3e tour à la cour constitutionnelle : De grosses surprises en vue

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Le log silence dans lequel se terre la Cour constitutionnelle en rajoute au suspens s’il n’alimente pas la suspicion. La cour n’est pas légalement tenue de délai. Mais, au-delà du 10 août 2007, marquant la fin du mandat des députés actuels, ce sera un vide institutionnel. Le retard qu’accuse la cour s’explique par la l’ampleur de la tâche et aussi certainement les retournements de situation qu’elle nous prépare. De grosses surprises sont en vue.

Premier tour ! Deuxième tour ! Nous ne sommes ni en athlétisme ni en cyclisme. Puisqu’il y a encore plus intéressant. Nous sommes en effet en politique où il est admis un troisième tour et même un classement général.

Les mordus de chiffres, de suspens et de retournements de situation ont déjà été bien servis. Ils le seront encore davantage à l’issue de ce qu’on a appelé au Mali le troisième tour. Il a lieu au Dibida, haut lieu bamakois du commerce, de la concurrence et de la compétition. Concurrence en politique oui, mais pas de commerce. Surtout pas au sens du plus offrant dernier renchérisseur. Car, ici, on n’est pas sage pour rien.

Etre sage, selon Larousse, c’est «avoir une connaissance juste des choses». C’est être éclairé et savant, averti, avisé et sensé. C’est aussi être «bon, judicieux, circonspect, équilibré, mesuré, modéré, prudent, raisonnable, réfléchi, sérieux, chaste, pudique et honnête…» Est sage «celui qui est désigné pour sa compétence et sa réputation d’objectivité, une personne qui a sa raison, son bon sens». Le sage n’a de semblable que le saint.

Et dire qu’au Mali nous en avons neuf à la Cour constitutionnelle. Tous les Maliens ont le regard rivé sur eux. C’est dire qu’ils n’ont pas droit à la moindre erreur encore moins à la faute.

Peut-être qu’ils l’ont compris qu’ils usent à fond du facteur temps. Le ministère de l’Administration Territoriale n’a eu que cinq jours (délai légal) pour compiler les résultats des 24 000 bureaux de vote sur l’ensemble du pays et les faire parvenir à la Cour. Les neuf sages sont en train de s’offrir plus de quinze jours. Le suspens n’a que trop duré. Il est même à craindre qu’il n’alimente la suspicion. La dernière fois, on s’en souvient, la cour n’a donné suite à aucune de 296 réclamations soumises à sa sagacité. Des Maliens en étaient sortis déçus et même éberlués. D’aucuns sont gagnés à l’idée qu’il ne servirait à rien de recourir à la cour. Ce qui ne les a pourtant pas empêchés d’introduire encore des requêtes. Dans l’espoir que la cour, cette fois-ci au moins, saura entendre leurs cris de détresse.

 Les neuf sages seraient devenus pour nombre de candidats, le dernier rempart. Outre donc le facteur temps dont elle use, et même en abuse pour le cas précis, la cour usera du droit. C’est-à-dire des pertinentes dispositions légales et réglementaires en vigueur. Mais, au-delà du droit, il y a le bon sens qui est la chose la mieux partagée au monde. Le bon sens voudrait que la Cour constitutionnelle qui accuse un retard inexpliqué nous évite un vide institutionnel. En effet, le mandat des députés élus en 2002 expire le 10 août courant.

Surprises désagréables en vue

Le bon sens voudrait aussi, au regard des arguments fournis par la cour, que même les perdants acceptent leur défaite. Il s’agit bien entendu des perdants du troisième tour. Car, il y en aura certainement. C’est la nature même des résultats qui l’annonce.

En effet, dans certaines circonscriptions, l’écart des voix est tel qu’on est en droit de s’attendre à des retournements de situation. La moindre des manœuvres de la cour peut-être lourde de conséquences par exemple, à Koulikoro où l’écart des voix entre la liste Adéma et la liste Cnud Mpr n’est que de 230 voix. C’est-à-dire moins que le nombre d’électeurs inscrits dans un seul bureau de vote. A Bankass, l’écart entre l’Adéma et l’Urd n’est que 247 voix ; à Tominian, le Pdr garde sa chance d’avoir un député, l’écart avec l’Adéma-Mpr n’étant que de 239 voix. A Kéniéba, le richissime Babani Sissoko n’est pas à l’abri de surprise désagréable. Idem à Bourem, à Kadiolo de l’élu Parena Béredogo, en Commune V des Fanta Manthini et même en Commune IV d’IBK.

Belco TAMBOURA

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