Plus de trois mois après les élections législatives qui se sont déroulées dans un contexte de fraude généralisée, la fameuse affaire dite des « cartes d’électeurs volées » continue encore de défrayer la chronique en commune IV du District de Bamako.
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Cette circonscription électorale considérée comme le fief du Président du RPM et non moins ancien Président de l’Assemblée nationale était devenue un enjeu politique et électoral de taille pour les partis membres de la majorité présidentielle et surtout certains candidats indépendants. « Tout sauf IBK » tel était le slogan de campagne préféré des autre candidats. Et pour ces derniers, tous les moyens étaient bons pour faire chuter le « Kankalentigui » et l’humilier chez lui-même.
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C’est ainsi que des stratégies de fraude les plus folles furent élaborées. Certains candidats plus astucieux et ingénieux n’ont pas voulu chercher loin. Selon ces derniers, le salut se trouvait à portée de main.
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C’est-à-dire les cartes d’électeur non enlevées dont la garde est cependant confiée à la Mairie.
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Comment s’emparer alors de ces cartes sans pour autant éveiller les soupçons de la partie adverse ? Cette question aussi n’a pas fait l’objet d’une grande réflexion car les proches de certains agents de la mairie ont proposé spontanément leur service.
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C’est ainsi que la machine de fraude s’est mise en marche. Des centaines de cartes d’électeurs furent subtilisées et vendues sur le territoire de la commune IV comme des vulgaires marchandises. Les acheteurs qui n’étaient autres que des candidats en course s’en procuraient à cœur joie. Et pour les rendre exploitables, ces candidats sont allés jusqu’à fabriquer des vraies fausses cartes d’identité avec la complicité de certains agents de police du 5eme Arrondissement.
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Face à cette situation plus que révoltante et très préjudiciable pour ses candidats, le Rassemblement Pour le Mali (RPM) a vigoureusement réagi en exigeant l’ouverture d’une enquête pour situer les responsabilités. Les responsables du commissariat de police du 5eme Arrondissement en charge du dossier ont vite mis le grappin sur un certain Souleymane Kanté. Ce dernier a été pris en flagrant délit de possession de cartes d’électeur. Des cartes destinées à la vente. Les enquêteurs qui ne voudraient pas se contenter de ce maigre butin ont décidé de faire une perquisition chez lui. Le résultat est effarant : 103 autres cartes d’électeurs gardées en lieu sûr et une somme 300 000 FCFA, produit de la vente.
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Deux mois à peine l’incarcération de ce dernier à la Maison d’Arrêt de Bamako, son complice, un certain Oumar Diarra dit « Che » tomba dans les filets des enquêteurs. Ce dernier rejoindra aussi son ami en prison. L’arrestation de ces deux vendeurs de cartes d’électeurs volées laissait pourtant sans réponse certains points d’interrogation à savoir : Qui a livré les cartes d’électeurs? Qui en sont les acheteurs?
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Ces questions ont semble-il trouvé des réponses claires aujourd’hui. De sources judiciaires, les deux individus arrêtés dans le cadre de cette enquête auraient fait des aveux complets tout en dénonçant les vrais commanditaires. Toujours selon nos sources, les deux individus aujourd’hui en prison ont révélé au juge d’instruction en charge de ce dossier que « leurs fournisseurs étaient des agents de la Mairie dont un des conseillers du Maire Issa Guindo » Ils ont en outre ajouté que même si l’opération de vente de cartes d’électeur volées leur rapportait un peu d’argent, ils agissaient essentiellement pour le compte d’un candidat indépendant de la Commune IV.
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Les deux individus arrêtés ont en plus donné les noms de tous ceux qui ont acheté ces fameuses cartes.
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Cette information qui est en train de faire le tour des grins de cette commune du District de Bamako a créé une véritable panique dans les rangs de ceux qui se reprochent véritablement quelque chose.
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Personne ne veut pour le moment commenter l’attitude de ces deux jeunes qui sont passés aux aveux. Ce qui est surprenant, c’est que la prison de Bamako Coura fait l’objet aujourd’hui d’une activité débordante de la part des habitants de la commune IV. Pourquoi ces deux prisonniers font ainsi l’objet d’attention particulière ? En attendant de trouver la réponse à cette question, on peut dire que le Directeur National de l’Intérieur avait raison sur toute la ligne en disant : « Notre dispositif électoral est celui de la fraude ».
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Birama Fall
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