Il n’y a rien à faire : la fraude est devenue un moyen légal au Mali pour gagner les élections et cela depuis que la Cour constitutionnelle a décidé de fermer les yeux sur les irrégularités soulevées avec parfois preuve à l’appui lors du 1er tour des présentes législatives organisées le 1er juillet.
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Ainsi, à l’occasion du second round tenu hier dimanche, on a été témoin d’une fraude généralisée dans tous les camps et dans toutes les circonscriptions électorales du pays avec une prime pour le District de Bamako. La palme de la magouille est revenue aux protagonistes de la Commune IV. Qu’il s’agisse du Rassemblement pour le Mali dont le président et président sortant de l’Assemblée nationale, Ibrahim Boubacar Keïta est en péril, ou de l’indépendant Moussa Mara confronté à une coalition de partis politiques, on n’a pas lésiné sur les moyens pour faire voter illégalement des électeurs qu’on est allé chercher dans des villages environnants à bord de bus. Dans les deux camps, selon des sources internes, on a dépensé des millions pour augmenter ses chances de gagner.
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Tout le long de la journée d’hier, les bus ont fait des allées et retour entre les quartiers à la recherche d’électeurs qui sont déposés à deux carrés des centres de vote. La même scène s’est déroulée dans toutes les autres communes. En commune VI, on a même assisté un accrochage entre les deux camps se disputant des militants dans le quartier de Sokorodji, certainement du fait que les leaders locaux ont pris de l’argent avec les uns et les autres. Après des minutes de tiraillement, on a laissé ce « bétail » choisir entre les deux bus mis à leur disposition.
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Tout naturellement la campagne a continué au-delà du délai légal, qui finit 24 heures avant le début des opérations de vote. Pire, dans les alentours des centres de vote, des individus arborant les couleurs des candidats ont erré toute la journée au su et au vu de tout le monde. Ils agressaient même les électeurs qui refusaient de tendre l’oreille à leurs discours. Dans bien des centres, les forces de l’ordre ont assisté sans réagir à des échauffourées. La tension est restée vive jusqu’au dépouillement qui a aussi donné parfois lieu à des disputes. C’est sans gêne que dans les différents camps, on reconnaît avoir utilisé parfois des moyens illégaux pour gagner des suffrages.
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« Personne ne peut dire que son camp n’a pas volé d’une manière ou d’une autre. D’ailleurs, la victoire reviendra à ceux qui auront mis plus de moyens et d’imagination pour faire voter le maximum de personnes » nous a déclaré un cadre de l’Adema en commune I. Il résume en fait l’état d’esprit général au sein de la classe politique malienne dont les acteurs ne se préoccupent pas du tout d’une éthique politique. C’est d’ailleurs ce qu’ont reconnu les observateurs étrangers. « Si le Mali a gagné un nouveau pari démocratique, c’est dans l’organisation du scrutin et le respect de l’égalité des chances des candidats. Mais, ce succès est assombri par la fraude à laquelle se sont adonnés tous les protagonistes ».
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Une fois de plus, la moralité des politiciens maliens est en cause.. Reste à attendre la réaction de la Cour constitutionnelle qui sera saisie pour de nombreux cas de fraude constatés dans presque toutes les circonscriptions électorales du Mali. Le plus difficile reste à trouver une parade à l’achat de consciences, qui ne peut être combattu ni par les Forces de l’ordre, ni pour les Neuf sages. C’est une question d’éducation et de conscience individuelle. En la matière, le Mali a cessé d’être un exemple et cela depuis des années.
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Markatié Daou
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L”Indicateur du Renouveau du 23 juillet
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