Les vraies raisons du soutien de l’Adéma à IBK

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L’Adéma-PASJ au secours de son ancien président excommunié. Cette décision inattendue de la section IV du parti n’est pas moins sous-tendue par des arguments partagés au plus haut sommet. 

Les plus nantis en politique n’y perçoivent aucune sensation, tandis que les moins avertis du domaine sont si étonnés devant le phénomène qu’ils continuent d’en faire un objet de commérages. En Commune IV, en effet, l’Adéma-PASJ, une formation aux antipodes du RPM depuis que celui-ci a été extirpé de ses entrailles, a porté son dévolu sur IBK pour le second des législatives, en dépit des adversités nourries entre le candidat des tisserands et le celui des Abeilles à la présidentielle. Cette décision longtemps suspendue dans l’air a été rendue publique, mardi dernier, à la suite d’une réunion de la section IV où la quasi-totalité des représentants de sous-section se sont prononcés pour un soutien au RPM lors du dernier tour des législatives. Raison souvent entendue : une solidarité naturelle entre les partis politiques qui ne souffrent plus l’intrusion d’indépendants sur le terrain de la politique.

Comme nous y faisions allusion dans notre dernière parution, l’argument, sans être totalement déraisonné, paraît pour le moins paradoxal pour qui détient les archives d’une histoire encore récente des événements politiques au Mali. En effet, le pays sort tout juste d’une élection où le dévolu de 43 formations politiques a porté sur un indépendant qui, au second tour de la présidentielle de 2002, bénéficiait de l’appui du même candidat auquel il vient de ravir la vedette des soutiens politiques. Quelles sont donc les vraies raisons de la retrouvaille entre le PASJ et le RPM en Commune IV? La réponse à la question se situe à plusieurs niveaux, mais le choix des Abeilles procède avant tout de la realpolitik.

Par ces temps de combat acharné pour le positionnement parlementaire, la Ruche ne désespère pas que son frère ennemi lui renvoie l’ascenseur par un report de voix dans toutes les circonscriptions électorales où il est hors de compétition, à l’issue du 1er tour des législatives. Cette raison fondamentale est soutenue, par ailleurs, par d’autres explications et arguments tout aussi défendables. Les Abeilles ne sont pas près d’oublier qu’elles avaient essuyé le refus cinglant de Moussa Mara, un ancien camarade, devant leur sollicitation d’un soutien aux communales de 2004, après l’invalidation de la liste indépendante qu’il conduisait en Commune IV.

Au même moment, rappelle-t-on, le Rassemblement Pour le Mali d’IBK, dans le sillage de la normalisation des rapports entre l’Adéma et les partis issus de ses rangs, concédait un soutien au PASJ dans le cadre de la conquête de la Mairie du District de Bamako. Ce n’est pas tout. Il se trouve que le rôle de locomotive principale au FDR ne milite pas outre mesure en défaveur du RPM qui a d’ailleurs sa place dans l’acte constitutif de l’alliance opposée. Le confort des partis politiques étant l’un des trois principaux piliers de la plateforme de l’ADP (Alliance pour la Démocratie et la République) charrié par l’Adéma-PASJ.     

A.    Keïta                                                                  



SOUTIEN DE L’ADEMA à IBK : Les effets collatéraux d’une décision

Le choix de l’Adéma de soutenir son frère ennemi du RPM risque fort de changer la donne politique jusque là admise. Ce, qu’importe le résultat des urnes à l’issue du 2ème tour des législatives en commune IV du District.

Le choix porté sur Ibrahim Boubacar Keïta est loin d’être un cadeau gratuit fait aux Tisserands. Il résulte d’une realpolitik avec même des relents de récupération politique. La décision comporte d’abord en soi un message fort. L’Adéma répond en effet à ses détracteurs, dont Ibrim lui même, qui ne lui pardonnaient pas sa préférence à un candidat indépendant au détriment de ceux des partis lors de la présidentielle. Le parti de l’Abeille avait surtout souci de sa cohésion face au phénomène ATT. S’abstenir de soutenir cette candidature n’était pas sans risque pour son hégémonie. L’enjeu est désormais différent.

La décision aura donc indubitablement pour conséquences de mettre le FDR en mal, un Front qui n’avait que pour d’argument à faire valoir que son seul dessein de sauver la Classe politique du fléau des Indépendants. Que restera-t-il désormais de ce regroupement si Ibrim vénait à avoir des visées pour l’ADP et plus particulièrement pour l’Adéma? Par son geste, ce parti atteste désormais qu’il adhère à la Cause, la seule qui prévalu à la naissance du FDR. Il ne dédaigne pas donner, au passage une leçon à certains proches de Ibrim qui soutenaient avec une fausse assurance que n’est pas encore née la mère de celui qui empêchera IBK d’accéder à Koulouba, ou qu’ils mettraient le pays à feu et à sang s’il n’en était pas ainsi. 

Le choix de l’Adéma a également ceci d’important qu’elle ouvre des perspectives entre la tendance Adéma proche de Ibrim et les nostalgiques du RPM qui rêvent d’un retour au bercail dans la Ruche. Il n’est, en effet pas exclu, que ce soit le début d’un rapprochement entre les deux entités.

La grande contingence demeure sans doute la lecture que fera éventuellement Amadou Toumani Touré de cette approche. Une coalition, voire une fusion Adéma – RPM peut-elle constituer une menace pour lui ? Rien à craindre si la majorité de l’Adéma lui demeure fidèle. Il importe donc pour lui de respecter et de faire respecter le fait majoritaire. Il pourra alors se targuer d’avoir fait retrouver aux différentes composantes de la classe politique, ce qui les unit. C’est à ce prix, seulement à ce prix qu’un éventuel consensus aura son véritable sens.

B.S. Diarra

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