Chantage, diversion, propos xénophobes, exclusion systématique des femmes, dépouillements d’urnes dans des domiciles, implication des préfets de Dily et de Ballé dans les opérations frauduleuses. Voilà, entre autres, les griefs formulés par la Secrétaire exécutive de la Coordination des associations et organisations féminines (Cafo) Mme Oumou Touré, à l’encontre de la liste Adema à Nara, pilotée par son président en personne, Dioncounda Traoré. ‘’Faux et archi-faux’’ a répondu le président de l’Adema, contacté par nos soins. Il accuse à son tour son accusatrice d’avoir battu campagne pour la liste Cnid.rn
Nous avons des preuves qu’il n’y pas eu élection. L’argent a remplacé les électeurs…Des mineurs ont voté avec la bénédiction des préfets à Nara. Nous avons des photos et d’autres preuves…’’ a déclaré, très amère, la Secrétaire exécutive de la Cafo, hier dans la matinée au siège de son organisation.
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Membre de la Commission électorale indépendante, la Cafo est agréée pour superviser les élections dans notre pays. Partie à Nara dans le cadre d’une caravane de soutien aux candidatures féminines, Mme Oumou Touré n’est revenue que le mardi dernier avec un cœur meurtri par ‘’des pratiques qui jurent avec les règles de jeu démocratique’’.
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Selon la patronne de la Cafo, on ne peut pas parler d’élection au Mali, car l’administration prend partie en amont. Et d’accuser Dioncounda Traoré, président de l’Adema et candidat victorieux aux législatives de Nara ‘’à coups de diversion et de chantage’’. Selon elle, les chefs de village et de quartier de la circonscription de Nara ont tenu une réunion sous l’égide des candidats de la liste Adema pour demander aux électeurs de ne pas choisir les femmes. Selon elle, avec des propos du genre : ‘’les femmes veulent venir à l’Assemblée pour voter des lois sur la polygamie, sur l’excision…’’ Dioncounda Traoré et ses camarades sont semble- t-il les auteurs de ces phrases utilisées comme arguments de campagne. Rappelons que la liste Adema était en finale contre la liste Cnid qui comporte deux femmes. Tout en jetant un discrédit sur les législatives, elle n’exclut pas de ‘’porter plainte devant une Cour constitutionnelle restée muette face aux dérives, à son avis, depuis le début’’.
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Pour Mme Touré, ces propos sont inacceptables de la part des candidats de l’Adema. ‘’ On ne peut pas accepter que ceux qui se réclament du plus grand parti se comportent de la sorte…’’ a t-elle lâché, furax. Pour elle, la campagne électorale ne doit ‘’pas descendre dans les caniveaux…Comment comprendre qu’on batte campagne contre une liste parce qu’elle comporte des femmes et dire que ce sont des gens avertis qui sont à l’origine ?’’ s’est interrogée Mme Oumou Touré. Contacté par nos soins, le président de l’Adema a rejeté les accusations en bloc en ces termes : ‘’La présidente de la Cafo est partie battre campagne à Nara alors que son organisation est apolitique…il faut qu’elle arrête cette dame, hein !…’’ s’est contenté de nous dire Dioncounda Traoré.
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Qui dit vrai ? Qui ment parmi ces deux figures emblématiques de la vie publique malienne ? Voilà une affaire qui devrait interpeller tous les citoyens, démocrates convaincus ou autoproclamés car l’heure est grave. Ça va de mal en pis. De telles polémiques sont, franchement, indignes du Mali. Fraude ou pas fraude, violation des textes ou pas, une prise de conscience et une mobilisation de toutes les forces vives de la Nation pour mettre un terme à ces dérives est une urgence aujourd’hui.
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Alhassane H Maiga
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