Eventuel report des élections communales et régionales : La classe politique étale sa division devant le ministre de l’Administration territoriale

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Cette rencontre qui découlait d’une réunion interministérielle autour du Premier ministre n’avait nullement le mandat de se prononcer sur le respect ou non de la date du 25 octobre, cette prérogative revenant au Gouvernement. Il s’agissait pour le département en charge de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, de recueillir les opinions et les propositions de ses interlocuteurs, lesquelles devront être inclues dans une communication verbale qu’il doit présenter au prochain Conseil des ministres.

D’emblée, le Ministre Abdoulaye Idrissa  Maïga, rappelant aux responsables politiques les différentes voies qui s’offrent à nous devant n’importe quel problème, a demandé si,  pour moins de 30 communes ou les citoyens n’ont pas réagi sur les 703, on devait «suspendre la loi ». Mieux, «quelle est la garantie qu’il aurait pour que, dans notre pays, qu’on attende qu’il y ait la sécurité partout au même moment. Mais surtout, quel sera le sort d’un report si cela n’était pas encadré par la loi ?», a-t-il lâché pour attirer l’attention de ses interlocuteurs qu’il a, par ailleurs, appelés à faire preuve de courage politique en se référant à  Jean Jaurès.

L’ambigüité de la position du RPM

A la suite du Ministre, le Professeur Mamadou Kassa Traoré, au nom de la Convention des partis politiques de la majorité présidentielle qu’il était censé représenter, s’en est tenu à un document écrit qui consigne les avis de l’ensemble des partis de la CMP, forte de 67 membres. Ce document qui fait suite à une rencontre que la Convention a eue avec le Premier ministre, appelle à un report des élections communales et régionales du district de Bamako. Sauf que, lors de la rencontre de ce mardi, le Rassemblement pour le Mali autour duquel se forme la CMP, a eu un discours à la limite nuancé, sinon ambigüe. En effet, s’il s’est soigneusement gardé de prononcer le mot report, le représentant du RPM, Kaba Diarra, a fait observer que l’organisation des élections relève des prérogatives de l’Etat. Partant, dit-il, c’est à l’Etat de décider en toute souveraineté, compte tenu de la réalité sécuritaire et des dispositifs en sa possession, de l’opportunité d’organiser les élections ou non. Toutefois, le RPM propose que l’organisation des élections communales et celles locales et régionales soient dissociées et que l’Etat se décide au plus tard le 27 décembre 2015. L’autre proposition du parti présidentiel, c’est que l’on mette en place des délégations spéciales au cas où la date d’organisation des élections communales intervenait à la fin des mandats des conseillers communaux.

Alassane Abba de la Codem s’est voulu plus tranché, lui qui estime que l’organisation des élections dans le Nord, dans les conditions que l’on sait, relève de la pure farce. Si c’est le cas, a prévenu l’ex-député de Goundam, il y a un risque que les populations basculent du côté de ceux à qui nous étions récemment opposés (Ndlr : les groupes armés rebelles).

Plusieurs représentants des partis de l’opposition, tels que Beffon Cissé de l’Urd, Souleymane Koné des Fare et Amadou Goïta du PS-Yelenkura ont plaidé pour le report, surtout quand on n’est pas sûr que les raisons qui ont motivé les précédents reports sont aujourd’hui résorbées. «Tenir les élections le 25 octobre prochain, c’est cautionner la partition du Mali. Si nous avions refusé de déposer les listes, on aurait dit que la classe politique a boycotté les élections, alors que nous ne voudrions pas en rajouter à la crise», a précisé Amadou Goïta, appelant le gouvernement à respecter l’Accord de paix.

Respecter le 25 octobre à tout prix

D’autres partis ont estimé que la situation sécuritaire du pays, évoquée pour proposer un éventuel report, ne tient pas pour la simple raison que nul ne saurait prédire la fin de cette situation. «J’ai l’impression qu’il n’y a pas d’Etat au Mali. Il n’appartient pas aux partis politiques de décider», s’offusque M. Diallo du parti CD. Pour Soungalo Traoré de l’UDM, il faut à tout prix respecter la date du 25 octobre car, estime-t-il, les élections constituent un moyen de stabilisation du pays. Ce fut le même son de cloche du côté du Prvm-Fasoko, un  parti de l’opposition extraparlementaire.

Faut-il rappeler qu’auparavant, le Ministre avait rencontré des organisations de la société civile (Osc) qui se sont montrées aussi divisées que la classe politique. Soulignons que les Osc les plus en vue, notamment la Cafo, le Plateforme des organisations de la société civile et le Conseil national de la société civile, ont brillé par leur absence.

Quoi qu’il en soit, la Délégation générale et la Commission électorale nationale indépendante, par la voix de leurs responsables, se disent techniquement prêts pour aller aux élections le 25 octobre prochain. Mais le dernier mot revient au gouvernement qui pourrait décider la voie à suivre lors du Conseil des ministres prévu en fin de semaine.

Bakary SOGODOGO

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