Débout comme un seul homme derrière les deux enfants du terroir, à savoir Cheick Oumar Soumounou dit Barou, maire ADEMA de Markala, et Boubacar Diarra dit Lato (CNID), le peuple de la vieille cité ouvrière n’a ménagé aucun effort pour offrir à la liste de l’Alliance pour la démocratie et le progrès (ADP) les sept députés du cercle de Ségou.
La victoire de la liste Alliance pour la démocratie et le progrès (ADP) comprenant l’ADEMA, le CNID, l’URD et le Mouvement citoyen aux dernières élections législatives à Ségou repose principalement sur les électeurs de la vieille cité ouvrière. En effet, ceux-ci, par le vote massif, ont creusé la différence avec plus de deux mille voix d’écart.
Au premier tour, le 1er juillet 2007, la seule commune de Markala a obtenu 2760 voix, soit 66,52 % des suffrages exprimés pour le compte de l’ADP contre 600 voix, soit 14,46 %, pour la liste RPM-MIRIA-SADI-PRC et 540 voix, soit 13,01 %, pour le groupe des indépendants Yéreko. Les autres listes PIDS-UDD-REDD-PARENA, PSP et Ségou Kunko ayant reçu respectivement 76 voix, soit 1,83 %, 129 voix, soit 3,10 % et 44 voix, soit 1,06 %. Malgré l’écart des suffrages creusé par Markala, la liste ADP n’a pas pu passer dès le premier tour par la faute de Me Tall qui n’a pas pu mobiliser dans sa ville natale et a ainsi anéanti les efforts des électeurs de Markala. Au second tour, le 22 juillet 2007, la commune de Markala a redoublé d’efforts en obtenant 3360 voix, soit 73,13 % des suffrages exprimés pour le compte de l’ADP contre 1234 voix, soit 26,86 % pour la coalition RPM-MIRIA-SADI-PCR. L’écart des voix s’élève à 2126.
Ainsi, avec son score, la commune de Markala, aussi bien au premier tour qu’au second tour, vient en tête partout dans les circonscriptions électorales de Ségou.
Cette démobilisation de la commune de Markala trouve sa justification par le fait que deux de ses fils étaient sur la liste ADP. Il s’agit du maire de la ville, Cheick Oumar Soumbounou dit Barou, un véritable animal politique au sein de l’ADEMA et Boubacar Diarra alias Lato, issu d’une grande famille notable qui vient tout juste d’adhérer au CNID après avoir quitté le MIRIA.
Le CNID, parti de Me Mountaga Tall, enfant du terroir vers lequel tous les regards étaient tournés, n’a pas été à hauteur de souhait. Affaibli par des batailles de chiffonniers avec comme principal instigateur Me Tall lui-même qui, de part son monarchisme, est en train de creuser la tombe du parti, le CNID constituait un obstacle sur la liste ADP. Naguère une référence, il est aujourd’hui en perte de vitesse. De treize députés en 2002, le parti du soleil levant se retrouve, cette année, avec seulement six élus derrière le MPR du Dr Choguel Maïga.
En 2002, pour arriver à se faire élire dans sa ville natale, Ségou, considérée, à tort, comme étant son fief électoral, Me Mountaga Tall a bénéficié des moyens et des suffrages du Rassemblement pour le Mali (RPM) d’Ibrahim Boubacar Kéïta, alors locomotive du regroupement Espoir 2002.
Cette année encore, Me Tall n’a eu son salut que grâce à l’ADEMA-PASJ, également tête de pont de l’Alliance pour la démocratie et le progrès (ADP).
Imposé sur la liste de cette alliance à Ségou suite à l’intervention du président de la République, selon certaines indiscrétions concordantes, Me Tall était considéré comme le maillon faible de la liste au regard du poids de son parti, le CNID, qui ne représente plus rien à Ségou. Pire, il constituait même un danger pour la liste, les Ségoviens ne voulant pas de lui. Ce qui explique même l’échec de la coalition au premier tour. N’eût été la forte mobilisation du maire de Markala, Cheick Oumar Soumbounou dit Barou, qui a fait des scores allant jusqu’à 73 % des suffrages avec des milliers de voix d’écarts face aux autres, la liste ADP n’allait pas se retrouver au second tour, Me Tall ayant lamentablement échoué dans la ville de Ségou.
Le secrétaire politique de l’ADEMA et non moins ministre de l’Agriculture, Seydou Traoré, a été l’homme qui est venu tendre la perche à la coalition à Ségou, singulièrement à Me Mountaga Tall. Après avoir accompli son devoir civique, «Sacré Seydou» s’est installé dans son fauteuil de «roi acheteur de consciences». Il distribuait de l’argent à tort et à travers comme un bon samaritain. La pratique est un secret de polichinelle. Ainsi, nombreux sont les Ségoviens qui estiment que c’est le ministre Seydou Traoré qui est venu à la rescousse de l’ADP tout en redorant le blason de Me Mountaga Tall. Naguère considéré comme l’enfant prodige de l’ex-royaume bambara de Ségou, ce dernier n’est plus que l’ombre de lui-même aujourd’hui.
Son parti, le Congrès national d’Initiative démocratique (CNID Faso Yiriwa Ton), qui était une référence, est en perte de vitesse. Le parti du soleil levant est en passe de devenir celui du soleil couchant, par la faute de son leader Me Tall qui s’érige en donneur suprême de leçons.
Ne pouvant plus compter sur les quelques militants qui lui restent encore, Me Tall ne peut jamais présenter une liste propre au CNID au risque d’aller tout droit à Canossa.
Alassane DIARRA
Envoyé spécial à Ségou
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