Report des élections communales et régionales : La duplicité de la classe politique

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IBK avec la classe politique
La classe politique (photo archives)

En effet, pendant qu’ils dénonçaient à demi-mot l’impréparation et l’inopportunité de la tenue des élections communales et régionales à cette date, ils étaient eux-mêmes sur le terrain en train de constituer leurs listes. Rares sont ceux qui ont élevé le ton pour dénoncer cette décision qu’on peut juger « d’imprudente », car elle remet profondément en cause l’accord pour la paix et la réconciliation que nous avons signé en grande pompe le 20 juin dernier. L’une des parties prenantes, à savoir la CMA, crie haut et fort qu’elle n’est pas d’accord que ces élections se tiennent à cette date, et, mieux, elle met au defi tout le monde de battre campagne dans les régions du nord. En plus la situation sécuritaire s’est dégradée  sur le terrain au point où la Minusma, qui nous aide avec la logistique craint pour ses hommes. Mais notre ministre est formel, les élections vont avoir lieu le 25 octobre, n’en déplaise à ceux qui ne sont pas prêts.

Un autre argument de taille, c’est le caractère particulier de ces élections. La régionalisation poussée, une première au Mali, qui verrait les assemblées régionales élues à des suffrages universels directs et dotées de large pouvoir de décision et d’une autonomie financière et de gestion. Toute chose qui n’est nullement inscrite dans notre constitution. Elle ne prévoit nullement cette nouvelle forme de gouvernance, qui, il faut le reconnaitre, répondrait aux aspirations des groupes armés qui demandent à ce que chaque région soit dirigée par ses fils en lieu et place de l’Etat central.

Dans tout ça, nos braves partis politiques n’ont pas osé aller au bout de la logique qui aurait souhaité qu’ils boycottent ces élections, une façon de forcer la main au ministre et au gouvernement de rebrousser chemin. Mais non, chacun est resté dans son petit coin à murmurer qu’il n’est pas d’accord, sans jamais oser le dire ouvertement. Alors même que certains d’entre eux sont convaincus que si les élections se tiennent dans ces conditions, c’est la partition du pays qui est assurée.

Cette volte-face, en réalité, ne tient qu’au fait qu’aucun parti politique ne veut rater le festin du partage des élus communaux, base du partage du gâteau national de l’aide publique aux partis politiques. Personne ne veut rater cette occasion. C’est la raison pour laquelle personne ne dit mot. « On n’est pas d’accord, mais on y va quand même ». Ce que la population en pense, ils s’en foutent, pourvu que leurs intérêts soient sauvegardés.

Harber MAIGA

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