La COCEM a rendu public, le samedi 18 août dernier, son rapport d’analyse du second tour de l’élection présidentielle de 2018. La Coalition pour l’Observation Citoyenne des Élections au Mali (COCEM) se dit satisfaite du déroulement de ce scrutin, mais regrette des incohérences notables et recommande que des justifications soient apportées.
Comme après le premier tour du scrutin présidentiel de 2018, la COCEM revient avec son rapport d’analyse à l’issue du second tour. Dans ce document, la COCEM félicite le gouvernement du Mali pour la publication des résultats bureau de vote par bureau de vote, comme il lui avait été suggéré après le premier tour. À partir de ces fichiers publiés en PDF depuis le 16 août dernier sur le site du ministère en charge des élections, la COCEM s’est attelée à une tâche de reconversion en Excel afin d’en faciliter l’analyse. Rappelons que cette activité s’est effectuée sur la base des données publiées par le Ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation.
Dans son rapport, la COCEM observe qu’il a y a eu les mêmes incohérences que lors du premier tour de la présidentielle. La COCEM constate que le nombre de bureaux de vote dont les résultats ont été publiés lors de ce deuxième tour est de 22 675 contre 21 180 pour le premier tour. « Il ressort de l’analyse des résultats bureau par bureau que dans 393 bureaux de vote, le nombre de voix en faveur d’un seul candidat est égal à 100% des suffrages exprimés dans le bureau. Parmi ces 393 bureaux de vote, 297 bureaux de vote ont eu 50 votants ou plus », observe la COCEM.
Selon ce rapport, il y avait 112 bureaux de vote où le taux de participation était de l’ordre de 100% en faveur d’un seul candidat. Il est à noter que ces incohérences concernent les mêmes régions qu’au premier tour, constate la COCEM. Il s’agit notamment des cercles de Goundam, Bourem, Gourma Rharous et Ménaka.
Au total, ils sont 297 bureaux de vote à être dans cette situation dans tous les cercles. La répartition par région et par candidat fait ressortir que 253 bureaux de vote ont exprimé 100% de voix en faveur d’IBK dans pratiquement toutes les régions, ainsi qu’à l’étranger. Pour Soumaïla Cissé, c’est 100% de voix dans 5 régions et à l’étranger. Dans 3 208 bureaux de vote, il y a plus de 90% des suffrages exprimés en faveur d’un seul candidat.
Dans les 8 régions concernées par cette répartition, il ressort que 2 835 bureaux ont exprimé plus de 90% de voix en faveur d’IBK dans les 8 régions plus le district de Bamako, ainsi qu’à l’étranger. 373 bureaux de vote ont exprimé plus de 90% de voix en faveur de Soumaïla Cissé dans 7 régions plus l’étranger. Dans 7 071 bureaux de vote, 80% de suffrages ont été exprimés en faveur d’un seul candidat. Ces chiffres concernent toutes les régions dans lesquelles le scrutin a pu se dérouler. Il ressort de cette analyse de 80 % de voix exprimées, que 6 306 bureaux dans différentes régions se trouvent dans cette situation en faveur d’IBK et 765 en faveur de Soumi Champion.
La COCEM n’a pas manqué de formuler des recommandations à l’adresse du gouvernement. La COCEM exige qu’il y ait une clarification des incohérences constatées à l’issue de leur analyse. Outre cela, elle demande des justifications pour les 21 bureaux de vote dont les suffrages au premier tour et au second tour sont les mêmes. Enfin, la COCEM suggère aux autorités compétentes en charge des élections d’inculquer la publication des résultats bureau par bureau de vote dans ses pratiques.
Fousseni TOGOLA