Elections communales et régionales : L’inévitable report !

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Les élections communales  constituent des consultations électorales de proximité où les populations choisissent librement les personnes qu’elles jugent compétentes pour gérer leurs affaires au niveau local. L’enjeu de ces élections est tel que leur tenue demande une certaine sérénité chez les populations.  Mais avec  la situation sécuritaire actuelle  et la crise au nord du pays qui n’a pas encore fini  de livrer tous ses secrets malgré la signature d’un accord de paix avec les ex-rebelles, l’on se tient inexorablement vers un énième report de ces élections. Du moins si l’on s’en tient aux prises de position de nombreux partis politiques, dont ceux de la majorité présidentielle.

Abdoulaye Idrissa Maïga seul contre tous

Même si le ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation Abdoulaye Idrissa Maïga tient coûte que coûte à organiser ces élections à la date du 25 octobre, nombreuses sont les voix qui se sont élevées pour demander le report de ces élections. Une demande de report que d’aucuns justifient par la situation sécuritaire qui se détériore de jour en jour, surtout au nord du pays malgré la signature de l’accord de paix. S’y ajoutent les termes de l’accord  dont la mise en œuvre prévoit un certain nombre de reformes administratives.

Dans une récente sortie médiatique, le président du groupe parlementaire Vigilance Républicaine et Démocratique (VRD) l’honorable Mody N’diaye a indiqué que les élections communales et régionales ne pourront pas se tenir le 25 octobre prochain.

« Même un fou sait que les élections ne pourront pas se tenir à cette date » a-t-il martelé.

Même son de cloche au niveau d’autres partis politiques de l’opposition comme le PIDS où le président Daba Diawara, lors d’une conférence de presse a laissé entendre qu’il ne voit pas l’urgence d’organiser ces élections.

« Nous ne voyons l’urgence des élections communales et régionales », a-t-il dit. Car selon lui, l’urgence est le retour de la paix.

« Le gouvernement s’acharne à organiser les élections le 25 octobre prochain alors que la mise en œuvre de l’accord imposera d’autres élections » assure-t-il.

Sur le sujet, le secrétaire général du PIDS ajoutera que le gouvernement ne tient pas compte de certaines dispositions de l’accord de paix qui prévoient des reformes au cours de la période intérimaire pouvant aller de dix huit  mois (18 mois) à vingt et quatre mois (24 mois).

« Il est plutôt pertinent de réfléchir à d’autre alternative à la poursuite du mandat des élus communaux et à la perspective des délégations spéciales. Dans tous les cas de figure, la mise en œuvre de l’accord va nous imposer de nouvelles élections. Il est bon de restaurer l’Etat d’abord sur l’ensemble du territoire national à travers le retour du commandement de l’armée et des services déconcentrés avant d’organiser des élections » a-t-il laissé entendre.

De leur côté, les groupes armés de la CMA ont durci le ton en  brandissant des menaces de représailles contre toute personne qui battra campagne dans le cadre de ces élections dans les zones qu’ils contrôlent.

Aussi, de nombreux partis politiques membres de la majorité présidentielle commencent à hausser le ton. C’est le cas du député Issa Togo, président  du groupe parlementaire Adema-Asma à l’Assemblée nationale.

Dans une récente sortie médiatique, il s’est demandé ce que le gouvernement veut à la fin en s’acharnant à organiser ces élections alors que la majorité des partis politiques, des composantes de la société civile plaident pour un report.

Pour Issa Togo, à partir du moment où une soixantaine de partis politiques de la majorité  a constaté  que les conditions de la tenue de ces élections ne sont pas réunies, il n’y avait pas de raison de fixer la date limite de dépôt des candidatures au 10 septembre dernier.

Pour lui, en dehors des partis politiques de la majorité, ceux de l’opposition ont  aussi demandé ce report  en plus de la société civile.

« Pourquoi le gouvernement s’entête-t-il à organiser ces élections comme pour sceller la partition du pays d’autant plus que les ex-rebelles ont déclaré qu’il n’y aura pas d’élections dans les zones qu’ils contrôlent » s’interroge l’élu de Koro.

Même discours chez le Professeur Aly Nouhoum Diallo, ancien président de l’Assemblée nationale qui estime aussi que la tenue de ces élections le 25 octobre prochain cautionnerait la partition du pays. Il tire le bouchon plus loin en ajoutant que cela constituerait une violation de la loi.

C’est  probablement pour mettre fin aux tergiversations que le ministre Abdoulaye Idrissa Maïga aurait décidé de rencontrer la société civile et la classe politique pour débattre de la question. Une rencontre qui permettra certainement de prendre une décision commune sur la date de ces élections. Mais d’ores et déjà, nombreux sont les hommes politiques, observateurs de la scène  politique et même des candidats à ces élections qui estiment que le report de ces élections est inévitable au regard de la situation sécuritaire du pays, surtout au nord du pays. Mais aussi les menaces brandies par les ex-rebelles. Et l’organisation de ces élections sans les zones  non contrôlées par l’Etat malien constituerait une manière de cautionner la partition du pays, selon certains.

Mais la question qui taraude les esprits est qu’en cas de report, qu’adviendra-t-il des conseils communaux ? Y’aura-t-il une autre prorogation de leurs mandats ou vont-ils être remplacés par les délégations spéciales ? En tout cas, des sources bien introduites estiment que le ministre Abdoulaye Idrissa Maïga est farouchement opposé à la mise en place des délégations spéciales pour le fait qu’elles sont budgétivores et sans légitimité populaire.

D. Diama

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