibaba Sissoko, disait qu’il n’a rien à reprocher ATT, mais que ce sont les « nafiguis » (c”est-à-dire les opportunistes) qui gravitent autour du chef de l’Etat qui sont des dangers potentiels pour notre démocratie, il ne pouvait s’agir ni plus ni moins que du parti de Dioncounda Traoré et des autres alliés de l’ADP, parmi lesquels l’URD, qui ont soutenu ATT lors de ladite présidentielle. En réagissant de la sorte, IBK venait de commettre une faute démocratique, en ce sens qu’en démocratie, ne pas partager les mêmes visions ou les mêmes ambitions, est un principe sacré, que personne n’est censé ignorer.
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En décidant de transformer leur soutien politique, (ce que IBK lui même avait fait pendant pratiquement tout le quinquennat écoulé) en soutien électoral pour ATT, l’Adema et ses alliés n’avaient nullement commis un péché. Au lieu de plier face à ce principe sacro-saint de liberté d’opinion et de militantisme, gage de la vitalité d’une démocratie pluraliste, le mandémansa, comme il aime se faire appeler, y avait vu on ne sait quel danger pour notre jeune démocratie, dont les mérites sont quotidiennement évoqués à travers le monde. C’est vrai que le nouveau modèle démocratique initié par ATT et qui a permis de rassembler toute la classe politique autour de la construction du pays avait fait grincer au départ les dents de certaines vieilles démocraties du monde, mais qui se sont rapidement rendues compte que finalement cette trouvaille d’ATT devait considérée comme une expérience réussie.
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Mais puisque le temps est un excellent conseiller, les propres amis d’IBK ont attendu la suite des évènements pour être sûrs qu’il est bien le « kankélétigui » (l’homme qui n’a qu’une parole) et grand croyant qu’il prétend être. A cet effet, les législatives dans lesquelles il venait de se lancer après la débâcle de la présidentielle, étaient les bien venues pour exhiber toutes les facettes de l’homme, qui a présidé les législatures les plus budgétivores que notre pays ait connues depuis son indépendance. En véritable monarchiste, celui qui se voyait déjà président, n’a pas daigné se donner la peine de faire une campagne digne de ce nom. Croyant qu’il bénéficiait de la même audience qu’en 2002 auprès des militants de la Commune IV, l’homme, qui s’était coupé de sa base depuis qu’il est devenu deuxième personnalité du pays, avec à la clé une escorte sécuritaire impressionnante, s’est contenté de quelques apparitions tout au long de la campagne du premier tour. C’est ainsi que l’indépendant Moussa Mara, qui constitue la révélation de ces législatives, a lui a tenu la dragée haute.
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Sachant que ses chances sont vraiment médiocres par rapport à une éventuelle victoire au second tour, Ladji Bourama, qui voit sa carrière politique sérieusement menacée, se met à présent à courir derrière tout le monde dans la commune, même ceux qu’il appelle dans son jargon les « n’importe qui », c’est-à-dire l’Adema, l’URD et autres alliés de l’ADP pour sauver sa peau. C’est ainsi qu’avec des mallettes remplies d’espèces sonnantes et trébuchantes, il a réussi à s’attacher le soutien des sections Adema et URD de la Commune IV, dont il est convaincu que sans elles il n’a aucune chance face l’artillerie électorale irrésistible de l’indépendant Moussa Mara. Nous apprenons que IBK est actuellement en train de distribuer de l’argent à tous les leaders d’opinion, même extérieurs à la commune, pour influencer l’électorat. Mais toutes ces pratiques d’achat de consciences, bannies par la loi électorale de notre pays, pourront-elles suffire pour permettre à IBK de gagner? La réponse, dimanche prochain au soir.
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Abdoulaye Diakité
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