Après une série de reports des communales, la démocratie malienne ne pouvait plus s’accommoder avec l’illégitimité ambiante dans laquelle baignaient jusque-là les organes des conseils communaux. C’est surtout en cela qu’il faut saluer les élections du 20 novembre, bien qu’elles aient été émaillées de quelques couacs, du reste inhérents à tout processus électoral.
«Nous devons tout faire pour tenir les élections là où c’est possible ». C’est en ces termes que Mohamed Ag Erlaf, ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Reforme de l’Etat, s’adressait aux politiques lors du dernier cadre de concertation entre son département et la classe politique. Cet appel de M. Ag Erlaf en disait long sur la volonté du gouvernement à renouveler la légitimité des élus des collectivités territoriales. Et partant, revitaliser la démocratie malienne. Est-il encore besoin de rappeler que les élections communales qui auraient dû se tenir en 2014 avaient été reportées à quatre reprises en raison non seulement de la situation sécuritaire du pays, mais surtout dans le souci de rendre lesdites élections plus inclusives. Comme l’avait souligné le ministre de l’Administration territoriale lors du Cadre de concertation du 7 novembre dernier, cette situation avait des conséquences négatives sur le fonctionnement des collectivités territoriales. Et pour cause. Au delà du fait que les conseils municipaux avaient perdu toute légitimité auprès des populations à la base, cette situation engendrait des complications dans le financement du développement local. Ce, parce que les partenaires financiers étaient désormais réticents à confier leurs sous à des élus dont la qualité d’ordonnateur des dépenses publiques posait problème. Au regard de tout ce qui précède, l’on peut donc déduire que les élections communales du 20 novembre rouvrent la voie à une certaine normalité démocratique au Mali, elles permettent surtout la reprise véritable de la coopération décentralisée. Le besoin de renouer cette normalité démocratique était d’ailleurs fortement partagé par l’ensemble des acteurs du processus électoral, notamment la classe politique, eu égard au nombre de partis qui ont pris part aux élections.
Le temps du constat
Sur le plan de l’organisation matérielle desdites élections, des couacs sont certes à déplorer sur le double plan sécuritaire et logistique, notamment dans le Nord et le Centre du pays. Mais, ils ne sont nullement de nature à remettre en cause la sincérité du scrutin. Faut-il souligner au passage que plusieurs observateurs indépendants, tels que Caritas-Mali et le consortium des organisations de la société civile pour l’observation du processus électoral, s’accordent à reconnaitre que le scrutin a été libre et transparent. Il ne reste plus donc qu’au gouvernement, à travers le ministère de l’Administration territoriale, d’aller au bout de sa logique en organisant dans des délais raisonnables les communales où elles n’ont pu se tenir le 20 novembre dernier. A défaut, y installer des autorités intérimaires. En tout cas, le ministre de l’Administration territoriale, conscient de la complexité de la tâche et de l’immensité des défis, avait dit à qui voulait l’entendre qu’il n’était pas question de reporter les élections communales sur une quelconque partie du territoire nationale avant le 20 novembre. C’est ainsi dire que le fait que lesdites élections n’aient pu se tenir sur toute l’étendue du territoire était déjà dans le schéma du ministère de l’Administration territoriale qui, en toute responsabilité, devra faire le constat.
En définitive, il faut souligner que le Mali gagne plus en organisant des élections communales, fussent-elles partielles, qu’en maintenant les collectivités territoriales dans une interminable illégalité. C’est d’ailleurs en cela qu’il faut saluer la détermination du ministre Mohamed Ag Erlaf qui vient de réussir un vrai challenge.
Bakary SOGODOGO