Au terme des réajustements effectués par la Cour constitutionnelle, 4 sièges changent de camp. Sans modifier les rapports de forces.
C”est la délivrance pour les candidats et les partis politiques. La Cour constitutionnelle a enfin mis fin au long suspense sur les résultats du deuxième tour des législatives. Les partis et les candidats qui ont dû subir un stress insupportable sont donc définitivement fixés sur leur sort. Au delà des candidats, tous ceux qui étaient accrochés à ces résultats sont également "délivrés".
Au bout du suspense, la Cour a fait le ménage. C”est la grande déception pour certains et la joie pour d”autres. Accusés d”avoir "encouragé la fraude" lors de la proclamation des résultats du premier tour pour avoir rejeté toutes les requêtes, les juges constitutionnels ont minutieusement analysé les résultats provisoires. Et leur constat est implacable sur les irrégularités qui ont émaillé ce scrutin (voir l”article de M. Keïta).
Mais malgré la sévérité du jugement, la donne n”a pas fondamentalement changé. Les coups de théâtre auxquels on pouvait s”attendre n”ont finalement concerné que trois circonscriptions : Koulikoro, Tombouctou et Goundam où les listes qui arrivaient en deuxième position selon les résultats provisoires l”emportent finalement.
L”HISTOIRE SE REPETE :
Comme en 2002, c”est le parti ADEMA grand vainqueur des présentes législatives qui est le premier perdant des réajustements effectués par les 9 sages. Alors que les résultats provisoires proclamés par le ministère de l”Administration territoriale et des Collectivités locales lui attribuait 55 sièges, le Parti africain pour la solidarité et la justice devra se contenter de 51 députés. Le PASJ peut quand même se consoler : l”ampleur de ses pertes n”a aucune commune mesure avec celles qu”il avait subies au terme des rectifications effectuées par la Cour en 2002 quand 17 sièges de députés avaient changé de titulaires. En l”espace d”une soirée, "le parti de l”abeille" et ses alliés avaient perdu 14 députés au profit essentiellement du groupement "Espoir 2002". Le parti dirigé par Dioncounda Traoré alors donné provisoirement gagnant à Kolokani, Nara, San, Bankass, Tombouctou, Ansongo, et Tessalit, avait finalement perdu toutes ces circonscriptions.
Pour cette année, les Rouges-blancs ont exorcisé le sort à Nara où le même Dioncounda Traoré retrouve son siège. Par contre l”histoire se répète à Tombouctou où il perd après les rectifications de la Cour constitutionnelle.
Ainsi, la liste commune CNID-MPR l”emporte finalement de justesse avec 50,59 % des voix contre 49,41 % pour l”ADEMA donné vainqueur par les résultats provisoires. Il faut dire que ces résultats provisoires donnaient des scores très serrés. Le "parti de l”abeille" arrivait premier avec une courte avance de 50,73 % contre 49,27 %. Il a donc suffi de l”annulation de quelques voix pour que les rapports de forces changent. Les 11520 voix provisoirement attribuées à l”ADEMA ont été ainsi réduites à 11072 pendant que la liste CNID-MPR passe de 11 190 à 11338 voix.
Les rapports de forces ont également basculé à Tombouctou où les résultats provisoires donnaient l”ADEMA gagnant avec une relative avance confortable : 52,58 % contre 47,42 % pour la liste US-RDA. Au finish, ce parti inverse la tendance en obtenant 50,18 % contre 49,82%. Après les réajustements de la Cour, les 19 877 voix attribuées à l”ADEMA ont été ramenées à 18085. Par contre, le vainqueur définitif l”US-RDA voit ses voix passer de 17 928 à 18 216. Avec cette victoire inespérée, le parti de l”indépendance sauve la face et sera présent à l”Assemblée nationale.
HEMORRAGIE DE VOIX :
A Goundam, c”est encore le parti ADEMA et son allié, l”URD qui ont vu le nombre de leurs voix fondre. De 27 011 voix, les deux candidats qui avaient été élus sur la même liste en 2002 se retrouvent avec 10484. La liste concurrente, celle de l”indépendant Billy Touré a également vu diminuer le nombre de voix qui lui avaient été attribuées par les résultats provisoires : 11 604 voix contre 16 269. Toutefois en fin de compte, c”est la liste indépendante qui s”impose par 52,54 % contre 47,46 %, alors que les résultats provisoires donnaient 62,41 % à l”alliance ADEMA-URD contre 37,59 % pour les indépendants.
Dans les autres circonscriptions, malgré les annulation de voix et les rectifications, les vainqueurs restent les mêmes. Il y a des circonscriptions dans lesquelles le gagnant provisoire conforte même sa position. C”est le cas à Bafoulabé où le score de l”URD passe de 51,97 % à 52,18 %.
C”est le cas également à Kéniéba. La liste conduite par le député sortant Foutango dit Baba Sissoko que les résultats provisoires donnaient vainqueur de justesse avec 50,46 % consolide son score en l”emportant avec 51,12 % (12023 voix contre 11988 selon les résultats provisoires).
