C’est dos au mur que le Gouvernement a pris cette décision de convocation du collège électoral pour l’élection des conseillers communaux et régionaux voici en, substance ce qu’il a avancé comme raisons : « Le renouvellement des mandats des conseils des collectivités territoriales doit intervenir tous les cinq ans. Les mandats en cours, devant expirer le 26 avril 2014, ont fait l’objet d’une première prorogation de six mois à compter du 27 octobre 2014. Ils ont également fait l’objet d’une seconde prorogation de six mois. La prorogation des mandats des collectivités territoriales étant limitée à deux, il devient impératif d’organiser les élections des conseils des collectivités territoriales au terme de la seconde prorogation. Le décret de convocation a été adopté dans ce cadre. Il prévoit l’organisation des élections communales, régionales et du District de Bamako le 26 avril 2015. La campagne électorale, à l’occasion de ces élections est ouverte le vendredi 10 avril 2015 à 0 heure. Elle est close le vendredi 23 avril 2015 à minuit ». Ces raisons sont logiques et convaincantes pour celui qui veut rester conforme à la loi, mais la question qu’on est en droit de se poser est celle de savoir quelles actions le gouvernement a réellement posées jusqu’ci pour ne pas tomber dans l’illégalité. La réponse est rien. La situation sécuritaire s’est fortement dégradée au Nord et dans une bonne partie du Sud. Les pourparlers qui devaient commencer très tôt, soit 60 jours après l’investiture du Président de la République, se sont enlisés dans le temps. Pour ne pas cautionner la partition du pays en deux entités la tenue des élections communales et régionales doit avoir lieu après signature des accords entre les groupes armés rebelles et le Gouvernement.
Le Gouvernement malien est aujourd’hui entre le marteau et l’enclume. Le marteau des bailleurs de fonds qui menace de frapper les collectivités territoriales si le Gouvernement venait à remplacer les conseils communaux par des délégations spéciales. Et l’enclume de certains partis politiques de l’Opposition comme de la Majorité qui pensent et à juste raison qu’en organisant ces élections dans les conditions d’insécurité généralisées c’est cautionner non seulement la partition du pays, mais aussi donner raisons aux irrédentistes qui pensent que la partie septentrionale est moins importante aux yeux de l’État malien. Les associations de la Société civile cautionneraient difficilement un acte pouvant porter atteinte aux fondements de la République que sont l’intégrité, la laïcité et la cohésion.
Donc, la solution passerait par un report quitte au Gouvernement de prendre, de concert avec toutes les forces vives de la nation, les mesures pour combler le vide juridique consécutif à la fin de la deuxième prorogation des mandats des conseils communaux.
Youssouf Sissoko