Ce qui n’était, jusqu’alors, qu’une hypothèse « pourritique », vient de se confirmer à l’occasion du second tour des législatives : l’impopularité de la classe politique au sein de l’opinion.
Illustration de cette hypothèse : le faible taux de participation, enregistré sur toute l’étendue du territoire national.
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Malgré les appels, lancés sur les ondes de la Radio et de la Télévision nationales par le chef de l’Etat et le Premier Ministre, les électeurs ne se sont pas bousculés au portillon des bureaux de vote.
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A Bamako, le taux de participation est estimé à 10 %, contre 33 % au premier tour. Et malgré l’enjeu de ce second tour -134 sièges à pourvoir –c’est le « nous pas bouger ».
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En Commune I où, le tandem Adema –CNID est opposé au RPM, les électeurs se faisaient rares, comme la neige à Kidal.
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De sources proches des observateurs nationaux, ce constat est à lier au discrédit que nourrissent les électeurs à l’égard des candidats. Mais pour le Président du bureau de vote de Djélibougou, Bréhima Koné, les raisons sont ailleurs. « Le manque d’affluence des électeurs s’explique par le fait que les maliens n’ont pas compris la démocratie. Sans cadeaux, sans argent, les gens refusent de voter. Ceux qui sont venus voter avaient, déjà, été conditionnés financièrement. Notre démocratie est devenue une démocratie bourgeoise au sein de laquelle, seuls ceux qui ont l’oseille peuvent faire acte de candidature », explique t –il.
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Le « nous pas bouger » des électeurs
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En Commune II, un président de bureau et quatre assesseurs ont été interpellés par le commissariat du 3e Arrondissement. Motif : fraude électorale.
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Même là, l’affluence n’était pas au rendez –vous. Au grand dam des forces politiques en présence : d’un côté, la liste CNID –MPR –URD et, de l’autre, le duo formé par le PCR et l’US –RDA.
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En commune II où, le chef de l’Etat a accompli son devoir civique, aux environs de 10 heures, à l’Ecole Fondamentale de la Base aérienne, le taux de participation n’est pas, non plus meilleur. Bien au contraire. Le flop a été magistral. « C’est le mode d’inscription qui en est la principale cause. Dès l’âge de 18 ans, l’inscription est obligatoire et le vote ne l’est pas. A la fin du processus électoral, il faut que nous réfléchissions sur le sujet pour voir comment rehausser le taux de participation, pour les prochaines échéances électorales », analyse le chef de l’Etat, après ce constat d’échec.
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En commune IV, le duel, opposant le Président de l’Assemblée Nationale sortante, Ibrahim Boubacar Keïta, au jeune Moussa Mara, a retenu l’attention des électeurs. Après avoir présenté ses condoléances à la famille du Pr Mamadou Lamine Traoré, le Président du RPM a insisté sur la nécessité de la transparence au cours de ce second tour.
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Au manque d’affluence des électeurs s’ajoutent l’immixtion du gouverneur du District dans ce second tour. En effet Ibrahima Féfé Koné a, au bureau de vote de Sébéninkoro, changé –entre les deux tours –les présidents de plus de la moitié des bureaux de vote.
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Si en commune V, l’achat de conscience n’a pas remédié au manque d’affluence, en commune VI, les bureaux de vote étaient déserts. A l’exception du centre de Banankabougou où, les électeurs ont été conditionnés pour la circonstance.
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Même les présidentielles du 29 avril dernier n’ont pas mobilisé les électeurs. En dépit de l’ébauche de moyens financiers par les candidats.
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Partout au Mali, les politicards ont mauvaise presse. Au sein de l’opinion, comme dans la presse. D’où le refus du citoyen de les désigner comme ses représentants à l’Assemblée. Et même au délà. « A quoi bon voter pour eux ; Ils ne s’occupent que de leur ventre », nous confie un enseignant, qui a préféré rester chez lui, au lieu d’aller accomplir son devoir civique. Avant de conclure : « Si les politiciens ne changent pas de comportement, le taux de participation atteindra à peine 2 % dans les années à venir ».
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Ensuite vient la démission des politicards, face au candidat A.T.T. Hormis une poignée de candidats –IBK en tête -, tous les leaders politiques se sont mis à plat ventre devant A.T.T., candidat à sa propre succession. Une attitude qui a révolté l’électorat malien, décidé à boycotter les urnes. Et ce n’est qu’un début.
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Car, en politique, le mensonge et la trahison sont les deux revers de la même médaille.
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Ben Laden
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