En dépit des efforts dantesques pour la tenue de l’élection présidentielle 2018 et de la grande tolérance des différents protagonistes face aux lacunes du dispositif organisationnel, l’incertitude persiste et va peut-être continuer de planer sur le scrutin jusqu’au jour fatidique. En cause, les facteurs non maîtrisés susceptibles à tout moment d’annihiler le labeur.
La consultation du 29 juillet n’a l’air de souffrir d’aucun déficit matériel, malgré la grande disette financière caractéristique de l’exercice budgétaire en cours et un l’accompagnement peu enviable du processus électoral par les partenaires extérieurs. En effet, après une course peu rassurante contre la montre, les cartes d’électeur ont été finalement disponibles dans les délais même si les parties prenantes du jeu ont dû fermer les yeux sur les exigences des caractéristiques biométriques. De même n’ont-elles pas été trop regardantes sur les opérations de dispatching et de distribution, des étapes soustraites de toute supervision par la structure en charge de le faire. Il s’agit de la Ceni, une structure en deçà de sa mission à cause de malentendus disputes budgétaires avec le ministère des Finances. Qu’à cela ne tienne, pour autant que la distribution des cartes, la campagne électorale en sont moins affectées que les impératifs de disposer de délégués assez bien formés pour se hisser à la hauteur de la tâche de veiller au déroulement correct du scrutin. Selon toute vraisemblance, en outre, la finalité de ces efforts ne sera pas non plus compromise par la défection des administrateurs, qui ont finalement renoncé à leur menace de prendre en otage la présidentielle par une grève illimitée.
Doit-on en déduire pour autant une levée de la totalité des périls qui susceptibles de peser sur le rendez-vous électoral de la présidentielle. Rien n’est moins évident, au regard des signaux en provenance des acteurs qui contrôlent la situation sécuritaire du pays. Au centre du pays, par exemple, aux affrontements intercommunautaires affectant la libre jouissance des droits citoyens se greffent les agissements imprévisibles de terroristes qui défient constamment les forces de l’ordre et sèment la psychose du danger permanent chez les représentants de l’Etat. Toutes choses dont l’attaque terroriste au G-5 Sahel à Sevaré n’est qu’un avatar parmi tant d’autres harcèlements t’es peu connus dans l’opinion.
Conséquence : ni l’administration n’est assez sereine pour servir de répondant local efficace au processus électoral, ni les potentiels électeurs (quand ils ne sont pas massivement chassés par les conflits) ne peuvent prétendre suivre la cadence en toute quiétude. En atteste d’ailleurs l’absence d’une ferveur électorale du reste incompatible avec les mesures restrictives en vigueur au centre du Mali dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, une situation qui exclut toute mobilisation des électeurs par les différents protagonistes de la joute.
Idem pour une majorité des localités du septentrion où l’Etat, encore contraint à une présence à minima malgré l’accord, est par conséquent en deçà de sa responsabilité d’assurer la conclusion du processus électoral par un scrutin entouré de toutes les garanties de transparence, d’inclusivité et de sincérité. C’est à cette fin, au demeurant, que la sécurité de la présidentielle devait reposer sur les principaux mouvements armés. Lesquels mouvements ont tacitement dégagé toute responsabilité en dénonçant un manque de volonté évident des hautes autorités maliennes dans l’accompagnement des mesures sécuritaires nécessaires à la tenue du scrutin.
Au regard des impératifs d’inclusivité territoriale du scrutin présidentiel contrariée par les inquiétudes sécuritaires, un vent de doute souffle toujours sur l’achèvement d’une présidentielle dans laquelle les protagonistes les plus sérieux ne sont engagés qu’avec une apparente détermination. Rares sont les états-majors de candidat où l’enthousiaste et la ferveur électoralistes ne sont pas affectés par la
réserve et la circonspection qu’imposent les nombreuses interrogations et le manque d’assurance sur la conduite du processus électoral à son terme. Celui-ci évolue en effet dans une atmosphère d’incertitude qui justifie à tout le moins la crainte de l’éventualité d’un arrêt de la machine à tout moment. Et c’est dans cette disposition tragique que les candidats sont tenus d’insuffler confiance et enthousiasmes à leurs soutiens en engageant des dépenses énormes dans la logistique pour être au contact des électeurs, dans la visibilité à travers des affiches, dans l’entretien de leurs délégués respectifs pour suivre le scrutin, etc.
A Keïta