Report des élections locales et régionales à avril 2018 : Les vraies raisons de la énième reculade du gouvernement

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Lors des élections communales de novembre 2016 (ici à Bamako), certaines localités n'avaient pas pu élire leurs conseillers municipaux (photo d'illustration). © REUTERS/Adama Diarra

Le dimanche 27 novembre, à l’issue d’un conseil des ministres extraordinaires, le gouvernement malien a reporté à avril 2018 les élections régionales prévues le 17 décembre. Les autorités maliennes motivent ce report par le souci d’organiser des élections inclusives dans un climat apaisé. « Pour permettre à tous les acteurs concernés de disposer du temps de discussion nécessaire afin d’apporter des réponses aux préoccupations exprimées, il est apparu nécessaire de reporter la date des élections du 17 décembre 2017 en avril 2018 », explique le gouvernent. Le pourrissement de la situation sécuritaire au Mali, le refus des groupes armés signataires de l’Accord de paix pour l’organisation d’élections dans le Nord, les réserves de l’opposition et de la société civile malienne, ont eu raison de ces élections de proximité.

La situation sécuritaire dans le centre et le Nord du Mali faisait planer des sérieux doutes sur la tenue des échéances électorales de décembre. Deux mois avant les élections, plusieurs attaques ont eu lieu sur le territoire malien. Rien que le vendredi dernier, à une semaine de l’ouverture de la campagne électorale, deux attaques ont ensanglanté, le vendredi 24 novembre 2017, le Mali faisant au moins 5 morts et une vingtaine de blessés. En effet, dans la région de Ménaka, dans la matinée, trois casques bleus et un soldat malien sont morts lors d’une attaque. Egalement 16 casques bleus ont été blessés, ainsi qu’un personnel civil de la Minusma. Vers midi, un convoi de la MINUSMA a été attaqué au nord de Douentza, dans la région de Mopti. Cette dernière attaque a coûté la vie à un Casque bleu et grièvement blessé trois autres.

On ne peut compter le nombre d’incidents sécuritaire au Mali durant ce mois de novembre. Alors que le Premier ministre Abdoulaye Idrissa Maïga était en visite dans le centre et le nord du Mali, le lundi 6 novembre, il y a eu 11 morts et plusieurs blessés civils et militaires, suite à plusieurs attaques terroristes : Ansongo (EEI/mine 5 morts et 4 blessés), Sevaré-M’Beba (embuscade 5 morts), Nianfunké (EEI/mine 3 blessés), Fatoma (Sévaré 1 mort). Trois jours avant la visite ministérielle, le convoi de l’honorable Abderahamane Niang, le président de la Haute cour de justice, est tombé, le lundi 31 octobre, entre Diafarabé et Dia dans le cercle Ténenkou, dans une embuscade. Son chauffeur a été tué lors de l’attaque. Un véhicule du convoi militaire dépêché pour le secourir a sauté sur une mine. Les 5 militaires à bord du véhicule sont morts.

D’ailleurs lors du cadre de concertation Ministère de l’administration territoriale-partis politiques, le mercredi 15 novembre 2017 sur les préparatifs des élections communales et régionales prévues le 17 décembre prochain, le pourrissement de la situation sécuritaire a dominé les débats.

Plusieurs leaders politiques ont exprimé leur inquiétude face aux attaques terroristes quasi-permanentes au Mali. Selon le ministre de l’administration territoriale, Tièman Hubert Coulibaly, de l’analyse des services sécuritaires, il y a 64 communes menacées d’insécurité. Le gouvernement malien était –il suffisamment prêt pour tenir ces élections ? La réponse est non pour le collectif des Associations de la Plateforme AN TE A BANA. Lors d’un meeting le samedi dernier à Bamako, le collectif composé de plusieurs associations de la société civile et de partis politiques s’est, en effet, montré sceptique sur les capacités du gouvernement malien à tenir ces élections: «  à l’approche des élections régionales et présidentielles, le collectif des Associations de la plateforme ANTE ABANA, est inquiet de l’impréparation du gouvernement face à ces échéances cruciales ».

la Coordination des Mouvements de l’Azawad( CMA) s’opposait aussi à « l’organisation des élections dans les régions de l’Azawad sans une prise en compte des aspects politiques inscrits dans l’Accord pour la paix et la réconciliation, notamment l’opérationnalisation des Autorités Intérimaires, l’organisation du retour des refugiés/déplacés, la révision des listes électorales, la relecture des lois portant libre administration et codes des Collectivités Territoriales et bien d’autres aspects y afférents. »

Madiassa Kaba Diakité

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