Souleymane Koné, Vice President des Fare : « Le gouvernement a employé des méthodes de voyou »

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Les premiers enseignements qu’il faut tirer de ces élections communales, font constater que nous sommes très loin de la modernisation de notre vie politique, pire les facteurs de régression l’emportent.

C’est la première fois dans l’histoire politique du pays qu’on convoque les électeurs sur la base de deux lois et qu’enfin de compte aucune d’elle ne soit applicable. Nous sommes en face d’une question de fond, la crédibilité de notre système politique et administratif.

Dans l’organisation de ces élections, le gouvernement a tout simplement employé des méthodes de voyou.

Par exemple, sans qu’aucune législation ne l’y autorise, des instructions ont été données au personnel administratif pour refuser toute liste ne comprenant pas  le quota de 30% réservé aux femmes. Au moment du dépôt des listes, ce comportement de l’administration était illégal.

Après la promulgation et la publication au journal officiel de la nouvelle loi électorale, le  gouvernement fait dire par le ministre en charge de  l’Administration territoriale, que c’est l’ancienne loi,  qui pourtant a été abrogée, qui va continuer à s’appliquer à l’ensemble du processus électoral. Ce qui privait de fait les élections communales de toute base légale.

Ce comportement du gouvernement a permis à tous les acteurs véreux de se livrer à toute sorte de manipulation du scrutin y compris les agents administratifs. Nous avons assisté à toutes les formes de fraude : fraude à la loi, fraude administrative et bien sûr les achats de conscience à ciel ouvert avec très souvent la complicité de la police.

En vérité, le Mali, a été le plus grand perdant dans l’organisation des élections communales chaotiques qui viennent de se dérouler dans la fraude et la violence.

Non seulement l’Etat s’est  affranchi de toutes ses obligations vis à vis des citoyens et du peuple malien, en  baignant dans l’illégalité, voire des actes de voies de fait, mais il s’est  également  révélé incapable d’assurer la sécurité des territoires et des populations lors des élections. Et pour cause, la déstabilisation dans le centre du pays, a été amplifiée par l’abandon progressif de ces zones  par l’Etat, une situation signalée par tous les observateurs de l’évolution de notre pays.

Résultat le nord qui échappe déjà à tout contrôle du Gouvernement n’a pas voté.  Il est désormais rejoint par plusieurs communes des régions du centre où des citoyens ont subi la loi des groupes armés et de ce fait ont été privés de vote.

Aussi, l’insécurité dans le pays est-elle à la mesure du temps que les dirigeants ont a mis a pillé les ressources de l’armée et des forces de sécurité. Les présentes élections leur en ont donné l’occasion d’en dépenser dans l’espoir de contrôler les populations. La suite nous dira s’ils ont réussi…

Elles ont révélé l’incapacité de l’Administration à organiser des élections crédibles. Il est urgent pour l’ensemble de la classe politique de revoir la structure capable d’en organiser et qui soit digne de nos combats pour la démocratie.

Il faut au plus vite aller vers une agence unique d’organisation des élections, à défaut faire évoluer le statut de la CENI en lui accordant plus de pouvoir au détriment du ministère en charge de l’Administration territoriale.

Au regard de ce  à quoi  nous avons assisté, il faut dessaisir le ministère  en charge de l’Administration territoriale de l’organisation des prochaines élections il y va de la stabilité de notre pays et de la survie de notre démocratie.

Recueillis par Sékou Tamboura

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