Devenu une tradition dans les élections à grands enjeux depuis plus de 20 ans, le vote par procuration prend une place de choix dans l’élection présidentielle au Mali. Prévu par le législateur, l’usage des procurations a pris une autre tournure au Mali.
Selon le dictionnaire ‘’Petit Larousse’’, la procuration est un acte authentique ou pouvoir qu’un individu A donne à un individu B d’agir en son nom. De cette définition, l’on retient que la procuration est un acte volontaire et délibéré. L’on peut dire sans risque de se tromper que l’usage de procuration est perçu autrement et semble être une privation du droit de vote à une personne au cours de l’élection d’un acteur politique au Mali. C’est du moins, le triste constat auquel on assiste depuis un certain temps. Le cas qui retient l’attention de tout le peuple malien, est l’élection des membres du bureau de l’Assemblée nationale, où le vote par procuration bat les records jamais enregistrés au Mali. Une situation décriée par certains observateurs et analystes de la vie politique de notre pays. Et pourtant, lors de l’installation des membres du bureau du CMTR (Conseil Malien des Transporteurs Routiers), l’usage des procurations s’est encore invité au vote. Même si cette disposition est prévue par la loi, c’est la conception qu’on en fait au Mali qui est déplorable et sérieusement critiquée. Lors de l’élection du CMTR, l’usage des procurations a dicté sa loi. Des transporteurs ont été interdits d’accès au bureau de vote sous prétexte qu’ils ont déjà signé une procuration à une tierce personne.
Eu égard à cet état de choses, des questionnements viennent à l’esprit. Qu’est-ce qui explique une telle pratique? Ou bien comment comprendre l’usage abusif des procurations ?
La crise de confiance
Le manque de confiance entre leaders politiques et membres du parti, en est la principale raison. Ainsi, le président du parti impose sa loi aux autres membres du groupe de peur que ces derniers, après leur élection, s’opposent à sa volonté en vue de la désignation de tel ou tel responsable à un poste donné. Le leader du parti ayant financé à lui seul la campagne électorale, vise en retour par des calculs politiciens, rentrer en possession des fonds dépensés ou bien même d’en faire des bénéfices. Du coup, les intérêts du chef de parti sont privilégiés. Cette situation traduit le manque de démocratie au sein des partis politiques au Mali.
Jean Pierre James