La “victimisation” est devenue le principal fonds de commerce politique d’Ibrahim Boubacar Kéita, reléguant ainsi à l’arrière plan sa réputation d’homme de poigne. En effet,les Maliens se souviennent qu’il a voulu rééditer, en 2007, son exploit de 2002 en se faisant passer pour une victime du pouvoir en versant, comme toujours, des larmes de crocodile. Pour lui, les autres ne sont que des bourreaux. Dans cet ordre d’idée, cette hantise d’IBK persiste par d’autres voies en vue de rallier les électeurs de la Commune IV à sa cause, en prélude au second tour des législatives.
Pourtant, même dans l’antiquité grecque les victimaires n’étaient pas aussi facilement désignés. Mais au Mali c’est le contraire : c’est un spécialiste en matière de victimologie qui se désigne comme victime. IBK, puisque c’est de lui qu’il s’agit, n’a pas encore compris que la politique est faite de hauts et de bas.
A preuve, n’ayant pas compris que la cause de la défaite du parti au premier tour des législatives en Commune IV, est due à la faiblesse du parti, du haut de son piedestral le Mandémansa cherche à désigner le coupableou le bouc émissaire d’une défaite qui se profilait déjà à l’horizon. Sinon, interrogé par le confrère “Le Républicain” du 12 juillet 2007, son colistier et non moins Secrétaire général de la section RPM de la commune, reconnaît : “En toute sincérité, j’ai dû surestimé le poids de mon parti. Il ya eu l’excès de confiance qui nous a poussé à ne pas travailler en profondeur(…).Nos structures ont baissé les bras. Nous en avons fait le constat…”
Malheureusement, cette manie de “victimisation” d’IBK est connue de tous. En 2002, en effet, selon lui,il aurait remporté la présidentielle dès le premier tour, et ses partisans y ont cru ferme. Comment avait-il négocié le second tour, personne ne le saura?
En 2007, c’est la même rengaine : il n’aurait obtenu que 19% face à ATT,suite à des “fraudes massives généralisées, une mascarade et une falsification de résultats…”
Pourtant,ce score est plus qu’honorable et même en deçà de l’idée que l’opinion se fait de lui. En plus, ses inconditionnels se disent prêts à tout, y compris à tout casser. A croire que le Mandémansa jouerait aussi à se faire peur.
Riverain du Woyowayanko, un haut lieu de la résistance à la pénétration coloniale, IBK, qui a blanchi sur le harnais politique, ne devrait pourtant pas être en manque de tactique, au point de recourir, à tout bout de champ, à la victimisation pour expliquer tous ses revers politiques. Sur ce registre, plus personne ne le croirait plus si, au soir du 22 juillet 2007, la liste du jeune Mara en venait à l’emporter. Ce qui n’est plus du domaine de l’impossible.
“ Lui qui croyait pouvoir traverser à gué, le voilà surpris au coeur du Woyowayanko par la déferlante Mara. IBK risque de se noyer. Au secours ! Mais si, par ses jeux propres, la démocratie en décidait ainsi alors… Et alors !”, écrivait le grand-frère Belco Tamboura dans “L’Observateur” du 6 juillet dernier.
Oumar SIDIBE
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