La Cour Constitutionnelle vient encore de frapper l’Adéma-PASJ qui perd, à cause des suffrages annulés, quatre sièges : un à Goundam, un à Tombouctou, deux à Koulikoro, où il est vrai, chacune des deux listes rescapées du premier tour (Adéma/CNID-MPR), revendiquait la victoire. Cependant, malgré la sulfateuse des juges constitutionnels, le Parti Africain pour la Justice et la Solidarité, l’ancien parti au pouvoir (1992 à 2002), redevient la première force politique de la nouvelle Assemblée nationale avec 51 députés. Elle est suivie de l’Union pour la République et la Démocratie (URD) -de Soumaïla Cissé, challenger du président Touré en 2002- qui fait une remontée spectaculaire, avec 35 sièges.
Les Indépendants, tous proches du président de la République, créent la surprise en occupant la 3ème place, devançant de trois longueurs le Rassemblement pour le Mali (RPM) du désormais ex-président de l’Assemblée nationale Ibrahim Boubacar Kéita. Première force politique de la législature sortante, le Parti des Tisserands qui a évité la grande humiliation avec la réélection de son Président, au 2ème tour, dans les conditions que l’on sait. Avec comme seul député réélu de son parti, El Hadji Ibrahim Boubacar Kéïta n’est pas encore sorti du rêve psychosomatique dans lequel l’avaient plongé ses « grands politologues » et autres « sondeurs professionnels ».
La chute abyssale subie lors ces joutes législatives- 11 contre 43 députés à la législature sortante- risque de lui être fatale. Le Mouvement Patriotique pour le Renouveau (MPR) double la mise et coiffe au poteau le Congrès National d’Initiative Démocratique de Me Mountaga Tall. Miné, par des querelles intestines, le parti du Soleil levant perd 6 siéges. De 13 députés en 2002, il se retrouve, cinq ans plus tard avec 7 élus. Il est suivi par deux autres partis sortis de ses entrailles : le Parti pour la Renaissance Nationale (Paréna) et Solidarité Africaine pour Démocratie et l’Indépendance avec chacun 4 députés.
Si le Paréna améliore un peu son score (2 députés dans l’Assemblée sortante) , il n’en est pas de même de SADI qui perd 2 députés, avec cependant un bémol : l’élection de son secrétaire général, le bouillant Dr Oumar Mariko, lequel, il est certain, haussera le niveau des débats au sein de l’hémicycle. L’Union pour la Démocratie et le Développement (UDD) un parti né d’une scission du MPR et le Mouvement pour l’Indépendance, la Renaissance et l’Intégration Africaine (Miria) de Feu le Pr. Mamadou Lamine Traoré, qui fait son entrée à Bagadadji , arrivent en 9ème position avec chacun 3 députés. Ils sont suivis par le Parti pour la Solidarité et le Progrès (PSP) de l’actuel Ministre de l’Intégration Africaine et des Maliens de l’Extérieur, Oumar Hamadoun Dicko et du Barica avec chacun 2 députés.
Le Parti Citoyen pour le Renouveau (PCR), issu du Mouvement Citoyen, le Bloc pour la Démocratie et l’Intégration Africaine (BDIA) et l’Union Soudanaise du Rassemblement Démocratique Africain (US-RDA) ferment la marche avec 1 député chacun. Le parti de Modibo Kéïta, premier président du Mali indépendant, sauve l’honneur à Tombouctou, la Ville des 333 Saints, grâce à El Hadj Baba Haïdara, finalement remis dans ses droits par les 9 sages du Dibida On s’attendait à un chamboulement plus important lorsque, tout juste avant la lecture de l’Arrêt, le Président de la Cour Constitutionnelle Salif Kanouté s’adressa à l’auditoire, en ces termes : « Nous avons la mission de rendre la justice. Toute injustice est une atteinte. Dans toute compétition il faut un arbitre éclairé dont les décisions sont acceptables par toutes les parties » Au bout du compte, la montagne accoucha d’une souris.
Au lieu d’un séisme, on a eu droit à une tempête dans un verre d’eau. Seuls les résultats de trois circonscriptions électorales connurent des changements notables. Alors qu’on avait signalé plusieurs cas de fraudes un peu partout, surtout dans plusieurs bureaux de vote du District de Bamako.Au bout du compte, l’Alliance pour la Démocratie et le Progrès (ADP), la coalition de partis qui a soutenu et faire élire dès le 1er tour le candidat Amadou Toumani Touré lors de la présidentielle du 29 avril dernier avec 71,20% sort de ces élections législatives avec plus 128 députés contre 15 au Front pour la Démocratie et la République (FDR). Ce qui prouve, si besoin en est encore, que l’ADP reste la principale force politique du Mali.Plus enclin à vouloir « balayer » par tous les moyens le président sortant Amadou Toumani, le regroupement des partis dits de l’opposition a oublié que la véritable bataille, celle qui mérite d’être menée, est celle de l’occupation du terrain.
Plutôt que le contact perpétuel avec la base nos leaders du FDR ont malheureusement choisi le mensonge, le dénigrement, l’injure, le pamphlet comme armes de campagne, alors que le pays profond, moins naïf qu’ils ne le croient reste plutôt sensible aux gestes d’attention, de respect mais aussi aux efforts de développement fournis lors des cinq dernières années par le président Touré dont l’aura , au lieu d’être flétrie par leur lynchage médiatique, s’est au contraire renforcée même à Bamako « l’informée » avec à la clé, une importante mobilisation des jeunes de 18 à 35 ans, qui sont sortis pour voter ATT, le 29 avril dernier. Les candidats ADP aux législatives ne s’y ont d’ailleurs pas trompé. Ne disaient-ils pas aux électeurs : « Nous avons soutenu ATT lors de la présidentielle, votez pour nous afin qu’on puisse l’aider à exécuter son programme ».
Maintenant qu’ils ont admirablement atteint leur objectif, les leaders de l’ADP doivent faire en sorte, qu’au-delà des intérêts personnels, cette dynamique de solidarité entre eux et autour de leur Champion se renforce, pour le développement harmonieux du pays, dans la paix, la concorde et dans la justice.Nos (des) honorables députés sont convoqués pour le 3 septembre prochain. Une ombre qui va planer à Bagadadji, celle de Moussa Mara, l’adversaire du président sortant de l’Assemblée nationale en C VI.
Battu au terme d’une honteuse coalition des partis politiques, Mara qui a refusé de s’adonner aux jeux abjects de la triche n’a pas introduit la moindre requête en annulation contre les nombreux cas de fraudes et d’achats de conscience. Malgré sa jeunesse, Balla vient de nous rappeler qu’au Mali , il y a encore des hommes qui ont des principes, une dignité, un code d’honneur, des règles. Oui, il y a parfois une morale en politique. Dans une véritable farce électorale, il y a des défaites qui valent mieux que des victoires.
Adama Dramé
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