Dix jours après la proclamation des résultats définitifs du premier tour, les Maliens se sont rendus derechef aux urnes, le dimanche 19 avril dernier, pour le second tour de l’élection des députés à l’Assemblée nationale. L’affluence timide constatée dans plusieurs centres de vote contraste néanmoins avec une légère amélioration des dispositifs sanitaires déployés.
Faire barrière au Covid-19 tout en assurant le bon déroulement du scrutin. Voilà l’un des défis que les autorités s’étaient attelées à relever à l’occasion de ce second tour. Vu le contexte sanitaire du pays avec en ce moment plus de 200 cas de de contamination au coronavirus, les bureaux de vote, à Bamako, semblaient bien équipés pour éviter d’être des vecteurs de la propagation du virus.
Dans la plupart des centres, chaque votant recevait un masque à l’entrée. Le centre Mamadou Konaté de Bamako-coura en Commune 3 de Bamako n’a pas fait exception. Cette initiative, pour pas mal de citoyens, est uneapplication du programme du Président de la République, IBK :« un Malien, un masque ». Comme au premier tour, une note indiquant les mesures barrières à respecter est affichée à la porte d’entrée et un corps mixte de la Police, de la Garde et de la Protection civile à l’intérieur comme à l’extérieur du centre veille sur la couverture sécuritaire.
Deux jeunes dames en teeshirts blancs, thermomètre à la main contrôlent la température de chaque passant. Cela ne se faisait pas au premier tour. « Nous avons des difficultés, car tout le monde n’aime pas être contrôlé. Certains sont violents.Souvent, il nous faut l’intervention des forces de l’ordre pour qu’ils acceptent le contrôle. Nous sommes là pour eux. C’est ce qu’ils doivent comprendre », explique la responsable de la mission du service de contrôle. Malgré la menace du covid-19, certains électeurs sont venus voter par « conviction ». Plus loin, une sexagénaire en compagnie de ses deux filles : « Au premier tour, je ne suis pas venue voter car, j’avais peur de la maladie à coronavirus qui tue chaque jour.Mais cette fois-ci, j’ai juré de venir voter pour mon candidat. Certains sont venus me proposer de l’argent, je dis non !!! La promesse est une dette », s’exprime-t-elle.
Dans les bureaux de vote, des kits sanitaires sont suffisamment présents. On peut ainsi constater la présence de gants, de gel hydro-alcoolique, de seaux d’eau avec du savon, installés au niveau des deux blocs qui composent le centre. Et pourtant le taux de participation des électeurs au vu de leur affluence, reste faible pour ce scrutin législatif. Cela peut s’expliquer, d’après le chef du centre, Famory Doumbia, par deux raisons principales. « D’abord, la peur de la contamination de la maladie et ensuite, l’élimination de certains candidats. Au premier tour, ils étaient plus de quarante et au second tour, ils ne sont que deux en lice ». Sékou Traoré dans son grin à Bamako-coura, s’interroge : « Je me demande même pourquoi, le gouvernement a décidé d’organiser ce scrutin.Tous les pays du monde ont reporté les leurs sauf le Mali. Ce ne sont pas les gouvernants, mais c’est nous-même qui avons accepté d’aller voter. Au premier tour, je n’ai pas voté, et cette fois-ci aussi je n’irai nulle part. En cas de maladie, ce n’est pas IBK qui va me soigner ni ces futurs députés.», prétexte-t-il, agacé, sur un ton alarmant.
Si les votants ont chacun un masque, ils ne l’enfilent pas pour autant. Au constat, la plupart d’entre eux le mettent dans leur sac, dans la poche, le placent au menton, ou l’accrochent aux oreilles. C’est le cas de Daouda Diakité, un jeune visiblement très dynamique qui fait des va-et-vient avec des électeurs. « Le masque me gêne, ça gène ma respiration. J’ai beaucoup de masques à la maison, mais je les porte très rarement. Je ne peux pas passer 5 minutes avec le masque. Il me gêne franchement.». Ce comportement non conformiste irrite Famory. Ainsi, le coordinateur Doumbia, en a fait son cheval de bataille, en tant que superviseur. « S’il te plait. Mon frère pourquoi, tu ne portes pas le masque ? On te l’a donné pour le porter.», explique-t-il à un jeune homme rebelle. Devant nous, le sexagénaire a pu convaincre plus d’une vingtaine de personnes à porter le masque.
Les deux candidats en lice en commune 3 au second tour sont : Bakary Diarra dit Abel de l’Union pour la République et la Démocratie et Safiatou Traoré du parti Synergie pour le Renouveau du Mali (SYNOUMA). Les résultats provisoires sont favorables à l’URD. Ancien militant de l’ADEMA-PASJ, Abel travaille au centre d’état civil de Bamako-coura depuis près de deux décennies. Safiatou Traoré, a été députée de la Commune 3, à l’Assemblée Nationale sous la présidence de Amadou Toumani Touré dans la circonscription électorale de la même commune. Ancienne leader estudiantine, Safiatou, a ainsi siégé à l’hémicycle de Bagadadji de 2007 à 2013 soit sept ans, à cause des évènements de 2012.En dépit d’incidents signalés dans bon nombre de localités du Mali, les élections se sont globalement bien déroulées, selon les missions d’observation.
Depuis la proclamation des résultats définitifs, prononcés par la cour constitutionnelle, des manifestations ont fait surface. Les contestateurs dénoncent les résultats en Des bloquant des voies publiques dans plusieurs localités du pays.
Par Drissa Keita