Elections communales et régionales : Le gouvernement opte pour le passage en force

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Communiqué du conseil des ministres du mercredi 14 janvier 2015
Premier conseil des ministres du gouvernement Modibo KEITA

C’est logique et naturel car le processus électoral doit être bouclé afin que le pays sorte définitivement de la transition politique. Quand les élections présidentielle et législatives se déroulaient en 2013, il y avait beaucoup plus d’insécurité que maintenant, et pourtant elles ont été des réussites. Le facteur d’insécurité ne saurait donc être le moyen de chantage que certains veulent mettre en avant pour un énième report des communales et des régionales. Depuis quelques temps, des voix s’élèvent des états-majors de partis politiques pour demander ce report en raison de l’insécurité qui sévit au nord et au centre du pays. Ces mêmes partis politiques étaient pourtant d’accord avec le gouvernement quand celui-ci, en cadre de concertation avec la classe politique, a fixé la date des scrutins. Récemment, ce sont des maires qui, après s’être concertés entre eux, ont rencontré le ministre de l’administration territoriale et de la décentralisation, Abdoulaye Idrissa Maïga, pour demander un report de scrutin. Ils veulent être maintenus dans leurs fauteuils jusqu’à ce que les conditions d’un scrutin apaisé et paisible soient réunies. Seulement, la fin de l’insécurité n’est pas pour sitôt, elle a commencé depuis 1990 et il n’y a aucune raison à ce qu’elle prenne miraculeusement fin maintenant pour permettre au Mali d’organiser des élections 100% sécurisées. Et puis, ces maires doivent enfin sortir de leur statut d’édiles nommés pour redevenir des élus. Mais tout le problème est là.

Ils ont eux aussi invoqué l’insécurité comme motif. Ils ont raison, il y a en effet insécurité. Mais cela ne concerne que leurs seules personnes. Ces maires craignent de ne pas être réélus en octobre. Ils ont donc raison d’être en insécurité électorale, sachant déjà comment ils ont été élus en 2009, sachant également qu’avec toutes les casseroles qu’ils trimbalent, ils ont peu de chances d’être réélus et pourraient, pour beaucoup, se retrouver devant la justice pour diverses entorses à la loi. Qui les supplanteront ? Les nouveaux maitres du pays, à savoir le parti présidentiel, le RPM, et ses trop nombreux affidés. Ceux-ci ont décidé de parachever le processus électoral -qui a commencé en 2013 avec l’élection plébiscite d’IBK à la magistrature suprême et a continué avec la victoire (avec une majorité absolue) du RPM aux législatives- par une main mise totale sur toutes les communes et régions.

Au rythme où vont les choses, avec une ruée monstre qui continue vers le RPM et IBK, cela est une entreprise possible. Les partis de la majorité présidentielle n’entendent rien céder et les partis de l’opposition pourraient se retrouver à jouer les figurants dans les futurs conseils communaux et régionaux.

A l’heure actuelle, cependant, demeure une incertitude : le RPM, sachant qu’il est en position de force, ne serait-il pas tenté de jouer cavalier seul dans toutes les circonscriptions ? Pendant les dernières législatives, il a très peu fait liste commune avec ses partenaires, cette tendance pourrait continuer à la faveur de ces élections, et cela risque de causer quelques frictions, notamment avec l’Adema. Jusque-là ce parti a été son allié, le plus grand en termes de force de mobilisation mais aussi de destruction. Mais l’Adema sera bientôt son plus grand rival et adversaire, car, à l’heure actuelle, c’est ce parti qui détient le plus grand nombre de sièges au niveau des conseils communaux et régionaux. Et si le RPM veut continuer dans sa lancée de tout prendre, il se heurtera forcément à l’Adema. De même, le parti présidentiel aura certainement à en découdre avec ses autres alliés pour le contrôle des conseils communaux et régionaux, et ce ne sera pas sans casse. Se dirige-t-on vers la fin d’une alliance circonstancielle, calculée et opportuniste ?

Cheick TANDINA

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