Les résultats provisoires des municipales continuent de susciter des vagues de protestations au Mali. En plus des communes du district de Bamako, c’est maintenant dans la commune urbaine de Gao que le Rpm, parti présidentiel, est accusé de «bourrage et de tripatouillage».
«Le RPM m’a volé ma victoire». Ces propos ont été tenus par le maire de la commune urbaine de Gao, au cours d’une conférence de presse. Il a dénoncé les tripatouillages et les fraudes massives le jour du vote et a même introduit des requêtes au niveau de la justice…
Le maire sortant de la ville de Gao était très révolté lors de sa rencontre avec la presse, parce qu’il soupçonne le Rpm de lui avoir volé sa victoire. À en croire Sadou Harouna Diallo, après le décompte des voix, il a été réélu. D’où son incompréhension : «Je ne peux pas comprendre que j’étais gagnant à 2h du matin et perdant à 7h». Conclusion logique pour Sadou Harouna Diallo, le Rassemblement pour le Mali (Rpm) veut lui «voler sa victoire».
Et Sadou H. Diallo d’exprimer son étonnement : «Je suis resté à mon siège jusqu’à 2h du matin où nous avons centralisé tous nos résultats. Et j’étais vainqueur avec douze conseillers contre dix pour le Rpm». Cela s’est passé quelques heures avant la proclamation des résultats provisoires par la préfecture qui donnent onze conseillers aux deux candidats avec un léger avantage au niveau des voix pour celui du parti au pouvoir.
«On ne peut pas imposer un maire à une commune. Celui qui essaie d’aller contre le choix du peuple ne l’aime pas», indique M. Diallo, persuadé de sa victoire dans la commune urbaine de Gao qu’il avait remportée lors des municipales de 2009 en tant que candidat indépendant.
Après l’annonce des résultats provisoires le 21 novembre dernier, des milliers de jeunes s’étaient réunis au siège du PDES, parti du maire sortant, Sadou H. Diallo, pour contester. «J’ai dissuadé les jeunes de faire quoi que ce soit. Nous allons faire valoir nos droits de manière légale et devant les juridictions compétentes auxquelles j’ai entièrement confiance», explique M. Diallo.
Selon des informations recueillies auprès des différents acteurs électoraux à Gao, il y a eu tripatouillage, notamment au bureau 16 du quartier château où les résultats de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) donnaient 106 voix à Sadou Diallo contre 50 pour le Rpm. Cependant, les résultats proclamés par la préfecture placent le Rpm devant le maire sortant avec 136 voix contre 48. Des responsables du parti au pouvoir à Bamako se sont abstenus de tout commentaire.
À noter que la victoire du parti présidentiel a été contestée dans plusieurs localités du pays dont des communes du district de Bamako. La semaine dernière, en commune II, des jeunes en colère ont même organisé une manifestation spontanée et voulaient s’en prendre à la famille de la Première dame. Avant l’intervention des forces de l’ordre qui ont arrêté plusieurs d’entre eux.
- SIDIBE
Ce que j’ai retenu de ces élections communales
Pour obtenir le changement, il faut changer soi-même d’abord et dépasser ses sentiments personnels.
- Il est lieu de remercier tous ces jeunes braves qui ont osé jeter le défi aux grands partis politiques maliens. Celui qui lutte peut connaître des défaites. Celui qui ne lutte pas a tout perdu d’avance. L’échec de ces jeunes aux communales, c’est donc la victoire dans la défaite. Tous vos actes posés sont comme des nuages qui s’entassent peu à peu. Ensuite, il y aura la pluie après laquelle, c’est le beau temps. Il y a des jeunes qui avaient le mérite. La division et les egos les ont perdus, hélas !
- On ne peut pas soigner un malade qui ne souhaite pas guérir. Beaucoup de jeunes qui se plaignent de leurs conditions de vie, du chômage, de la pauvreté, etc., qui sont assis dans les «grins» à philosopher autour d’un pauvre thé, à manifester ou même à se livrer à des casses pour crier leur mécontentement…c’est la plupart de ces jeunes eux-mêmes qui ont permis que leurs consciences soient achetées. Ils ont préféré les 5000 francs d’un seul jour de vote aux 5000 francs qu’ils auraient pu gagner régulièrement en opérant un changement. Encore une fois, ils sont étonnamment passés à côté de leur histoire, de leur bien-être. L’année fait 365 jours. Ils ont eu 5000 francs en un jour, ils pourraient donc rester 364 jours sans rien voir. On ne peut rien pour des jeunes pareils qui créent leur pauvreté eux-mêmes. Quand on est bête, ce n’est pas pour un jour.
- L’échec total pour certains. Il y a des partis politiques qui ont commis une grande erreur qui les a amenés à l’échec. Les votes internes avaient défini l’humeur électorale dans des communes à Bamako. Il fallait miser sur cette humeur, former une coalition forte pour ceux qui avaient été désignés. À cela, on a préféré des sentiments, des relations d’amitié, de fraternité ou de népotisme. Le résultat a été les querelles mesquines pour devenir chef, la division et le découragement des électeurs. Là où il y a querelles et division, il n’y a jamais de victoire. C’est l’ennemi qui en profite pour saisir «maître Ali Boron».
- Notre gros problème au Mali, c’est l’ego. Très démesuré. Extrêmement démesuré au point que nous en sommes aveugles. On préfère plus des oreilles tendues aux paroles mielleuses qu’à la raison humaine et au pragmatisme. Certains l’apprendront désormais à leurs dépens. Le Malien, c’est comme ça aujourd’hui : «Si ce n’est pas moi, alors ce n’est pas toi non plus, même si tu sais mieux faire. Si je me noie, tu te noies aussi avec moi, car je vais m’employer à le faire. Pour certains, à peine le bateau «Titanic» a-t-il pris l’océan qu’il s’est retrouvé au fond des eaux. La politique, ce ne sont pas des sentiments et du brouhaha. C’est une stratégie à bien mener pour arriver à l’effet souhaité.
Voilà, le “wow ! waw ! wow !” électoral est fini. C’est l’heure maintenant d’ouvrir les urnes virtuelles et de compter qui a eu combien de clics “J’aime”.