Réclamations après élections au Mali : Cette plaie qui gangrène notre système électoral

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Le monde politique national, chaque fois, affiche toute sa détermination et son sens d’irresponsabilité notoire pour maintenir notre processus électoral sur les chemins battus. Ils profitent des élections pour mettre à jour leurs querelles intestines et leurs ambitions personnelles démesurées. A preuve ! La contestation interminable des résultats après les scrutins que nos autorités politiques et même les plus hautes n’ont jamais voulu solutionner risque, si on ne prend pas garde, de ternir l’image de marque de notre démocratie.

ors du premier tour des élections législatives de 2002 plus de 190 requêtes, en annulation totale ou partielle des votes dans des circonscriptions, ont été portées à la connaissance de la Cour constitutionnelle. Il y a eu moins de satisfactions au niveau des contestateurs. Au deuxième tour, comme pour dire «mon choix n’a pas passé. Tu ne passeras pas», 505 réclamations sont introduites au niveau des sages. La plupart étaient sans fondement.

Nourrissant les mêmes pratiques, cette année encore, certaines personnes, pratiquement des hommes politiques, ont soumis à la sagesse de la Cour constitutionnelle 296 requêtes pour fraudes massives, achat de consciences, violation des droits, intimidations et autres. Un seul plaignant a eu gain de cause.

A ce rythme, combien de requêtes vont être récoltée, par la Cour constitutionnelle, pour ce deuxième tour des élections législatives de 2007 qui s’est déroulé dans l’indifférence totale des électeurs maliens ?

Mardi dernier, à travers une conférence de presse, tenue au Cicb, les responsables du parti de la Solidarité africaine pour le développement et l’intégration (Sadi) ont élevé, une fois de plus, le ton. Ils soutiennent mordicus, après la proclamation provisoire des résultats par le ministère de l’Administration Territoriale et des Collectivités Locales, qu’il n’y a pas eu d’élections à Ségou. Et qu’à Koutiala, c’est la fraude qui a prévalu pendant les deux tours.

Le secrétaire général dudit parti, Oumar Mariko, qui ne mâche pas ses mots, soutient que le déroulement des opérations de vote à Ségou n’était que mascarade. «Il n’y a pas eu d’élections à Ségou au premier comme au deuxième tour. On nous a imposé Mountaga Tall et son clan. Les députés de Ségou ne sont que des commissionnaires délégués et imposés», dénonce-t-il.

Les responsables de la Sadi soutiennent également que tout était mis en œuvre à Koutiala, Niono et Konlondiéba -où est provisoirement élu Oumar Mariko- par l’Administration, les partis politiques dont d’anciens députés- pour barrer la route à leur parti. Cela, aux yeux des observateurs internationaux et de la Cour constitutionnelle, qui d’ailleurs pour eux, ne valent rien. Ils citent, entre autres accusés, Me Hassane Barry. Selon leurs explications, ce homme se serait rendu à Kolondiéba pour sommer les partis de l’Adp à lâcher la Sadi au profit du Cnid. N’est-ce pas qu’Oumar avait dit, il n’y a pas très longtemps, que «la Céni est l’eldorado de certains éléments de la société pour profiter du pouvoir, construire des villas et acheter des véhicules ?»

Pourtant, lui-même est à présent indexé à Konlondiéba pour fraudes massives. D’après des ressortissants de ce cercle, son père, chef du village et son grand frère, maire actuel, auraient intimidé les électeurs pour sa cause.

Fraude planifiée

En Commune V, la liste Pdr-Mpr, conduite par Jeamille Bittar, ne veut pas laisser passer la liste Adema-Urd-Cnid. Au niveau des alliances forcenées, si elles le ne sont pas toutes cependant, Koulikoro est en proie à une rude bataille entre les listes Adema et Cnid-Mpr. Les listes gagnantes à Douentza et Markala sont sujettes à des querelles post électorales. Sans merci ! Me Demba Traoré, candidat sur la liste Urd en Commune VI, proteste contre les résultats provisoires. Ce jeune avocat avance comme arguities le remplacement des présidents et des assesseurs de bureaux entre les deux tours, la soustraction frauduleuse de bulletins et le bourrage des urnes. En un mot, il parle de fraude planifiée.

C’est dire que les neuf sages ont du pain sur la planche. Pour les fins connaisseurs, ce n’est pour rien qu’ils ont accusé déjà un certain retard par rapport à la proclamation définitive des résultats.

Si les autorités administratives et politiques ne font rien face à cette situation, c’est tout le système électoral du Mali qui en pâtira pour des requêtes sans preuves tangibles. Que diront les électeurs ?

K. YOU

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