N’a t-on pas l’habitude dire qu’en politique, on ne fait rien pour rien, et que rien n’est gratuit ? Le soutien des partis politiques à IBK, au 2ème tour des législatives ne fait pas exception à la règle. Ainsi, Ladji Bourama, qui était censé animer l’opposition parlementaire, une fois réélu, aura-t-il le courage de le faire, quand on tient compte de la condition dans laquelle il a été réélu ?
Faut-il le noter, jamais une circonscription électorale au Mali n’a suscité autant d’intérêt chez les observateurs politiques que la Commune IV, lors de ces législatives 2007. Pour cause : c’est dans cette commune qu’habite Ibrahim Boubacar Kéïta, président du RPM et du FDR, un regroupement politique qui ambitionne de faire l’alternance.
Avant les législatives, IBK a été candidat à l’élection présidentielle du 29 avril 2007. C’est à défaut de pouvoir loger sur la colline de Koulouba qu’il a jeté son dévolu sur les législatives avec l’intention, apprend-on, d’animer l’opposition parlementaire. A cause de son statut d’ancien candidat à la présidentielle, venu en deuxième position après ATT, plus d’un estimaient qu’il suffisait qu’IBK se présente aux législatives pour qu’il soit réélu. Mais c’était sans compter avec la “menace” du jeune Moussa Mara.
En effet, c’est la liste Indépendante Moussa Mara qui a non seulement empêché Ladji Bourama de réaliser le “Takokélen”, mais aussi le menacé de mort politique. Ainsi, au 2ème tour, le RPM, comme frappé de cécité politique, et ne sachant plus à quel saint se vouer, était prêt à pactiser même avec le diable. C’est pourquoi il n’a pas hésité à s’accrocher à la perche que les partis politiques, notamment l’ADEMA, l’URD, le CNID et le PCR lui ont tendu. Peu importe pour lui que la perche soit empoisonnée ou pas, pourvu qu’il échappe à cette mort politique. Si non, Ladji Bourama, en tant qu’un homme politique expérimenté, n’est pas sans savoir que le soutien des partis politiques a une odeur et une saveur: il n’est pas gratuit.
L’histoire retiendra que ce sont les partis membres du FDR, notamment le RPM, qui ont livré une bataille sans merci contre les partis de l’ADP, particulièrement l’ADEMA, l’URD et le CNID. N’est-il pas incompréhensible, pour le citoyen lambda, que ces mêmes partis accordent leur soutien à IBK pour le soustraire à une mort politique ? Mais les observateurs avertis de la scène politique comprendront qu’il s’agit bien d’une stratégie consistant à neutraliser moralement Ladji Bourama, considéré comme la seule personne capable d’animer l’opposition parlementaire.
Réélu grâce au soutien des partis politiques membres de l’ADP, IBK n’osera pas peut être hausser le ton, de peur qu’on ne lui jette cette phrase à la face:“Cest grâce à notre soutien que vous êtes resté sur l’arène politique”. Quelle honte pour IBK, quand on tient compte de la manière dont il a été réélu ?Et quelle honte pour les partis politiques qui, malgré leur soutien, n’ont pas pu lui accorder une victoire digne de ce nom ?
Entre la honte et la mort politique, le “Mandenmansa” a choisi le premier. Ce faisant, il a dérogé à la règle des ancêtres, qui disait. “Plutôt la mort que la honte”. Dans cette situation, le châtelain de Sébénikoro acceptera-t-il d’animer l’opposition dans le parlement ? Dans tous les cas, le politicien est comme un caméléon : il change de couleur du jour le jour.
Moussa TOURE
“