Par contre à Kita, la liste commune RPM-PARENA a failli passer à la trappe. Elle a perdu un millier de voix et se retrouve avec 50,88 % contre 51,30 % qui lui avaient été provisoirement attribuées. A Nioro du Sahel où la campagne s”est déroulée dans un climat délétère, la liste RPM obtient finalement moins de suffrages (14 930 contre 15008), mais gagne en pourcentage de voix : 51,91 % contre 51,78 %.
Dans la Région de Koulikoro, à Dioïla, l”alliance ADEMA-PARENA doit également soupirer. De 51,37 %, elle descend à 50,86 %. Dans le cercle voisin de Kangaba par contre, la victoire de l”indépendant Lansine Bérété était nette et sans bavure. Il obtient 56,41 % de voix contre 56,85 au provisoire.
Dans la circonscription électorale de Nara où la victoire de la liste dirigée par Dioncounda Traoré était très contestée notamment par la CAFO dans une démarche plutôt inhabituelle, il n”y avait rien à faire. Après les rectifications de la Cour constitutionnelle, la liste donnée gagnante conserve pratiquement le même pourcentage de voix (58,13 contre 58,41 %). La même situation prévaut à Kati. Ici, la liste commune ADEMA-URD obtient en définitive 54,67 % des voix contre 54,48%.
CONCORDANCE PARFAITE :
Plus au sud, à Yorosso, la victoire de l”URD ne souffrait pratiquement d”aucune irrégularité. Même si elle a été amputée d”une soixantaine de voix, elle a été bien élue avec 64,68 %.
Dans la très emblématique Koutiala, la Cour constitutionnelle a confirmé la victoire de l”alliance ADEMA-MPR-UDD avec certes quelques voix de moins. En pourcentage de voix, cette liste perd quelque points : 53,79 % contre 53,84 % que lui accordaient les résultats provisoires.
A Sikasso, les chiffres de l”Administration territoriale et ceux de Cour correspondent parfaitement : 52,77 pour la liste URD-MIRIA-MPR et 47,23 % pour le duo ADEMA-CNID. Une situation identique est observée à Barouéli où les 57,73 % de la liste indépendante Mody N”Diaye et les 42,27 du groupement PIDS-PCR-MPR sont confirmés exactement en l”état.
La victoire de la liste commune ADEMA-CNID-URD à Ségou est nette, même si ladite liste perd un point de pourcentage par rapport aux résultats provisoires : 62,33 contre 63,89 % initialement. A Bla et Niono, les listes données vainqueurs sont confirmées, mais perdent quelque voix. Toujours dans la Région de Ségou, à Tominian, la liste ADEMA-MPR s”impose de justesse avec 50,14 % des voix, alors que les résultats provisoires lui donnaient 50,40 %.
Mention spéciale doit être faite à la liste indépendante conduite par Ousmane Ba à Macina. Sa victoire incontestable a été confirmée par la Cour même s”il perd 11 voix (22 836 contre 22 847). Son score définitif est de 61,99 %, pratiquement conforme aux 62,02 % que lui attribuaient les résultats provisoires.
A Djenné, le combat du deuxième tour était vain pour la liste ADEMA conduite par le député sortant Mahamane Santara. La liste URD démontre que la longue avance qu”elle avait prise dès le premier tour ne devait rien au hasard. Donnée gagnante avec 59,12 % par l”Administration territoriale, la liste du parti de "la poignée de mains" perd une centaine de voix. Mais cela ne change rien puisqu”avec 58,90 %, ses candidats font partie des députés les mieux élus.
A Bankass, la victoire à l”arraché de URD est confirmée et la liste consolide même sa position en l”emportant avec 50,73 % au lieu de 50,39 % selon les résultats provisoires. Dans la circonscription électorale de Douentza, la victoire surprise du PSP a été acquise dans les règles de l”art. Sa liste perd seulement une vingtaine de voix et reste largement en tête avec 54,14 %.
Plus au nord, Ansongo est l”une des rares circonscriptions où le pourcentage de voix perdues par la liste gagnante est très significatif. Les vainqueurs, les candidats de la liste URD, de 55,05 % descendent à 51,62 %. C”est la tendance contraire dans le cercle de Bourem voisin. La liste indépendante Taoussa creuse l”écart en passant de 50,47 % à 54,09 %.
Ici à Bamako, malgré les rectifications de la Cour constitutionnelle, les vainqueurs restent les mêmes dans toutes les six communes.
S. TOGOLA
Assemblée nationale : RENDEZ-VOUS LE 3 SEPTEMBRE Aussitôt après la proclamation des résultats du 2è tour des élections législatives par la Cour constitutionnelle, dans la nuit du vendredi au samedi, le président de la République a convoqué l”Assemblé nationale en session extraordinaire pour le 3 septembre prochain, à la demande du Premier ministre, précise le décret de convocation de la session extraordinaire.
Quatre points sont à l”ordre du jour de cette session extraordinaire :
– l”élection du président de l”Assemblée nationale ;
– l”examen du Règlement intérieur de l”Assemblée nationale ;
– l”élection des membres du bureau de l”Assemblée nationale ;
– la constitution des groupes parlementaires et des commissions.